Restons au soleil [F.T HARFY LE CÂLIN]

Le temps s'adoucissait peu à peu, on sentait venir la fin de la saison des neiges pour de bon même si un petit air rafraîchissait encore les environs. Foudre Noire avait participé à la patrouille de l'aube, il venait de la terminer et s'était retiré du groupe sans rien dire de plus. Il était fatigué de voir tous ses camarades sourire alors qu'il n'en était rien pour lui. Les autres l'avait regardé étrangement, ils avaient l'air peiné pour lui, pourtant le guerrier ne supportait pas vraiment l'idée qu'on ait pitié de lui. Son estime de lui même en prenait un coup. Il était ressorti prendre l'air, seul cette fois. Dans son élan, il désira aller encore plus loin que tout à l'heure, bien plus loin. La marche ne lui faisait pas peur et tant pis si on le cherchait, tant pis s'il rentre très tard au camp, il fallait qu'il s'échappe. Bientôt, le matou noir et blanc arriva aux abords de la frontière, non loin des rochers aux insectes. Il décida d'aller toujours plus loin et franchi la limite du territoire ténébreux. Foudre Noire était maintenant en territoire neutre.

La vallée du miel portait plutôt bien son nom, malgré la période à laquelle on était, le mâle noir pouvait sentir les quelques fleurs déjà présentes dans les champs. Il restait tout de même sur ses gardes, il pouvait rencontrer des chats ennemis dans les environs et même si c'était son droit de pouvoir être ici, certains félins se permettaient tout de même d'attaquer sans raison. Foudre Noire s'enfonça un peu plus dans la vallée pour trouver un endroit tranquille, reposant. Il opta finalement pour une pierre plate trouvée en chemin, parfaitement placée pour profiter du soleil réchauffant et non loin du bassin des truites. Maintenant il suffit juste de se poser, de fermer les yeux et de ne plus réfléchir. Enfin c'est ce qu'il espérait. Le vent lui apporta une odeur qui éveilla ses sens. Un autre chat. Il releva la tête et survola les alentours des yeux avant de voir le nouvel arrivant. Foudre Noire observa sans hostilité la flammeuse, il se demandait bien ce qu'elle allait dire.

Je m'étais levée avant le soleil pour pouvoir profiter de la tranquillité et le calme du camp. Je me dressais sur le promontoire, laissant le vent se frayait un passage dans mon pelage. Je restais ainsi une bonne dizaine de minutes avant de sauter de mon perchoir et de traverser la clairière. Je passais prendre une pièce de gibier, mangeant lentement pour couper la faim. Je finissais ma dernière bouchée quand le soleil se décidait enfin à pointer sa truffe. Je m'étirais longuement avant d'assigner la première patrouille avec les quelques lève tôt éparpillés dans la clairière.

Une fois ma tâche accomplit, je me faufilais entre les membres de la patrouille pour sortir du camp. Je saluais le garde avant de passer ma tête à travers le tunnel d'ajoncs. Marchant lentement afin de prendre le temps d'observer le paysage de mes terres. Tout en gardant la même vitesse de croisière, je passais la frontière pour rejoindre les terres libres. M'arrêtant près du bassin aux truites, histoire de prendre un peu de temps pour me reposer au soleil.

Mes plans étaient rapidement compromis quand l'odeur d'un Ténébreux arrivait jusqu'à mes narines. Je me figeais un demi seconde avant de me lancer et de m'approcher de mon opposant. Je le saluais d'un hochement de tête poli avant de m'installer un peu plus loin.. Ne trouvant pas les mots pour commencer cette conversation.

HRP:

Étoile Arctique ne dit rien, elle le salua de la tête et se posa non loin de la pierre plate, ne voulant visiblement pas parler avec lui. Foudre Noire ne savait pas vraiment si c'était parce qu'il était du Clan des Ténèbres ou juste parce qu'elle n'en avait pas envie. Par politesse, il entama la conversation.

Salutation Étoile Arctique.

Le guerrier prit quelques secondes pour aplatir quelques poils rebelles à l'aide de sa langue.

J'ignorais que tu pouvais passer par ici. Le Clan des Flammes se porte bien ?

Foudre Noire s'avérait être un chat assez poli et puis la conversation lui faisait du bien, le silence aurait rendu la scène un peu gênante. Étoile Arctique avait beau faire partie d'un autre clan, le brun aurait bien aimé l'avoir pour chef. Étoile de Lynx le répugnait un peu plus chaque jours, il n'était ni brave ni bienveillant. C'était juste un tyran narcissique. Le Clan des Flammes lui, avait toujours l'air fort et imposant sous la tutelle de leur meneuse, Foudre Noire se demandait comment pouvait être la vie là bas.

Le guerrier des Ténèbres me saluait par la suite, avec des paroles contrairement à moi. Il prenait ensuite quelques secondes avant d'entamer la conversation de manière classique :

"-J'ignorais que tu pouvais passer par ici. Le Clan des Flammes se porte bien ?"

J'esquissais un léger sourire. Cette phrase était vu et revu mais pouvait bien être le début d'une conversation exaltée. Me disant qu'il fallait bien jouer le jeu, je lui répondais donc sans langue de bois :

"-Mon clan se porte bien.. La chasse est aussi bonne que la saison le permet. Et le clan des Ténèbres ?"

