Un vent fort fouettait les arbres. Il les pliait, malmenait le paysage. Le ciel était teinté de nuage gris, tous aussi sombres les uns que les autres. Il ne pleuvait pas, du moins pas encore. Deux boules blanches étaient collées l'une contre l'autre, poussant des miaulement aigus et plaintifs. La femelle grise les approcha de son ventre avec sa queue. Elle avait l'air ravie, émue et joyeuse. Elle se pencha pour lécher les deux chatonnes. Son ronronnement était presque aussi fort que la tempête dehors.
Nuage de Sauge. Tu adorais ton nouveau nom. Il était parfait. Ton mentor aussi était parfait. Il t'apprenait tout ce qu'il savait, il rigolait avec toi, il supportait tes crises de nerfs. Tu avais tout appris de lui. Tu le respectait plus que tout au monde. Tu devais être encore apprentie quand tu entendis qu'apparemment c'était de la faute de Coeur de Roc si ce guerrier et ces deux apprentis étaient morts. Ces apprentis, tu ne les aimais pas beaucoup. Mais Coeur de Roc t'avais intriguée. Tu ne pensais pas vraiment que c'était de sa faute. En tout cas, tu ne voulais pas y croire. Tu avais souvent appris à voir plus loin que le bout de ton nez.
Ce fut vers tes 12 lunes que tu devenue une guerrière avec ta soeur. Ta mère mourut à cause d'une maladie. Ton père, à cause d'une chute qui lui avait coûtée la vie. Jour d'Equinoxe et toi furent en deuil longtemps. Un soir, tu décidas de te rentre aux Rochers Lunaires. Tu voulais réfléchir. Repenser et penser. Avoir un peu de solitude. Pouvoir contempler les étoiles. Tu fus surprise en découvrant Coeur de Roc, mais tu ne dis rien. Il avait dû avoir la même idée que toi. Tu allas t'asseoir à côté de lui, ignorant tous les préjugés que le Clan avait dit sur lui. Tu voulais le connaître.
L'amour, tu ne l'avais jamais expérimenté. Mais là tu étais sûre de toi. Tu te rapprochas du guerrier gris. Il devenu ton compagnon. Et bientôt, tu eus des chatons. Tu n'oublieras jamais le moment où tu as accouché de ces cinq boules de poils, qui t'avaient semblées si fragiles, si petites. Tu avais été une vraie maman poule, surveillant leurs moindres faits et gestes. Tu avais été un peu trop surprotectrice avec Petit Cygne, peut-être parce que c'était le seul mâle de la portée. Tu avais été légèrement soulagée quand ils étaient devenus apprentis, et aussi fière. Très fière. Aujourd'hui, tu vis heureuse.