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Ce n’est qu’aujourd’hui en 2039 que nos chercheurs ont retrouvé le journal d’un grand scientifique français alias Isidore. Ce phénomène de la science moderne n’a laissé que très peu de traces de lui depuis l’incident survenu en 2013. Toutes la presse s’est dons empressée de s’emparer de ces écrits pour les diffuser partout dans le monde. Très vite le domaine de l’édition s’est joint à la fête et a fait publier les mémoires du vieux scientifique. Ce sont ces écrits que je vais vous faire lire aujourd’hui, car il relate une partie très importante de notre histoire. Voici « Les mémoires d’un vieux fou ».



« Cher journal.
Nous sommes en ce moment même à la frontière entre le 21 décembre 2012 et le 22 décembre 2012. C’est pourquoi je ne suis pas sûr qu’il soit très judicieux de choisir une date pour écrire ce petit passage de ma triste vie. Aujourd’hui j’ai tout fait comme d’habitude, je me suis rendu au laboratoire où j’ai encore du effectuer toute cette série de test sur les animaux. Décidément, les humains ne comprendront-ils jamais qu’ils ne sont en rien supérieurs à leurs amis les animaux ? Il faut croire que non. Chaque jours nous recevons des cartons entiers d’animaux empaquetés les uns avec les autres. Certains meurent pendant le trajet car l’air manque dans ces caisses immondes. D’autres sont tellement terrorisés qu’ils tentent même de nous attaquer. S’ils pouvaient parler, je pense qu’ils nous insulteraient. Mais toujours est-ils que la loi de ce laboratoire est formel : les animaux sont nos cobayes. Et ils coutent chers alors pas question de les gaspiller ! J’essaye tant bien que mal de les utiliser un minimum, malheureusement je suis très surveillé.
Enfin bref cher journal, tout ça pour te dire quelque chose d’important. La fin du monde n’a pas eue lieue. Le calendrier maya s’est terminé comme un calendrier normal, et malheureusement l’humanité est toujours là. Elle et sa pourriture. »


« Cher journal.
Nous sommes aujourd’hui le premier jour de la nouvelle année. Les animaux arrivent toujours plus nombreux au laboratoire mais cette fois en moins bon état de base. Peut-être le patron du laboratoire a-t-il trouvé où se les procurer moins cher ? Il paraît qu’ils nous viennent directement de Chine. Passons, nous avons eu aujourd’hui un rapport pour le moins inquiétant. La centrale nucléaire de Chooz se porterait mal. Nous nous ne sommes que de simples scientifiques donc il nous est impossible d’agir. Mais j’espère que les mesures nécessaires seront prises car visiblement ce n’est pas un exercice. Les premières mesures de sécurité ont déjà été données sous la forme d’un papier à tous les scientifiques du laboratoire, car nous ne sommes pas très loin de cette centrale. Les familles n’ont pas été averties, d’ailleurs il nous a été interdit d’en parler. Vous imaginez si jamais la nouvelle venait à se propager ? Ce serait le chaos. Et bien sur personne ne voudrait du chaos, donc nous n’avons pas essayé d’enfreindre cette loi. En même temps moi je n’en ai pas grand-chose à faire, étant donné que je n’ai aucune famille à laquelle mentir. Comme d’habitude ce soir je m’occupe d’enterrer les animaux décédé suite à nos expérience horrible. Je pense à chacun d’eux et m’excuse auprès de Dame Nature. Vous devez me trouver stupide, mais pour moi la vie d’un lapin est tout aussi importante que celle d’un homme.
Demain sera un jour nouveau. »




« Cher journal.
Finalement personne n’est allé prendre les mesures nécessaires dans ladite centrale. Peut-être, ou sûrement, que tout le monde a trop peur pour y mettre les pieds. Néanmoins je pensais que l’expérience de Fukushima aurait ouvert les esprits, et nous aurait permis de rapidement palier au problème de façon simple et autonome. Eh bien il faut croire que je me suis lourdement trompé. Aujourd’hui la centrale semble au bord du gouffre, et pourtant nous continuons notre sale boulot. Avec des expériences toujours plus horribles les unes que les autres. Je sais qu’un jour nous payerons pour ce que nous sommes en train de faire. Je ne sais pas ce que nous réserve Dame Nature mais croyez-moi ce ne sera pas beau à voir.
Après tout, nous l’aurons mérité. »



