Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige ? [feat Boule de neige ]

La journée s'annonçait... Banale. Le soleil se leva en même temps que moi, comme bien souvent. Les premiers rayons venaient frapper mon pelage crème, et c'est sans difficulté que j'ouvrais les yeux. Je prenais le temps de me lever, pour ne pas me blesser, mais dès que j'étais debout, tout s'enchaînait, réglé comme une horloge. D'abord on mange, ensuite on fait un brin de toilette, pour enfin aller se rouler les uns sur les autres, s'amuser comme des fous. Je savais que ce serait ordinaire, on jouerait toute la journée, et une fois que le soleil irait se coucher, nous ferions de même. En plus, j'étais bien obéissante, alors je suivais les ordres avec un réel plaisir. Maman veillait un peu moins sur nous, même si j'étais sûre que tous ses sens étaient tournés vers moi et mes frères. J'étais en pleine partie d'un jeu follement drôle, je roulais et culbutais par dessus Boule de Suie, plantant mes crocs dans son épaule sans lui faire mal. Nous ne nous blessions jamais, certainement parce que nous sortions du même giron. Je m'amusais quand, soudainement, un miaulement m'interpella :

Boule de neige !

Je tournais la tête vers l'endroit d'où venait la voix, pour voir une guerrière. Echo d'Argent, qui était en train de faire sa toilette. Essayant de me débarrasser de Petit Phoque, qui essayait de me garder dans le jeu, je réussis finalement à aller me faufiler jusqu'à la guerrière. Je m'approchais, droite et furtive, avant de poser mon regard bleuté sur elle. Puis je miaulais :

Tu voulais me voir, Echo d'Argent ?

Posant mon popotin à terre, j'attendis calmement sa réponse.

La maturité dans mon regard prouvait que j'avais bien compris la chose. Si une guerrière m'appelait, c'était bien parce qu'elle avait quelque chose à me dire, non ? Certainement que si, d'ailleurs j'étais prête à l'écouter avec toute l'attention dont j'étais capable. C'est à dire pas très longtemps, je n'étais qu'une chatonne encore. Mais bon, j'essayerais de faire de mon mieux pour l'écouter jusqu'à la fin, ignorant les miaulements de mes frères qui m'appelaient à les rejoindre. Oui, j'en avais envie, mais je ne devais pas filer comme ça. C'était très malpoli. Je suivais la chatte, à sa demande, jusqu'au tas de proies. Elle en pris une, m'invitant à manger avec elle. Je refusais cependant poliment. Les proies étaient pour les anciens et les guerriers d'abord, je devais attendre mon tour. Et puis, j'avais pas faim. J'écoutais donc la femelle :

Tu vas bientôt avoir ton baptême.

Bien que je sois allongée au sol, ma queue trahit mon impatience. Je comptais les nuits qu'il me restait avant d'enfin devenir une apprentie. Et plus ce grand moment approchait, plus je sentais mon petit coeur de chaton battre à en perdre haleine. Je secouais doucement les oreilles, chassant un moustique qui avait décidé de m'enquiquiner. Puis, tranquillement, bien que ma voix trahissait ma joie, je répondis :

Oui, je sais ! Et donc ?

Je penchais la tête. Où voulait-elle en venir ?

J'ai parlais de toi avec notre meneuse

Quoi ? Aussitôt, mes mouvements se stoppèrent. Quoi ?! Elle parlait de moi avec Étoile Ensoleillée ? Je fixais alors la guerrière, d'un air totalement surpris. Et soudain, elle me donna un coup de langue sur l'oreille. Comme on fait aux chatons. Je secouais la tête, venant alors passer ma patte derrière mon oreille, après l'avoir humidifiée de ma salive. Je voulais effacer tout de suite ce geste de cette guerrière. Seule ma mère avait le droit de faire ça.

Tu n'es pas obliger de te contenir autant tu sais. Ma petite tu sais qui seras ton mentor ??

Je plaquais lentement ma queue au sol, signe de mon mécontentement. Je n'étais pas petite. Et j'étais encore moins sa petite. D'un regard presque mauvais, je finis cependant par répliquer, avec philosophie :

Non, mais Étoile Ensoleillée me donnera le mentor qu'elle estime le meilleur pour moi.
Tu as un potentiel énorme, alors ne la gâche pas.

Je posais mon regard sur une feuille morte, avant de regarder de nouveau la guerrière. Puis, doucement, je lâchais :

Il est inutile de me brosser dans le sens du poil. Quand bien même j'aurais une préférence pour un guerrier du Clan, c'est à Étoile Ensoleillée de décider qui se chargera de ma formation.

Je respectais beaucoup les règles. Notre meneuse m'était supérieure, alors je me pliais avec respect à ses décisions.

Je ne te brosse pas dans le sens du poil, loin de moi cette idée !

Je laissais la chatte parler, alors qu'elle me dirsait de voir ça comme un genre de test pré-baptême. Comme si j'avais besoin de ça... Mais oui, voyons, Boule de Neige, plie toi à l'exercice, et ensuite tu pourras aller jouer avec tes frangins.

Pour devenir apprenti il ne faut plus se laisser traiter comme un chaton et tu commence bien.

Elle s'assit près de moi, avant de désigner une boule de mousse. Je compris, avant même qu'elle m'indique quoi en faire, qu'elle allait me demander de la chasser. J'étais prête avant même qu'elle ait fini sa phrase. Pattes silencieuses, mon corps frôlant le sol avec une lenteur qu'on croirait exagérée. Je fixais la boule, et même si mes gestes étaient encore très hésitants, je faisais de mon mieux. Je m'approchais, consciente des regards des autres chatons sur moi. Plaquée au sol, oreilles en arrière, je m'approchais encore un peu et je bondis avec vivacité sur la bouboule. Je la choppais entre mes crocs, avant de me relever fièrement et de la ramener. Je la déposais devant l'autre femelle, avant de demander :

Pourquoi c'est toi qui me fait passer ce... Test ?

C'est vrai, notre meneuse aurait pu le faire elle-même, non ? Dans ma voix, il n'y avait aucune méchanceté, seulement de la curiosité.

J'écoutais les remarques d'Écho d'Argent avec un grand calme. C'était parfait, si ce n'était que je manquais de confiance en moi. Après un miaulement amusé, je lui répondis :

La confiance viendra quand je serais apprentie !

Puis elle répondit à ma question :

Étoile ensoleillé est mon amie et puis je suis une des meilleurs combattante du clan. Notre meneuse est très occupé en ce moment et elle n'a pas le temps de s'occuper des chatons.

Je haussais les épaules. Enfin, ce qui me servait d'épaules. Malgré sa douceur, sa gentillesse, quelque chose me dérangeait. Elle avait l'air... Je ne saurais pas comment définir ce ressenti que j'avais vis à vis d'elle, comme si... Oui, c'était ça ! Je l'énervais, avec toutes mes questions. Alors, comme pour jouer avec le feu, je reposais mon regard saphir sur elle, avant de reposer une nouvelle question :

Et toi, tu aimerais avoir un apprenti ?

Je passais plusieurs fois ma langue sur mon pelage, chassant les derniers restes de ma pseudo-chasse à la bouboule.