Etoile de Lynx n'avait pas la meilleure réputation qu'il soit.. Et connaître un peu l'envers du décor était toujours intéressant. Je me demandais bien comment c'était chez mes voisins. Celui des Ténèbres étant mon plus lointain voisin. Je ne connaissais pas grand chose sur lui.. Le clan de la Neige n'en plus n'était pas très connu.. Bien qu'autrefois, il était considéré comme le clan le plus stable. Je me demandais ce qu'il en était aujourd'hui. Et celui des Bois.. N'en parlons même pas. J'avais rencontré Etoile Fauve et comme à son habitude il m'avait rembarré et jetait la faute de mes aïeuls sur le dos. Je levais un instant mon regard vers le ciel en me souvenant du mâle fauve.

HRP:

Foudre Noire se devait de rester impassible malgré son état mélancolique persévérant. Il était un guerrier fort, du moins aux yeux des autres clans. Il l'espérait.

Mon clan se porte bien.. La chasse est aussi bonne que la saison le permet. Et le clan des Ténèbres ?

Elle avait décoché un petit sourire, signe que la meneuse n'avait pas l'air ennuyée par ce dialogue, tant mieux remarque, Foudre Noire se serait mal vu parler tout seul continuellement. Une légère brise caressa les pelages des deux félins tandis qu'Étoile Arctique regardait le ciel pour une raison totalement incertaine. Le ténébreux ferma les yeux tandis que les long poils de son poitrail venait voler non loin de son visage.

Tout va bien pour nous aussi. finit-il par lâcher.

Tout le monde disait ça au final car tout le monde souhaite que tout se passe bien n'est-ce pas ? Mais est-ce que c'est vraiment le cas ? Impossible de répondre à cette question. De toute manière Foudre Noire n'envisageait même pas d'y réfléchir. Il était venu ici pour évacuer toutes ses incertitudes. Il se mit à parler sans vraiment réfléchir.

Excuses ma curiosité mais pourquoi es-tu venus ici Étoile Arctique ?

:

Maintenant que je me souvenais de l'entre-vue avec Etoile Fauve, je n'arrivais pas à m'en détacher. C'était bien le seul félin de la forêt qui pouvait se vanter de m'énerver à ce point là.. Je pouvais garder mon sang froid devant lui, mais quand je repensais à nos rencontres.. J'avais toujours des émotions négatives qui revenait au compte goutte. J'arrêtais de planter mes griffes dans le sol en entendant le guerrier des Ténèbres me répondre que tout ce passer bien pour eux aussi. Après une petite pause, il me demandait ensuite pourquoi j'étais ici, en ce lieu.. J'hésitais à lâcher la vérité qui était de paresser un peu au soleil avant de pêcher.. Regardant le bassin aux truites qui s’étendait non loin de nous, je finissais par lui répondre tout en regardant les reflets du soleil se dessinait sur l'eau :

"-Je comptais pêcher et reprendre des forces.. Et toi, guerrier des Ténèbres ?"

Je me rendais compte que je lui parlais comme à un ami sans connaître son nom. Cela ne me dérangeait pas plus que cela. Parler ou me reposer, cela me convenait finalement. Je pourrais peut être apprendre d'avantage sur Etoile du Lynx et son clan.

Je comptais pêcher et reprendre des forces.. Et toi, guerrier des Ténèbres ?

Il acquiesça. Foudre Noire pouvait comprendre ce besoin de se reposer mieux que quiconque, après tout, ça faisait 10 lunes qu'il se "reposait"...

Tu as bien raison.

Il ne restait plus qu'a répondre à la question, à son tour. C'était un peu comme une sorte de reflet dans l'eau, elle vous renvoi ce que vous lui donnez. Étoile Arctique comprendrait-elle un guerrier quelconque comme lui ? Il avait juste l'air d'un vieux fou.

C'était il y a environ 10 lunes... un guerrier avait perdu tout ce qu'il avait construit en un jour, sa compagne, sa fille... Il n'a jamais pu faire son deuil. Ce guerrier noir et blanc, c'était Foudre Noire. Un membre du Clan des Ténèbres.

Il s'arrêta avant de n'en révéler d'avantage. Il était capable de mettre à mal son clan pour des caprices, c'était assez fâcheux.

J'essaye de me reposer également.

Espérons juste que ma manière de parler très familière ne le perturbe pas et ne le braque pas.. Cela pourrait être fort ennuyeux de rester côte à côte dans le silence. Assez gênant comme situation, vous ne trouvez pas ? Croisons les griffes pour que cela n'arrive pas. C'est par un miracle que le guerrier me répondait, appuyant mes paroles en me disant que j'avais bien raison. Je laissais un petit sourire se dessinait sur mes lèvres en voyant le naturel de la réponse du guerrier. Ce dernier ne s'arrêtait pas à cette simple réplique, il enchaînait ensuite sur une tirade :

"-C'était il y a environ 10 lunes... un guerrier avait perdu tout ce qu'il avait construit en un jour, sa compagne, sa fille... Il n'a jamais pu faire son deuil. Ce guerrier noir et blanc, c'était Foudre Noire. Un membre du Clan des Ténèbres."

Je tournais mon regard vers lui, comprenant que trop bien cette situation. J'avais moi même perdu mon compagnon et lieutenant ainsi que l'un de mes enfants. Heureusement qu'il me restait encore mes frères et sœurs ainsi que mes deux filles.. Sinon je me serais retrouvée dans la même situation que le guerrier. Que Foudre Noire. Il reprenait ensuite, disant qu'il essayer de se reposer également. Voulant montrer ma bonne foi et ma sympathie, je lui lançais tout en le regardant :

"-C'est jamais simple de perdre quelqu'un.. Je suis désolée pour ta famille."