I'm just me, you know? I'm only me and I never change for someone, don't think.

Histoire :
La vie d'un chaton ne commence jamais à sa naissance, quand il inspire pour la première fois. Bien qu'on se décide tous pour dire que c'est à ce moment-là qu'il commence à vivre, c'est faux. Il commence seulement à avoir conscience qu'il vit lorsqu'il sort du ventre de sa mère et... Et les histoires sont là bien avant sa naissance. Son histoire débute avec celle de ses parents. Et ce sera toujours ainsi, même pour cette petite chatte qui se retrouve à être étrange, mais à être elle-même. Nuit Rousse. C'était le nom de sa mère, c'était le nom que cette dernière portait. Et qu'elle porterait sans doute éternellement. Nuit Rousse était une guerrière, et est, du Clan du Bois, fidèle à ce dernier et pourtant... pourtant, elle avait plusieurs écarts par moment. On ne pouvait pas lui reprocher. Lui reprocher ses écarts serait de lui reprocher de tenter de survivre dans un monde qui a mainte fois prouvé qu'il ne voulait pas d'elle. À bout. On pouvait facilement deviner qu’elle était à bout, que tout la menait à vouloir ne plus exister, ne plus respirer. Un guerrier genil, doux, qui apaisait son cœur meurtri pour compagnon. Elle l'aimait, mais elle ne voulait pas de petits mlagré tout...et pourtant... tout bascula lorsqu’elle apprit qu’elle portait un enfant. Nuit Rousse n’avait jamais voulu devenir reine, mais maintenant…elle n’avait plus le choix.

Le jour fatal arriva. Durant les lunes de gestation, son esprit s’était emballé et la femelle s’était retrouvée à ne plus avoir les idées claires de telle sorte qu’aucun nom ne lui venait en tête. La mise à bas se fit sans réel problème si ce n’est la douleur. La douleur qui était toujours présente, qui serait toujours présente. Que ce soit dans ce qu’il se passait ou mentalement. Peu importe. Et tout fut fini quand deux paquets furent sur le sol, et que le regard du guérisseur s’était voilé d’une certaine tristesse que l’on comprit rapidement. Parce qu’il s’était gentiment approché de la femelle, le regard emplit désormais d’une certaine compassion, sans qu’il n’y ait de compréhension.


Nuit Rousse resta longuement immobile. Elle ne pleurait pas. Elle ne faisait rien. Elle ne réagissait pas, c’était tout juste si elle parvenait à respirer, mais le guérisseur s’était retiré dans un coin de la pouponnière, ne pouvant désormais rien faire pour la reine qui se devait d’accepter le terrible événement. Et quand la guerrière posa son regard sur la survivante, elle eut un recul, un mouvement de dégoût. Quelque chose n’allait pas avec le chaton. Elle le sentait simplement dans ce que sa petite dégageait. Son regard s’emplit de larmes. Elle ne savait pas comment elle était en ce moment. Et alors un mot s’imposa à son esprit. Torturée. Son esprit était complètement et visiblement torturé. Et quoi de pire que l’état de choc pour prendre des décisions ? Sa voix frêle s’était élevée dans l’air pour apposer le nom de la chatonne vivante. Un nom qu’elle porterait toute sa vie en quelque sorte. Un nom horrible. Qui alourdit l’ambiance déjà bien oppressante.





Petit chaton. Tu n’es qu’un petit chaton. Tu connais ton nom et celui de certains des chats qui t’entourent. Tu n’as pas l’autorisation de sortir de la pouponnière, tu trouves cela injuste. Les autres chatons sortent bien eux, pourquoi n’aurais-tu pas le droit, toi? Injuste. C’est décidément comme ça, c’est injuste. Tu aimerais faire comprendre que ça ne te plaît pas. Rectification, tu le fais comprendre. Tu râles. Tu râles encore et encore. Encore aujourd’hui, tu râlais et puis soudainement, tu t’arrêtas. Tu venais de foncer dans un des chatons d’une autre reine. Il était plus âgé. Tu ne savais pas il avait quel âge, tu venais tout juste d’ouvrir les yeux, il ne fallait pas trop t’en demander non plus. Tu ne savais pas qu’il était là. Comment aurais-tu ? Tu ne voyais pas. C’est le noir. Tu te demandais même si tu avais ouvert les yeux, mais puisque ta mère s’était exclamée que tu avais les yeux ouverts, tu te disais que tu n’avais pas le choix de les avoir ouverts. Il te dit quelque chose. Évidemment que tu compris ce qu’il te disait. C’était quelque chose qui te fit entrer dans une rage folle. Sans même qu’on puisse comprendre pourquoi. C’était ainsi, simplement. Et qu’avait-il dit pour que tu réagisses ainsi? Il t’avait simplement demandé en feulant si tu étais aveugle. Tu ne savais même pas ce que voulait dire aveugle, mais ça ne t’avait pas plu. Tu lui avais sauté dessus. Méchamment. Tes petites griffes s’étaient enfoncées dans son pelage et il était demeuré immobile, choqué. Tu ignorais totalement comment tu étais parvenue à autant de précision, le hasard sans doute.



Sans même savoir que cela voulait dire la même chose. Sans même savoir que c’était équivalent et qu’être aveugle, c’était ne pas voir le monde, avoir ce noir que tu avais quand tu ouvrais les paupières sur ce qu’aurait dû être le monde. Et tu allais devoir attendre longuement avant de tout comprendre les mystères que le monde recelait, tel que son apparence, parce que c’était un mystère pour toi qui ne voyait rien d’autre que la nuit en continu. Tu ne sais pas trop qui tu es, sans doute que cela s’affirmera en grandissant, mais ton esprit est déjà sombre, enclin aux extrêmes des réactions. C’est ta mère qui est venue te prendre, doucement, sans même te dire quoi que ce soit et t’apportant à ton endroit dans la pouponnière et c’est plus tard que tu appris que ne rien voir équivalait à être aveugle… et c’est aussi plus tard que l’on comprit que le bleu si pâle de tes yeux n’iraient quand devenant de plus en plus pâle parce que tu étais aveugle. D’autres révélations auront lieu après, plus tard encore, quand tu deviendras novice et puis guerrière, si tu le devenais, mais tu voulais l’être plus que tout. Et la vie s’acharnera sur toi comme elle s’est acharnée sur ta mère, mais tu n’en auras pas conscience, toi. Sans doute que ce sera préférable ainsi.