Vois la beauté en moi | Nuage de Souris ♥

HRP:

Ce qu'il fait froid ! pensait Étoile de Miel après s'être retirée bien au chaud dans sa tanière. Quel bonheur d'avoir un espace juste pour soi, où les respirations des guerriers ne venaient pas la surchauffer en hiver. C'était confortable, mais pour sortir dans le froid par la suite... Pan ! Le vent venait fouetter la peau comme une gifle glaciale. La femelle sourit : en général, elle prenait tellement de place avec sa carrure de géante que les froncements de truffe et les regards peu amènes n'étaient pas rares.

Dans son confort, la jeune meneuse pensa à ses filles, Nuage de Souris et Nuage Libre. Elle était si fière d'elles. Un pincement de culpabilité la prit en pensant qu'elles étaient sûrement en plein entraînement, bravant le froid et le vent... elle savait que le mentor de Nuage de Souris était parti au terrain sablonneux. Nuage Libre était encore en patrouille ; ce serait pour une prochaine fois. Elle attendrait la fin de l'entraînement de Nuage de Souris pour discuter un peu avec elle, ici, dans cet espace bien chaud. Son rôle de mère lui tenait à cœur.

Étoile de Miel profita encore un peu de la chaleur bienfaitrice de son antre, puis sortit du camp et trottina jusqu'au terrain sablonneux. Elle attendit patiemment que la séance de Nuage de Souris soit terminée. La journée touchait bientôt à sa fin ; elle n'interférerait donc pas dans le bon déroulement de son apprentissage. La géante rejoignit sa fille et pressa sa joue contre la sienne en ronronnant.

« Bonjour Nuage de Souris ! J'espère que je ne te dérange pas. Que dirais-tu de venir discuter un peu avec moi dans ma tanière et te détendre ? Ta sœur est encore en patrouille pour l'instant. »

Hrp:

Une froide matinée de la saison des neiges s'annonçait là, alors que la jeunette venait de se réveiller à l'aube. Les pâles rayons du soleil ne suffisaient plus à réchauffer le pelage ni le cœur de la jeune apprentie, qui au file des jours se sentait de plus en plus déprimée. Elle pensait que ça passerait, que ce n'était que saisonnier, mais qu'en savait elle ? Ce qu'elle en savait, c'est qu'aujourd'hui, elle s’entraînerait à se battre, et c'était comme une punition pour elle, elle détestait cela tant elle était incompétente au combat.

Elle s'extirpa donc sans aucunes motivation de son nid, sortant de la tanière pour affronter le vent et le froid. Le vent, c'était comme un ami parfois, il avait déjà réussi à chasser ses mauvaises pensées. Mais il semblait si énervé ce matin là, il soufflait si fort que la petite ne savait pas ce qu'il lui voulait. En plus de cela, il s'était allié avec la froideur de la saison. Quand l'apprentie expirait, une trace chaude s'échappait de ses narines. Voilà, voilà à quoi ressemblait le temps, si semblable à ses pensées du moment.

Nuage de Souris s'était faite discrète tout l'entraînement. Elle n'avait réussi à rien, tous les autres apprentis la dépassait dans tout, de toute manière. Elle n'avait décoché qu'un seul compliment, et elle avait été si fière qu'elle s'était laissé déconcentré tout le reste du temps. Non, elle n'était vraiment bonne à rien, et le gibier se raréfiant, elle se doutait qu'elle serait un poids mort pour son clan cette saison là.

Lorsqu'elle rejoignit le camp, sa mère, Etoile de Miel, semblait l'attendre. Sa douce mère, aussi douce que son nom, elle l'aimait tant. Mais est-ce qu'elle comprendrait le ressenti de sa fille, sa détresse qu'elle n'osait partager, pas même à sa sœur ? Peu importe, elle reprit un peu d'entrain lorsque la cheffe vint la voir. La grise ronronna à son tour.

