Question de logique [ft. Thanatos]

D'ordinaire, je n'aurais eu aucune raison de me retrouver ici aujourd'hui. Non, aucune. Non pas que je ne mettais jamais les pattes dans le territoire des Neiges (rien ne m'empêchait d'aller où je voulais, c'était bien connu), mais il faisait particulièrement froid ici, et je n'avais pas prévu de faire un tel détour depuis la frontière. J'étais pressé de revenir auprès de mon foyer nordique après mon voyage dans le sud...

Alors qu'est-ce que je foutais là. Je me posais moi-même la question encore et encore à chaque pas que je faisais de plus dans les terres neigeuses. Bien sûr, j'avais la réponse, mais je ne comprenais pas pourquoi je m'attachais autant à la tâche. Peut être parce que j'avais la certitude qu'elle était là, mais je trouvais ça de plus en plus débile. Il faut croire que mon obstination est sans limites.

Mes pattes foulaient le sol jonché de feuilles mortes gelées. Une expression blasée de lassitude avait fini par remplacer mon visage habituellement tranquille. Je marquais des arrêts, reniflant la terre de temps à autre. Je savais qu'elle était ici, quelque part, mais avec ce tapis de feuilles impossible de voir quoi que ce soit. Et puis, pas un craquement. J'imagine qu'elle devait s'être immobilisée juste pour m'emmerder. Ainsi je guettais silencieusement dans la combe glaciale, seul. Du moins le pensais-je...

J'avais décidé d'aller me balader, une brise fraîche faisait ondulé mon pelage clair, mes pattes s'enfoncer dans le tapis de feuilles avec délicatesse. Qu'elle agréable saison pour aller se promener. Le doux parfum de l'automne me mettait de bonnes humeur, cette journée me semblait très prometteuse.

Puis le vent se leva, je m'approchais de la combe. Le vent mon ami, qui pouvait faire courber les arbres même les plus fière, puis une odeur porté par le vent arrivais à mon museau. Un intrus ! Je me mis à marcher plus rapidement sans aucun bruit, aussi silencieux qu'une ombre. J'aperçus enfin le félin, il ne m'avait pas vus.

- ce territoire est celui de la neige !!! Que fais tu ici ?!?!

Ma voix redonnais dans la combe, je bondis dans un arbre pour pouvoir me camoufler, puis j'observais tranquillement la réaction de l'autre félin.

Placide, je surveillais encore la clairière, quand soudain...

Ce territoire est celui de la neige !!! Que fais tu ici ?!?!

La voix résonna dans toute la combe. Je dressais les oreilles et relevais les yeux, mais j'avais beau zyeuter le paysage, je ne voyais personne à l'horizon. Il ne manquait plus que ça, songeais-je, un peu amer. Il faut croire que niveau perte de temps, j'allais bientôt m'élever au rang de vétéran.

Mais j'étais bien trop mal luné pour m'attarder davantage à la recherche de mon interlocuteur mystère. S'il m'en voulait, il finirait par se montrer lui-même. Je reposai mon attention sur les feuilles mortes qui scintillaient à cause du gel, surveillant le moindre de leurs mouvements. Je lançai à l'inconnu :

Je ne viens pas en ennemi.

Bien qu'un peu pressé par le temps et l'agacement, ma voix se voulait calme malgré tout. Je ne voulais pas chercher les ennuis aujourd'hui. Et comme je devais minimiser à fond les chances de conflit, je finis par préciser tout en cherchant toujours :

Je récupère juste ce qui m'appartient...

Un mouvement de feuilles attira brutalement mon regard. Je m'avançai doucement, mais plus rien ne bougeait, alors je restais droit et concentré, sur le qui-vive. Il me la fallait absolument...

Je restais un moment immobile, puis j'entendis la réponse du félin, d'après ça voit ce devait être un mâle, je bandage mes muscles et bondis derrière le mâle. Je m'approchais doucement de lui, et lui mordis la queue pour le surprendre, ma morsure n'était pas des plus puissante, j'aurais pus faire mieux mais peut importe, le tout étant de le surprendre ça suffisait largement.

- quel est ton nom ? Qui es tu ?

Mon ton était sans appel, même si je me montrais calme et patient, je mourrais d'envie de le chasser à coup de griffe et de croc, je me mis devant lui pour l'empêcher d'avancer, il semblait chercher quelque chose ou quelqu'un et je comptais bien découvrir quoi.

- que viens tu faire ici ?

Je me forçais à laisser retomber mon pelage, je n'aimer pas être dérangé pendant mes promenade, surtout par des intrus. Qu'est-ce qu'il pouvait bien vouloir reprendre ? Il ne semblait pas vouloir nous volé du terrain, mais peut importe ce chat était un intrus, je me devais de connaître les raisons de ça présence ici ! Peut importe à qui allait ma loyauté, ce territoire était le miens !

J'avais beau placer tous mes efforts dans ma vigilance, impossible de me concentrer bien longtemps : la soudaine piqûre que je ressentis à ma queue me fit pivoter avec vigueur. Je manquais de lancer un coup de patte à mon assaillant - heureusement pour lui, dans mon mouvement, ma patte ne fit que lui effleurer les moustaches.

Il mit peu de temps à me bloquer le passage et à m'assaillir de questions. J'essayais de regarder par dessus ses épaules, mais impossible, c'était un matou baraqué et manifestement déterminer à m'obstruer la vue. Je répondis alors du tac au tac en essayant toujours de guetter les arrières du guerrier :

Rossignol, solitaire. Je suis seul.

