Poissons sans nageoires || ft. Aconit & Corneille & Orphys

Parure du Paon termina la distribution des patrouilles de bonne heure, fier de lui-même. Son efficacité en tant que lieutenant n'était plus à démontrer ; il était, en matière de gestion du clan, sans doute le meilleur chat de toute la forêt.  

La patrouille de chasse en partance pour la forêt, le félin marbré fit donc le tour du clan, veillant sur ses sujets, notant chaque nouvelle tension ou nouveau rapprochement. Ce jour-là, rien de particulier n'arriva jusqu'à ses yeux, à son grand désappointement. Chacun des liens qui se tissait et se défaisait sur son territoire pouvait être une arme à aiguiser pour le jour, tant attendu, où il s'élèverait sur le trône de la neige.

N'ayant rien de plus à faire et souhaitant utiliser son précieux temps au mieux, les pensées du Paon se tournèrent vers trois petits êtres dont il avait tendance à oublier l'existence ; ses deux filles et son fils aux yeux de tous, de formidables outils d'échanges aux siens.

- Petite Corneille, Petite Orphys, Petit Aconit ! Venez donc me voir un instant., miaula-t-il en passant la tête dans l'entrebâillement de la porte. Ma chère Écho d'Argent, je te les emprunte un moment.

Les enfants étaient déjà éveillés, débordants d'énergie. Ils le suivirent en clopinant, échappant pour une fois à la vigilance de leur mère. Parure du Paon avait-il intérêt de commencer à suivre l'évolution d'au moins l'un d'entre eux, lui qui n'était pas passé les voir depuis une bonne l'une déjà?

- Alors vous trois, des nouvelles ? Pensez-vous pouvoir m'épater ?

La petite Noiraude regardait avec admiration son père créer les patrouilles de la journée, à l'entrée de la Pouponnière. Il semblait si fort, si intelligent, si... Génial. Elle était si fière d'être sa fille. Dommage qu'elle ne lui ressemble pas davantage... Là, chacun l'aurait vu et se serait dit "C'est la fille de Parure du Paon" ! Non franchement, c'est dommage. Mais bon, le Clan des Lumières en a jugé ainsi. Néanmoins, parfois, elle était déçue voire triste qu'il soit lieutenant. Son travail lui prenait tellement de temps. Quelquefois, elle se demandait s'il ne l'oubliait pas un peu.

Non... Impossible d'oublier Petite Corneille. Elle était trop géniale pour être oubliée !

Justement, en parlant du loup, le voilà qui arrivait de bonne heure vers la Pouponnière. Quand elle vit son père arriver, elle crut que son coeur allait cesser de battre. Les quelques rares fois où son père lui rendait visite, c'était tout le temps génial. Lui, il savait comment ne pas l'ennuyer ! La Corneille remua la queue en le voyant s'approcher de plus en plus près. Les yeux brillants, elle resta néanmoins auprès de sa famille, le temps qu'il arrive.

- Petite Corneille, Petite Ophrys, Petit Aconit ! Venez donc me voir un instant.

En bondissant joyeusement, Petite Corneille sortit de la Pouponnière rapidement et s'approcha de son père. Elle ne cachait nullement sa joie d'être en sa compagnie. Il était si cool ! Elle cacha néanmoins ses petits cris de joie, de peur que cela ne soit pas bon pour son image. Et puis, la fille du lieutenant se devait de se tenir comme une vraie guerrière ! Quand les trois chatons furent sortis, le grand matou demanda.

- Alors vous trois, des nouvelles ? Pensez-vous pouvoir m'épater ?

L'épater ? Etait-ce un test ? Si oui, elle espérait le passer avec brio et pouvoir regagner le respect de son père. C'est tout ce qui comptait ! Elle bomba son torse et bondit sur son père en se faufilant sous ses pattes pour le déstabiliser et lui faire perdre l'équilibre. Quand elle remarqua que sa technique faillait, elle finit par faire la technique bourrin et lui donna un coup de pattes au museau. Là, elle finit par répondre.

"- T'as vu, papa ? Je suis une vraie guerrière maintenant !"