« Bonjour Nuage de Souris ! J'espère que je ne te dérange pas. Que dirais-tu de venir discuter un peu avec moi dans ma tanière et te détendre ? Ta sœur est encore en patrouille pour l'instant. »

Une petite flamme s'alluma. Oui, une flamme s'allumait, une lueur brillant dans le cœur de la petite. Un moment avec sa mère, un moment qui tout comme le gibier, se faisait de plus en plus rare lui ferait le plus grand bien, de la même manière que les proies étanchaient la faim. Elle accepta volontiers, décochant un léger sourire :

- Avec plaisir, maman !

Elle la suivit donc jusqu'à sa tanière, celle du cheffe. Avait-elle droit d'être là ? Apparemment oui, puisqu'elle l'invitait, mais elle se trouvait si pitoyable que même si c'était sa mère qui dirigeait le clan, jamais elle n'aurait penser y avoir accès. Pourtant, elle était là, et il faisait bon, chaud, doux, comme sa mère. Cela devait être agréable, de dormir là, et la petite était ravie pour sa mère si elle ne risquait rien dans cette superbe tanière. Elle s'assit dans un coin, n'espérant rien déranger, prête à discuter avec sa maman. Elle espérait sûrement que cette conversation lui remonte un peu le moral, même si elle ne voyait pas comment sa mère pouvait comprendre, elle qui était si douée, tellement douée qu'elle était à la tête du clan.

- Tu.. Tu dois te plaire, ici, c'est si douillet... Ronronna la petite, ne sachant pas réellement où commencer.

- Avec plaisir, maman !

La voix de sa petite fille lui fit chaud au cœur. La jeune meneuse se sentait parfois très accaparée par son rôle ; ces instants avec Nuage de Souris lui feraient du bien. Et tant pis si d'autres trouvaient quelque chose à redire. Elle la guida donc jusqu'au camp, puis la précéda dans son antre chaud et sec. La tanière des apprentis était-elle aussi douillette ? Il faudrait qu'elle pense à aller l'inspecter bientôt. Pour prévenir au mieux des maladies, il fallait éviter que l'humidité s'installe.

- Tu.. Tu dois te plaire, ici, c'est si douillet...

- Oui, c'est très confortable ! » Étoile de Miel s'assit à côté d'elle et lui lécha la tête entre les deux oreilles. « Et toi, est-ce que tu te plais comme apprentie guerrière ? » s'enquit-elle.

Elle se souvenait de ces lunes pas si lointaines, où, à la belle saison, elle pourchassait les feuilles vertes avec les apprentis de l'époque. Ou quand ils jouaient aux chefs de jadis. Évidemment, elle adorait incarner Étoile de Miel, ancienne meneuse du Clan de la Neige. En fonction de l'époque qu'ils jouaient, elle devenait Étoile des Vents.

Ah, cette période... elle leur inspirait tant de mystères... on racontait parfois qu’Étoile des Vents avait perdu l'esprit, de vieillesse, et qu'elle avait engagé la grande bataille du Clan des Flammes contre le Clan de la Neige. Étoile Diaphane était parti quérir l'aide d’Étoile Barbue, alors chef des Bois, aide qu'il avait accepté à condition d'avoir une partie des terres des Flammes. A la suite de leur victoire, Étoile Diaphane avait rompu leur pacte. Peu après, la maladie l'avait terrassé. Une punition du Clan des Lumières ? Des rumeurs avaient circulé : le meneur ne croyait pas un instant dans le Clan des Lumières. Étoile de Miel en frissonnait parfois. Comment était-ce possible ? Son âme était-elle restée prisonnière ? Non, pour sûr... les saisons avaient passé et on aimait créer des légendes pour se faire peur. Quant à Etoile des Vents, elle avait eu une bonne raison pour s'en prendre au Clan des Flammes. Ce n'était pas une femelle sénile. Au contraire, elle était une figure digne de respect.

C'est à tout cela qu'elle pensait nostalgiquement en observant sa fille. Et elle ? Que dirait-on sur elle, des lunes après la fin de son règne ? Elle chassa ces sombres pensées. Pour l'instant, elle vivait. Et elle souhaitait le meilleur pour les siens, pour sa famille.