Regarde-moi Maman ! [PV. Echo d'Argent]

La noiraude était levée depuis déjà un bon quart d'heure. Sa mère n'était pas restée dans la Pouponnière. Petite Corneille se demandait bien où était-elle passée... Elle ne voulait pas jouer aujourd'hui avec son frère. Non, aujourd'hui, elle voulait montrer toute sa puissance à Echo d'Argent. Elle avait déjà rencontré son apprentie, Nuage Lunaire. Mais, elle était trop nulle elle ! Elle devrait être trop heureuse d'avoir sa mère en mentor. Dommage qu'Echo d'Argent ne soit pas son mentor. A la place, elle espérait avoir un bon mentor. Parure du Paon ? Loup Arctique ? Ils sont tous trop nuls ! Elle aurait tant voulu être près de sa mère.

Soudain, ses yeux se rivèrent sur le pelage noir jais de sa mère, ce pelage identique au sien. Pas de doute là dessus, elle était bel et bien sa famille ! Elle se demandait seulement d'où venait ses yeux verts, ses yeux si verts... Elle courra vers sa mère, les yeux pétillants. Elle aurait voulu hurler son nom mais elle devait rester fière devant les regards inquiétants de ses camarades. Elle finit par se coller au pelage de sa mère, en ronronnant.

"- Bonjour maman !"

Maman ? Mais qu'est-ce qu'elle disait ?! Elle s'appelait Echo d'Argent et pas "Maman". Elle devait grandir un peu. Dans quelques lunes, elle ne sera plus capable de l'appeler "Maman". Elle sera alors une fière apprentie. Elle n'aura pas le droit d’émietter son rang et son honneur. Corneille recula alors soudainement et sortit ses petites griffes de chaton. Elle répondit d'une voix enjouée.

"- Maman Maman ! Regarde, je suis une guerrière trop trop forte maintenant !"

Sur ces mots, elle cracha et griffa le vent comme pour donner une baffe à un inconnu ou à un ennemi. Quand elle eut fini de "tuer l'ennemi", elle se tourna vers sa mère et bomba le torse.

"- T'as vu ? T'as vu ?"

- Pas mal, pas mal, mais tu peux faire mieux ma belle.

Sur ces mots, sa mère commença à lui donner de vigoureux coups de langues pour remettre son poil en ordre. Pa mal ? Corneille était super contente. Ce n'était pas facile d'avoir un compliment venant de sa mère. Elle était très exigeante. Quand la noiraude recevait un compliment, elle sentait l'avoir durement mérité. Mais là, elle était plus gênée qu'autre chose. Elle lui faisait la toilette comme un vulgaire chaton. Or, elle n'était bientôt plus un chaton !

Elle couina comme un jouet pour chien en essayant de s'extirper de l'emprise de sa mère. Beurk ! Qu'elle arrête un peu ! Petite Corneille gémissait et grognait de mécontentement. Pourtant, elle n'arrivait pas à s'en sortir. Sa mère était trop forte. Dans un ultime effort, elle abandonna, en soupirant fortement. Elle jeta un regard à sa mère et grogna.

"- Maman arrêteuuuh !"

Soudain, elle tapota méchamment les pattes de sa mère et bondit hors de son emprise. Là, elle essaya de se remettre sur pattes, les yeux brûlants de honte. La noiraude fit un sourire gêné à sa mère et grommela.

"- Pas mal mais pas parfait !"

Elle eut soudainement une idée. Avec des yeux implorants, elle demanda.

"- Dis, t'es trop forte, toi ! Tu veux pas me donner des conseils ou des techniques trop cool, Maman ?"

- Plus tes coups seront précis, plus il seront
puissant, pense à bien calculer tes coups.

Petite Corneille hocha doucement la tête aux dires de sa mère. Oui, elle s'en souviendra. Plus ils sont précis, plus ils sont puissants... La noiraude observa avec attention l'attaque de sa mère. Elle frappa dans une petite pierre posée sur un côté. Son coup était gracieux, ce qui étonnait presque la petite. Woaw ! Ma maman, c'est la meilleure ! Petite Corneille remua la queue, surexcitée, en voyant le coup de patte précis et puissant de sa mère.

Elle plissa les yeux en visant la petite pierre sur le côté. Elle sentait le regard attentif de sa mère posé sur elle. Cela la déconcentrait un peu mais, elle devait rendre sa maman fière ! Petite Corneille baissa son arrière train et balaya le sol de sa queue, plus concentrée que jamais. Je vais y arriver... Je vais y arriver... Je vais y arriver ! D'une traite, elle donna un violent coup de patte dans la pierre. Problème, la petite pierre virevolta dans les airs et retomba, bien visée, sur la tête de Petite Corneille.

Ouille ! Elle secoua la tête et balança le caillou un peu plus loin. Gênée, elle baissa la tête, les oreilles tombantes. Elle avait échoué. Elle n'avait pas rendu sa mère fière. La petite noiraude soupira de déception, les yeux rivés au sol. Elle refusait de croiser le regard sévère d'Echo d'Argent. D'une voix peinée et désolée, elle murmura.

"- Désolée maman... Je t'ai déçu..."