Larme des Fantômes ▬ But your ghost, the gost of you it keeps me awake

Histoire :

Un rayon de soleil réchauffa ma fourrure et j'ouvris les yeux. Mes paupières me semblaient lourdes, comme faites d'acier, et il me fallut user d'une force incroyable pour les garder ouvertes.

« Bordel, j'ai l'impression d'avoir dormi une lune ! » pestai-je en tentant de me relever.

Je fus plaqué au sol par une force plus puissante que la mienne. Son odeur me semblait très vaguement familière sans que je ne puisse deviner à qui elle appartenait, comme si je l'avais connue étant un tout petit chaton. Mon regard dériva de gauche à droite : je me trouvais dans un grand espace, qui semblait être une tanière, avec des tas d'herbes de toutes les tailles, de toutes les couleurs et de toutes les odeurs, allant de la plus douce à la plus amère qui étaient entreposées. Où étais-je ? Pourquoi m'étais-je réveillé ici ?

Je reportai mon attention sur le chat qui m'avait forcé à me rallonger. C'était une femelle ; elle avait une expression à la fois assez douce et accueillante, et en même temps soulagée.

- Calme-toi, Larme des Fantômes. Tu as reçu un gros coup à la tête. Il faut que tu te rep..., commença-t-elle avec un ton doucereux.
- Je m'en fiche de me reposer, grognai-je plus sèchement que je ne l'aurais voulu. Qui es-tu ? Et qu'est-ce que je fous ici ?

La chatte me regarda avec une expression d'incompréhension et de perplexité. Une infinie tristesse voila son regard. Quoi ? C'était mal de poser une question peut-être ?

- Larme des Fantômes... tu ne te souviens pas de moi ?
- Navré, répondis-je, même si en aucun cas je n'étais désolé. Tu es qui ? Je suis censé te connaître ? Je ne me rappelle de rien...

Mon souffle se brisa, comme une vague contre un rocher, en un million de gouttes d'eau. Ce que je venais de dire m'avait échappé, et malheureusement, c'était vrai. Je commençai à fouiller dans les décombres de ma mémoire meurtrie et fis l'inventaire de ce que je savais, en essayant de garder mon sang froid. Mon nom : Larme des Fantômes. Le fait que j'avais très mal au crâne. Et... c'était tout. Je n'avais aucune idée de qui était la chatte couleur givre en face de moi, en quoi elle me connaissait, ce qu'était cet endroit et ce qui m'était arrivé. Je ne savais même plus quel âge j'avais. Une bouffée d'angoisse m'envahit. Qu'avait-il bien pu se passer pour que j'oublie tout ? Dans quel monde de fous avais-je débarqué ?

- Je suis Cristal Miroitant... ta compagne. Tu es sûr que tu ne te souviens pas de moi ? dit-elle d'une voix si tremblante que n'importe quoi aurait pu la briser.

Cette simple phrase me fit l'effet d'une bombe. Je sentis un lourd poids au cœur. Cette chatte... Cristal Miroitant ? C'était ma compagne ? Impossible... je ne ressentais rien pour elle. Elle était jolie, certes, mais je n'en étais pas amoureux. Comment était-ce possible ? Je ne comprenais pas...

- Je suis désolé, dis-je en secouant la tête. Je ne me souviens pas de toi.

Cristal Miroitant étouffa un gémissement. Elle lâcha un petit bruit incompréhensible et s'engouffra hors de la tanière. Je me mis debout et tentai de tenir sur mes pattes tremblantes, mais c'était difficile ; quoi qu'il m'ait arrivé, cela m'avait beaucoup affaibli. Je fis quelques pas hésitants et, une fois que je me fus assuré que je ne tomberais pas, je sortis de la tanière.

Dehors, il faisait beau. Le soleil était haut dans le ciel. Je m'immobilisai juste devant l'entrée de la tanière que je venais de quitter ; il y avait là des tas de chats, tous différents, de tailles et de couleurs mélangées. Ils vaquaient chacun à leurs occupations, marchaient dans une grande clairière qui comportait d'autres tanières semblables à celle où je m'étais réveillé. Certains mangeaient, d'autres sortaient, et d'autres encore revenaient avec une souris ou une autre proie dans la gueule. Ce n'est qu'à cet instant-là que je pris conscience que je mourrais de faim. Je tournai la tête vers la pile où étaient entreposées d'autres proies, et c'est là que je la vis. Cristal Miroitant.

Je m'approchai d'elle de ma démarche peu assurée, mais des félins me virent et poussèrent de cris de joie ; ils semblaient tous très heureux de me voir réveillé. Ils s'approchaient de moi, me couvraient de questions et de coups de langue, alors que j'essayais de les éviter pour rejoindre mon objectif : Cristal Miroitant. Celle-ci me vit et baissa la tête, mais je pus voir que ses yeux bleus étaient emplis de larmes.


2nde partie UC