Escherycha Coli

Escherycha ressemble beaucoup à sa mère. Même pelage blanc épais, même finesse dans les traits, son visage se compose de courbes douces qui se suivent harmonieusement. Deux yeux bleus très clairs viennent l'illuminer, comme deux gouttes de rosée prisonnières de ses iris. Elle est fine et gracieuse, elle se balance doucement sur de longues pattes lorsqu'elle marche. Le blanc de son pelage et rompu par quelques zones qui tirent vers le rose sur ses oreilles, son dos, ses pattes, ses paupières. Les poils de son visage sont très longs et teintés de roses eux aussi, ils encadrent joliment son visage à la manière d'une crinière. Elles possèdent d'étranges marques sous les yeux, comme une ligne rosée qui se divise en deux. Elle se sait belle, mais s'en moque quelque peu. Elle se comporte comme un garçon manqué, ne prenant pas des heures à soigner ce pelage trop salissant. Elle a souvent un air fermé mais le quitte pour des sourires plein de crocs ou un rire cristallins lorsqu'elle est contente. Elle ne bouge jamais si c'est inutile, chaque mouvement qu'elle fait, du pivotement de son oreille, jusqu'à un geste de queue, semble calculé et précis.

Froide x Cruelle x Bavarde x Intelligente x Extravagante x Bornée x Belliqueuse

« Tu ne sais pas qui tu aimes. Tu aimes la Escherycha Coli qui te fais rire, qui te racontes des histoires, qui t'apprends à chasser. Tu détesterais probablement la salope lugubre et givrée. »

Escherycha a un nom étrange. Elle ne fournit jamais d'indications sur comme la surnommer. Certains l'appelle Chérie, d'autres Coli et d'autres encore Escherycha, mais rares sont ceux qui ont la patience de prononcer son pseudonyme en entier. Elle si, elle se contente de le débiter entièrement à tout ceux qui lui demandent comme elle s'appelle. Elle n'a aucune idée de ce qu'il signifie, mais il lui correspond étrangement bien. Un nom long et charmant qui dissimule bien des défauts.
La femelle de par son apparence fragile semble de celle pour qui l'on a envie de braver tous les dangers du monde pour la protéger. Alors qu'en réalité, il suffit plus simplement de lui mettre une arme dans la main pour assurer sa protection.
En effet, elle a bien trop côtoyé la mort pour la craindre et doit bien avouer qu'elle éprouve un plaisir sadique lorsqu'elle se livre à la bassesse des actes déloyaux de se monde. Elle aime frapper, déchirer la chair, voir la souffrance, elle aime ôter la vie. Elle ne pourrait pas dire pourquoi cela lui procure une immense sensation de jubilation, elle le fait chaque fois qu'elle en a l'occasion, chaque fois qu'elle trouve un prétexte. Elle n'a aucun respect pour la vie, la sienne ou celle des autres. C'est pour cela qu'elle cherche toujours à se battre, sans même un pretexte. Elle vous parle du temps et pour peu que vous êtes ennuyeux comme la pluie, l'instant d'après elle vous saute à la gorge. Même si elle cherche souvent à provoquer la bagarre, elle aime les relations sociales et ne refuse pas à discuter avec quelqu'un un tant soit peu intéressant.
En revanche dans ses mauvaises jours, elle ressase des sombres envies de meurtres. Elle s'isole ne voulant voir personne et elle réfléchit. Escherycha, réfléchit beaucoup et a quelques idées bornées sur le monde qu'elle révèle parfois à l'issue de longue tirades bien construites. La première est : les faibles n'ont pas le droit de vivre, c'est de la selection naturelle. Si d'autres prennent soins d'eux et les font vivre, c'est donc contre nature. C'est aussi une pseudo-féministe, révoltée par tous ces matous courant après les femelles lors des chaleurs, pour disparaitrent ensuite à jamais. Elle, jamais une telle chose ne lui arrivera. Au contraire, elle aime leur faire tourner la tête et entendre éclater leur petits coeurs comme du papier bulle.

Escherycha Coli est née au sein de la Confrérie, fille d'une portée de trois chatons. Il faut savoir qu'à ce moment de son existence, elle n'avait pas de nom. On l’appelait simplement la fille de Rivière et son frère était le fils de Rivière. Elle avait également une autre sœur, mais sa mère étant du genre négligente, le troisième chaton n'a pas survécu, oublié dehors en plein hiver. Elle l'a retrouvée congelée au petit matin, à deux pas du camp. Voir la mort si jeune n'a pas choqué la chatonne blanche outre mesure, mais elle s'est souvent demandé ce qui aurait été différent si sa sœur avait vécu. Elle se prit souvent à imaginer qu'elle aurait pu dire ceci ou cela à sa sœur si elle était avec elle. Auraient-elles été fusionnelles, ou se seraient-elles retrouvées trop différentes l'une de l'autre ? C'est un scénario que la petite réinventait à loisir. Une de ses autres histoires favorites étaient d'imaginer qui était son père. Sa mère évitait le sujet et elle ne le savait probablement pas elle même. La chatonne se plaisait à rêver d'un papa solitaire, brave et juste, bien mieux que tous ces félins miteux de la Confrérie.
Ils formaient donc une drôle de famille. Sa génitrice s’appelait Rivière. C'était une jolie femelle blanche qui passait difficilement inaperçue et elle préférait de bien loin roucouler aux mâles que de s'occuper de sa portée. Escherycha se souvient que la nuit Rivière les abandonnaient là et allait retrouver son gentleman du soir derrière la pouponnière. Les petits cris qu'elle poussaient empêchait souvent la chatonne de dormir. Dans une premier temps, la petite essaya d'attirer l'attention de sa mère en imitant ses poses, en la suivant, en parlant comme elle. Cela en fit rire quelques uns et Rivière, fâchée d'être tournée en dérision fit clairement comprendre à sa fille qu'elle avait tout intérêt à être indépendante.
La chatonne passa donc son temps de chaton avec son frère. Il ne l'intéressait pas vraiment, mais n'ayant pas d'amis, il était le seul qui puisse partager sa situation. Si quand on demandait son nom à la blanche, elle répondait simplement qu'elle était la fille de Rivière, son frère lui évitait la question en répondant systématiquement d'un : Je passe ! Alors on a finit par l’appeler comme ça.

