Sugaar~L'idéal est un espoir, la réalité une vérité

Histoire :
Heren regardait son frère partir. Le regret le prit à la gorge, jusque là il n'avait fait qu'haïr son cadet. Pour lui, tout ça, c'était sa faute. Si leur mère était morte, c'est parce qu'il était né, une erreur voilà ce qu'il était. Mais alors pourquoi cette angoisse dans sa gorge? Pendant des lunes, il n'avait attendu que ce jour et à cet instant, il serait prêt à revenir en arrière. Mais, tous ces moments de haine et de colère ne pouvait pas s'échapper en un claquement de doigt. Tous ces moments ou l’aîné s'énervait contre ses amis quand il le confondait avec Sugaar. Tous ces moments où il lui criait "Herensuge, pour toi , avorton!" ou encore "Tout ça, c'est de ta faute, tu n'as que ce que tu mérites!". Et pourtant, serait-ce possible? Vraiment? Non, ce ne doit pas être ça. Mais alors quoi? Ce serait possible? Possible qu'il aime son frère?

"Sugaar, attends!"


"Alors?"

Myari regardait son frère, et en voyant son regard, elle comprit de suite. Les larmes coulèrent malgré elle. Lui se savait que faire, mais elles ne tardèrent pas à couler de ses yeux. Il se pressa à côté d'elle, essayant de se réconforter mutuellement. Jusqu'à qu'elle brise ce moment de recueillement.

"Et les petits? Que faisons-nous pour eux?
- Aucune idée.
- Herensuge, je t'en prie!"

Le fait qu'elle l'appelle par son nom complet le surprit mais il lui avoua qu'il ne savait pas. Elle monta à l'étage de la grange, il lui emboîta le pas, ne voulant qu'elle voit leur mère, arrivé en haut, il dissimula le corps sous la paille, jusqu'à qu'il trouve une tombe plus acceptable. Elle arriva et se précipita vers les deux petites boules de poils et se coucha près d'eux juste avant de leur murmurer:

"Bienvenue dans ce monde, Sugaar et Lamina, fait de réalité et de vérité ou l'idéal n'est qu'un espoir."

Aaah!

Heren se leva d'un bond en entendant le cri de Myari, il monta de suite à l'étage et la vit, Lamina dans les pattes, les larmes aux yeux.

"Elle est morte. Morte! Quand je me suis réveillée, son corps était tout froid et je n'ai rien pu faire. Je n'ai pas été capable de la protéger, elle est morte par ma faute!"

Il voulu lui dire qu'elle n'y était pour rien mais elle partit dehors en courant. Alors il prit le corps de la petite, alla vers la tombe de sa mère sous la pluie battante et enterra Lamina à ses côtés. Il revint au nid des petits et entendit des miaulements effrayés, émanant de Sugaar qui ne comprenait pas sa soudaine solitude. Il grogna devant ses gémissements pitoyables. Il s'assit près du petit et lui murmura à l'oreille.

"Que ce soit clair entre nous deux, Sugaar, je te déteste, si ma mère est morte, c'est ta faute. Mais, je t'en pris, vis, sinon Myari ne le supportera pas."


"Aïe!
-Allez, bats-toi!"

Sugaar se releva avec difficultés et se plaça devant son frère qui était devenu son mentor du combat depuis ses 5 lunes. Heren frappait de plus en plus fort et le pauvre chat n'en pouvait plus.

"Je n'y arrive plus Heren!
-Herensuge pour toi, avorton. répéta-il pour la millième fois depuis la naissance du sacré de Birmanie. Tout est de ta faute, tu n'as que ce que tu mérites!"

Aussitôt dit, il fonça sur lui, le plus jeune esquiva et lui mordit la queue, l’aîné poussa un cri de rage avant de le renverser et de lui bloquer la gorge avec une de ses pattes, griffes sorties. Sugaar, devant les yeux fous de son mentor gesticula et cria de peur.

"Qu'est ce que se passe ici?"

Myari arriva et voyant les deux chats, elle cria de rage contre son frère de portée, celui-ci lâcha le cadet en lui murmurant qu'il était un lâche. La femelle s'approcha de lui et le réconforta.

"Qu'est ce que j'ai fait à la fin? Je n'y suis pour rien si maman est morte! Pourquoi il me déteste? Demanda Sugaar, les larmes aux yeux.
- Il ne te déteste pas, il est juste sur les nerfs ne t'inquiète pas. Viens avec moi, je vais te montrer quelque chose."

Le jeune chat ne croyait pas à une simple histoire de nerfs mais suivit sa sœur bien volontiers. Elle l'amena jusqu'à une rivière avant d'y sauter dedans, il cria de surprise et regardait la surface de l'eau affolé, jusqu'à quelle réapparaisse. Elle l'emmena avec elle dans l'eau.

C'est ainsi qu'il apprit à nager, Myari lui pria de ne rien dire à Heren qui détestait l'eau. Il accepta, il était tellement heureux, heureux de savoir une chose que son frère ne savait pas.

Sugaar était maintenant un beau chat de 29 lunes, sa rivalité avec son frère était de plus en plus marquante. C'est ainsi qu'un jour, Heren dit à Myari:

"Je n'en peux plus de lui! Il faut qu'il parte!
-Heren, apprend à te maîtriser. Lui n'a pas eu la chance de connaitre ses parents!
- Pourquoi tu le défends toujours? Tu le préfères à moi, c'est ça? Dis le dans ce cas-la!
-Arrête voyons! tu te fais des idées. Je t'aime autant que je l'aime! gémissa t-elle, désemparée
- C'est fini, si tu ne veux pas choisir, c'est le plus fort qui restera!
- Tu es fou!
- Soit nous partons tous les deux et lui plus tristement que moi, soit un seul part, en entier!


Elle se tût, comprenant ce qu'insinuait son frère. C'est ainsi que quelques minutes plus tard. Les deux chats se retrouvèrent face à face. Un combat féroce s'engagea mais Sugaar perdit. L'élève n'avait pas surpassé le maître.

"Demain, tu pars d'ici."

Sugaar hocha la tête, admettant la défaite. Heren, lui esquissait un sourire. Çà y est, il avait gagné.


"Oui, Herensuge?"

L'intéressé soupira, déçu, pour une fois qu'il voulait bien que son frère l'appelle par son surnom, celui-ci ne l'avait pas fait.

"Je suis désolé, Sugaar, mais je ne peux pas comprend-tu? Au revoir et bon chemin...
-Non, je comprend pas, un avorton ne peut pas comprendre, adieu."

Il ne réagit pas, que dire de plus? Il le regarda partir et se demanda ce qu'il se serait passé si leur mère avait survécu, et Lamina aussi, il s'imagina la scène, heureuse, bien différente, de cette scène d'adieu. Mais le destin avait voulu que cela se passe ainsi.

Voilà pourquoi Sugaar est désormais solitaire, vivant au jour le jour.