[Ici, une partie du journal a été brûlée. Personne ne sait pourquoi mais nous avons retrouvé la première partie.]
« Cher journal.
Comme je te l’avais prédit, l’humanité va payer le prix fort pour s’être crue supérieure aux animaux. Nous voici avec un nouveau problème sur les bras, et pas un petit. La centrale de Chooz a finalement explosée. Elle a dévasté deux villes, tout de même assez éloignées de là où elle était implantée. Aucun survivant n’a été retrouvé. Des équipes de chercheurs et même de scientifiques ont été dépêchés sur place pour aider à déblayer la zone et jauger la radioactivité présente là-bas. Les survivants ont été mis en quarantaine et examinés. En attendant d’être analysés ils sont traités comme des monstres. C’est vrai, survivre à l’explosion d’une centrale c’est inhumain ! Mais tu sais cher journal, ce qu’ils ignorent tous c’est que moi aussi je suis inhumain. J’étais dans nos locaux en train d’examiner les animaux. Je ne sais pas si c’est pour ça que la déesse de la nature m’a épargné, mais malgré la destruction totale du laboratoire j’étais encore debout. Bien vivant et sans aucun signe d’une quelconque déformation. Raide comme la justice face aux cages des animaux je n’ai pas très bien compris. Il y a eu une grande lumière et… [C’est à partir d’ici qu’une partie du journal s’est retrouvée brûlée.]
Tu vois cher journal, je ne sais pas pourquoi mais j’ai été épargné. Pas pour longtemps, je le sais, je le sens, mais au moins j’aurais tout le loisir de contempler l’humanité se faire punir par la nature. J’espère de tout cœur qu’ils payeront suffisamment pour se tenir à carreaux maintenant ! »




« Cher journal.
Visiblement je vais continuer à vivre encore un peu. Cela fait déjà six mois que la centrale a explosée et pourtant les villes qui se trouvaient aux abords de cette dernière n’ont toujours pas été reconstruites. Peut-être que les gens ont trop peur de s’aventurer là-bas ? Les sujet qui ont été examinés suite à l’explosion ne présentaient aucune maladie ni malformation. Etrange, ils ont quand même reçu une certaine dose de radioactivité d’un coup. Ils devraient être morts, ou dans le meilleur des cas avoir trois bras à la place de deux !
Mais bref, si pour l’instant les humains s’en tirent la Terre semble bien décidée à continuer dans la voie de la vengeance. Les tremblements de terre sont de plus en plus fréquents ces temps-ci. Et d’après les géologues les continents se seraient remis en mouvement, chose impensable ! Mais visiblement vraie.
Tu sais cher journal, je pense que nous ne sommes vraiment pas au bout de nos surprises.»  



« Cher journal.
Eh oui comme tu peux le voir Dame Nature m’a fait plus résistant que je ne l’imaginais. Toujours en vie et en bonne santé qui plus est j’ai repris mon travail de la façon la plus normale qui soit. Comme j’ai été touché par l’incident de la centrale je suis un peu mis à l’écart de l’équipe, ce qui n’est pas pour me déplaire. J’ai atterrit dans un nouveau laboratoire, encore pire que l’ancien. Ici ce sont des animaux presque repêchés dans les caniveaux des villes qui nous sont rapportés. Mais heureusement comme je suis mis « en quarantaine » je ne fais que m’occuper de ces animaux et surveiller que leur santé ne s’améliore pas mais ne se dégrade pas non plus. C’est ridicule je sais mais je me sens plus à mon aise en prenant soin d’eux qu’en les maltraitant.
Tu sais les continents en mouvement dont je t’ai parlé la dernière fois ? Ils se sont arrêtés. Mais désormais à la place des différents continents il y a de l’eau. Ils se sont tous rapprochés, si bien que désormais nous vivons tous sur une nouvelle Pangée. Difficile de dresser des frontières dans ces conditions n’est-ce pas ? Eh bien c’est pour ça qu’il n’y en a plus. Nous vivons tous sur le même continent, pas besoin de droit de douane et autre stupidité dans le genre.
D’ailleurs tu sais les sujets qui ont survécut à l’explosion ? Ils commencent à développer des attraits bizarres. Comme si ils s’hybridaient avec les animaux. C’est vraiment fascinant. Et c’est à moi qu’on a confié cette affaire ! J’en suis très honoré. Je ne suis pas sûr de pouvoir faire quelque chose pour eux, mais je ferais mon possible. Après tout, je devrais être comme eux normalement… »



