nuit sans étoiles + when the sun goes down

stars don't disappear, they keep blazing even when the night is over (+) pas de nuages, ni de mauvais présages, pourtant pas d'étoiles pour illuminer l'obscurité du ciel noir de ce soir. commencement du printemps, efflorescence de la nature égaye les cœurs givrés par l'hiver mourant. éveil de la flore, chuchotements des mésanges et danse des lucioles ; rires des plus petits, sourires des plus grands. la saison des fleurs peut démarrer, tous les éléments sont prêts pour fêter ensemble le retour des jours heureux, ceux ou l'avenir semble plus beau, ceux ou la vie semble plus belle, malgré elle. la nuit de ma naissance était étrangement comme parallèle à celle-ci, on me l'a assez souvent compté ; sombre, pourtant pas nébuleuse, mais si douce et disons hum, peut-être.. mélodieuse ? je pense que c'est un bon terme, oui ; il suffit simplement de l'interpréter de la même façon que moi pour le comprendre.

grand-mère m'a raconté que c'était exactement ici, au beau milieu de cette prairie ornée de jonquilles et de fougères que maman était décédée, rejoignant les étoiles pourtant éteintes, le jour-même ou je suis née. effacées, comme si elles savaient, comme si les étoiles savaient d'avance ce qui allait se passer et faisaient alors le deuil de cet être tant aimé. « c'est de ta faute » m'a-t-on dit, mais moi je n'y crois pas, ou alors je ne peux pas y croire, comment pourrait-ce être de ma faute si je ne l'ai jamais voulu ? je ne sais pas, mais ils me jugent pourtant coupable. s'ils m'en veulent d'avoir un jour ouvert les yeux pour découvrir ce qu'était la vie, pourquoi m'ont-ils tant réclamés ? pourquoi ont-ils autrefois voulu connaître mon nom avec impatience, la couleur de mon pelage et celle de mes yeux ? je ne connais rien de ma mère, ni ce à quoi elle ressemble, ni le son de sa voix, ni quoique ce soit d'autre, et pourtant, je pourrais tout donner pour qu'elle revienne. pour leur prouver que je ne suis pas un monstre, que je n'ai jamais voulu tout ça, mais également et surtout parce que je l'aime, car oui, nous pouvons aimer l'inconnu, je ne connais rien d'elle, mais je l'aime, soyez-en certains.

regards mauvais, répliques agressives, intentions délétères de ceux que je pensais être mes alliés, promesses annihilées, rien que des mensonges de ceux que je pensais être mes plus fidèles proches. en plus d'avoir perdu ma mère, je devais m'efforcer à croire qu'une autre l'était, obligée à garder les yeux fermés. dites moi seulement comment une mère de cœur, mais surtout un père, puissent cacher la vérité à un enfant. même si celle-ci est triste, même si la réalité fait mal, dites moi comment l'on peut vouloir protéger bêtement quelqu'un de cette réalité absurde, de ce monde qui se déchire alors que ce sont des choses qui se découvrent forcément un jour ou l'autre. mais surtout, dites moi comment des inconnus puissent en vouloir à une personne qui ne sait rien, à une personne qui n'y est presque pour rien, qui n'a rien demandé.

malgré tout cela, j'ai gardé la tête haute, même après avoir découvert la véritable réalité vers mes sept lunes, je n'ai jamais baissé le regard. pourquoi devrais-je le faire ? je n'ai vraiment rien à me rapprocher, je n'ai jamais voulu le mal, et je n'en ai jamais fait. pourquoi m'abaisser à leur niveau ? j'ai toujours été plutôt mature, même petite, et ça me gênait même parfois de ne pas avoir la même mentalité que les autres, la même vision du monde, ça m'a pas mal empêché de me sentir entourée, d'avoir des amis qui me ressemblent, avec qui je puisse partager les mêmes délires, mais au fond ce n'est pas si grave, ce n'est qu'un petit bout de ma vie et aujourd'hui, je suis très fière de qui je suis et de qui j'étais.

il me semble que mon rêve a toujours été celui de devenir la plus sage guérisseuse de la forêt, et non la plus grande guerrière ou chasseuse de la forêt comme bien d'autres chatons. petite, je n'ai jamais cessé d'admirer les soigneurs pour leurs compétences et la façon dont ils voient les choses, presque idem à la mienne. je n'ai toujours demandé que la paix sur les terres que je foule chaque jour, je n'aime pas la guerre mais si un jour, malgré mon rôle de guérisseuse, je suis contrainte à me battre, je le ferais, pour mon clan et mes proches, mais pour rien d'autre. selon moi, les combats ne servent à rien, hormis faire couler du sang inutilement et briser bêtement des cœurs.

apprendre n'est pas un problème, j'aime ça, connaître de nouvelles choses, alors je pense avoir été une bonne apprentie, malgré mes tonnes de questions. persévérante, je ne m'arrête pas sur mes erreurs et bute sans cesse pour atteindre la perfection, ce qui peut parfois être dérangeant. la chasse n'est pas mon domaine préféré, mais il le faut bien et c'est une bonne raison de quitter le camp pour partir en vadrouille. les plantes, par contre, je pourrais vous donner tous leurs noms, et réciter sans fautes les façons dont on les utilise. avec le temps, je m'améliore et progresse dans mes domaines, et j'espère bien sûr un jour pouvoir égaler mes ancêtres, ceux qui ont soigné avant moi, ceux qui ont passé des messages de la part des étoiles, des visions, et puis des idées venant d'eux-mêmes, aussi, et bien d'autres choses. (+) i'm searching for something that i can't reach