Ils furent bientôt nommés Aspirants. Son frère fut prit sous l'aide l'un Assassin, à trois lunes il était déjà très grand et promettait de faire une formidable machine de combat. Elle fut jugée plus fragile et délicate et l'on lui attribua un simple guerrier en mentor. Vexée d'avoir un mentor si peu prestigieux comparé à son benêt de frère, elle fit des pieds et des mains pour qu'on lui en attribua un autre et obtint satisfaction. Elle suivit la formation pour être assassin.
Son entrainement se déroula plutôt bien, mais elle n'était clairement pas aussi performante que son frère. Ils se rapprochèrent beaucoup pendant leur apprentissage, car elle découvrit que Jepass avait tendance à être perdu au sein de la troupe et qu'il comptait beaucoup sur elle pour le guider. Son côté barge la rebuta au début comme tous les autres, puis elle apprécia son assurance et son côté extraverti. Elle préférait rester dans ses pensées et elle ne trouvait personne avec qui se lier d'amitié au sein de la troupe. C'était des brutes, froides et coincées. Son frère devint bien vite son meilleur ami et confident.

Un accident déplorable clôtura la fin de son apprentissage. Rivière qui devait bien s'être fait quelques ennemis, fut noyée emportée par le courant. Sa fille la trouva, agonisante sur la rive, incapable de décrocher un mot. Elle fut ramenée au camp et y mourut au bout de trois jours. Certains pensèrent à un accident, d'autres à un meurtre et Escherycha fit partie de ceux ci. Sa mort laissa l'aspirante assez indifférente étant donné le mépris qu'avait eu sa mère pour elle. Elle prit soudainement conscience que la mort frapperait tout le monde et qu'elle n'y attachait pas d'importance. Si elle mourrait elle même, personne ne la pleurait ( son frère étant probablement trop bête pour pleurer ). Tout lui sembla étonnamment sans gravité tout compte fait et elle exprima à son frère son désir de quitter la Confrérie. Il la suivit sans faire d'histoires et ils partirent tous les deux en pleine nuit. En chemin, elle rencontra un solitaire qui disait avoir beaucoup voyagé et qui avait l'air très savant. Elle lui demanda qu'elle était le plus long mot qu'il connaissait. C'était quelque chose comme Escherycha Coli. Le mot lui plaisait, elle décida de s’appeler comme ça.
Les débuts de cette vie solitaire furent difficile. La corpulence de son frère découragea étonnamment tous ceux qui auraient potentiellement pu les agresser. Ils rencontrent d'autres solitaires qui vivaient eux aussi dans les environs et la femelle se lia d'amitié avec quelques uns. Elle allait les voir quand ça la chantait et ses mauvais jours elle les passaient avec son frère.
Sa vie aurait pu simplement consister à risquer sa peau à chaque pretexte, être un bourreau des coeurs et tuer des gens, mais un événement la força à en changer. L'état de son frère semblait s'aggraver : il y avait des périodes où il semblait perdre toute trace de lucidité et où il était vraiment terrifiant. C'était l'un de ses jours où revenant de la ville, il lui avait ramené un vieux canif pour lui faire plaisir. Si l'on devait rapporter leur dialogue, c'aurait été quelque chose de décousu, où Escherycha le pressait de lui donner tandis que Jepass le tenait dans la gueule incapable de tenir en place. Elle se dressa sur ses pattes arrière pour pouvoir atteindre l'objet de ses convoitises et son frère baissa brusquement la tête pour lui planter dans le poitrail. La douleur fut fulgurante mais elle était en vie. Elle qui cherchait la castagne sans cesse se moquant bien de perdre la vie, voilà que c'était son imbécile de frère qui lui donnait ce qu'elle voulait. Jepass lui tint le menton en lançant quelques phrases mystiques. Escherycha eut toutes les peines du monde à retirer le couteau fiché dans sa chair. Mais elle y parvint, elle se remit de cette blessure, dont elle garde une cicatrice visible. Elle ne revit pas Jepass qui disparu, pour son plus grand plaisir, elle put retourner à sa vie d'avant.