« Cher journal.
Les cas que je traite ces jours-ci sont vraiment fascinants. De l’homme avec des oreilles et une queue de chat à la jeune fille avec des branchies en passant par celle que j’ai vu avec des ailes de papillons… Ils sont réellement fascinants. Et moi ? Pourquoi je n’ai pas d’attrait animal moi ? Je ne le sais pas. Tout ce que je suis en mesure de dire, c’est que ces êtres étranges sont de plus en plus nombreux. Je n’arrive pas à les « guérir ». C’est comme si à chaque fois qu’un animal de laboratoire mourrait un nouvel hybride naissait. Le gouvernement a peur de ces « monstres » comme il les appelle. Moi je trouve ça plutôt amusant comme vengeance de la Terre. Mais les hommes ne veulent pas le comprendre. La société est en train de se diviser. Comme si l’hybridation était contagieuse. Le gouvernement a décidé de les chasser de la ville d’ici deux mois si rien ne s’arrange. Une très grande ville est en train d’être érigée au milieu de l’Europe. Une ville centrale, « la Ville Neuve ». Et pour les hybrides ? La forêt. Elle a repris ses droits tout autour de la future Ville Neuve. Ils vivront là-dedans, comme des bêtes. Les anciennes villes seront reconstruites aussi sous forme de « bas quartiers » pour ceux qui ne pourront pas se permettre de vivre dans la nouvelle grande ville. C’est que nous sommes beaucoup sur Terre.
Voilà à quoi tourne la société. J’ai hâte de voir la réaction des pauvres sujets radioactifs tels que moi. »



« Cher journal.
Des mesures ont été prises contre les hybrides. Pour le moment ils résident dans les bas quartiers déjà construits. La Ville Neuve est quasiment achevée. Lorsqu’elle le sera les populations seront réparties et les hybrides chassés dans la forêt. Je suis désolé pour eux et me demande si moi aussi je serais chassé. Peu à peu des symptômes étranges apparaissent chez moi comme une fatigue anormale du cœur ou encore des crises d’asthmes sans raison. Je me fais vieux, et je sens que je n’en ai plus que pour un an maximum. Mais je ne suis pas triste. Après tout, j’ai déjà vécu bien assez longtemps ! Je suis juste un peu déçu de ne pas pouvoir contempler la suite de la punition de l’humanité… »
[Isidore a visiblement écrit quelque chose d’autre dans son journal mais l’écriture est illisible et des tâches de sang recouvrent une bonne partie de la page suivante.]



[Ici une grande partie est illisible, nous n’avons pu retirer que quelques mots ou des bribes de phrases.]
« Cher Journal.
…La Ville Neuve est fin prête… Les Hybrides ont été chassés dans… Forêt… Certains s’y plaisent, d’autres… Rebelles… Ils veulent prendre le contrôle… Trouver un remède à leu mal. Je crois… Mon heure est venue.
Si un jour… Découvre ce journal, dites aux hybrides qu’ils sont les élus de Dame Nature. … Vaincre les humains… »
[Les traces de sang s’intensifient et la suite du 25 mai est illisible.]

Aujourd’hui les hybrides rebelles vivent dans les bas quartiers de la ville, ils y ont même fondé un repaire. Ils veulent  comme a essayé de le décrire notre vieux scientifique, contrôler la ville mais surtout trouver un antidote qui les fasse redevenir humain. Certains hybrides se sont vu retirer leur progéniture, c’est de là que sont nés les esclaves hybrides. Certains rejoignent le camp des rebelles d’autres se contentent d’être des animaux de compagnie comme des chiens ou des chats. Ceux-là sont autorisés à vivre dans la Ville Neuve.
Les hybrides de la forêt ont compris qu’ils n’étaient ni des humains ni des animaux. Ils ont décidé de se consacrer à l’art de la maîtrise de leur animal. Ils sont capables de gérer leurs transformations, c’est un savoir qui se transmet de génération en génération. Ils vivent comme des Indigènes et ont formés des « clans » avec des territoires et des classes spécifiques. Rare sont les humains qui les ont vu, on les appelle les « Transformistes » dans le langage des Hommes de la ville.

Et vous ? Pour quel camp ou clan vous battrez vous ? Serez-vous un agent double ? C’est à vous de choisir où naitre et quel destin prendre.