Et célibataire, manquais-je d'ajouter dans mon agacement. Je reposai mes yeux sur le guerrier, mécontent. Je pus découvrir à quel point il ne donnait pas envie de se battre. Cela ne me tranquillisa pas pour autant : je n'avais guère envie de m'expliquer. Comment faire comprendre à ce tas de muscles que je n'avais pas le temps de discuter, tout en évitant de m'attirer ses foudres ? Sacré dilemme. Je savais pertinemment qu'il ne se montrerait pas compréhensif. Mais à quoi bon, il ne semblait pas décidé à me laisser tranquille non plus.

Je cherche une proie venue s'égarer sur votre territoire, c'est tout. Ensuite, je repars.

Je le fixais, remuant les moustaches par impatience. Ma queue balayait l'air, le coup de crocs de mon congénère m'avait un peu irrité, et mes efforts devaient à présent se concentrer sur l'art de la diplomatie...

Quand j'entendis ce qu'il venait faire, je crus que j'allais m'ettouffer de rire.

- Si elle est sur notre territoire c'est donc notre proie.

Je sortis mes griffes et les fit luire au soleil, longue et effilées parfaitement taillé pour découper la chaire. Peu importe ce qu'il avait dit avant et le coup de pattes que j'avais failli me ramassait, j'avais vus pire. Je restais assis en face de lui en le regardant avec mépris.

- Sauf si tu veux te battre pour cette proie bien sur.

Personne n'avait le droit de voler mon gibier ! Encore moins un chat avec un nom d'oiseau ! Je gronda puis repris sur un ton méprisant.

- Les Rossignol on déjà migré non ? Pourquoi es tu rester ici ? Pauvre petit oiseau sans défense...

Je restais parfaitement détendu, mais griffes luisant toujours au soleil semblait réclamer leur côté de sang.
Je savais faire peur aux autres quand je le voulais, hors la c'était parfaitement mon but. J'avais remarqué ça réaction quand il m'avait vus et je comptais en profitais à mon avantage. Je n'avais pas envie de me battre dans l'immédiat, bien sur j'aurais pus le tailler en pièce mais je préférais lui faire peur, c'était beaucoup plus amusant.

Il me suffit d'entendre le ton du mâle pour oublier toute volonté d'effort diplomatique. Sa carrure, qui m'avait semblé conséquente, me parut au contraire devenir une provocation.

Face à tant d'arrogance, le calcul était vite fait : je n'avais pas à faire à un chat qui pouvait comprendre. Il en insultait jusqu'à mon nom, et quand bien même je me fichais éperdument de la pensée d'autrui, c'est son comportement puérile qui m'avait outré. Pourtant, mon corps restait placide, et ma voix calme. Je relevai le menton, plantant mon regard vif dans celui de mon congénère.

Si un chaton des Neiges allait s'égarer dans les terres des Ténèbres, leur appartiendrait-il pour autant ?

Je plissais les yeux et dressai les oreilles, perspicace. J'en appelais à sa raison (si toutefois ce chat en avait), mais s'il en venait aux muscles, alors j'étais déjà prêt à l'esquiver. Je ne tenais pas à cette proie comme à un chaton, mais j'y tenais pour quelqu'un. Ce n'est pas la force qui pourrait me conduire à abandonner si facilement.

Cette proie ne porte pas l'odeur de vos terres. Elle ne vous appartient pas. Simple question de logique.

A moins que les Neiges auraient été du genre à laisser un chaton égaré au clan adverse ? C'est certainement ce que serait capable de me répondre un guerrier belliqueux du genre de ce matou. Et peut-être aussi que les Neiges allaient chercher sur les autres territoires toutes les proies qui venaient de chez eux ? Thz. A chaque fois que je venais sur un territoire de Clan, on me donnait une raison de plus de ne jamais en rejoindre un.

J'inclinai ma tête sans le lâcher des yeux, toujours droit et pourtant prêt à bondir s'il le fallait.

Manifestement, le sombre matou avait envie de se divertir. Il prônait la clémence... il aurait au moins pu avoir la décence de cacher sa défiance.

Plus le temps passait, plus je devinais que mes chances de retrouver l'objet de mes espérances s'amenuisaient. Ce songe me laissait un goût amer dans la gorge, mais je pouvais au moins me consoler à la pensée que ce n'était pas non plus cet écervelé qui l'aurait.

Il avait décidé que nous perdrions notre temps. Très bien. Je dressai franchement les oreilles, disant d'un ton léger en agitant une patte :

Ne vous fatiguez pas, ravalez vos belles paroles. Je ne suis pas venu écouter vos beaux discours, puisque vous refusez d'entendre le mien.

Droit et placide, je me tenais bien équilibré sur mes appuis. Si j'étais de moins en moins attentif à ses mots, je l'étais néanmoins de plus en plus à ses gestes. Je guettais, je savais qu'il ferait le premier pas.

Il y a une raison au fait que je n'appartienne à aucun clan : le fait que je ne me soumettrai à aucune limite, aucune loi, et encore moins à celle d'un individu de votre trempe, guerrier.

Encore un peu, et j'aurais laissé s'échapper un petit sourire de mon cru. Mais je préférais que nous nous adressions d'égal à égal : il avait suscité ma fibre de beau-parleur... Restons-en aux mots, le temps d'en venir aux gestes.