« Elle est la fée accoucheuse des rêves »

Petit préambule

Cette histoire porte sur deux de mes personnages, qui ne seront jamais joués sur un RPG, car leurs caractères divergent trop fort du mien. Cependant, je trouvais ça triste de garder cette histoire dans un placard alors que j'en suis fière.
Je mets en garde quiconque serait tenté de plagier une partie ou l'intégralité de l'histoire( mais je ne mets bien sûr pas d'embargo sur le nom de Mab quand bien même je serais frustrée de le voir repris aussi sec ) que je suis très méchante quand on me plagie :). Mais si jamais vous osez vous abaisser à ça, ne vous inquiétez pas, je vous retrouverai :) :).

PARTIE I : MAB

« She's a Killer Queen »

« Oh, comme elle est belle, ta petite, Pelage de Printemps …
- Merci, Fleur d'Hiver.
- Comment tu vas l'appeler ?
- Hm, je ne sais pas … »

Elle l'observa tendrement, penchant la tête d'un côté, puis de l'autre. Elle savait que le nom qu'elle prononcerait serait le dernier pour l'enfant, celui qu'il porterait toute sa vie. Malgré la gravité de la situation, la nouvelle mère n'hésita pas un instant.

« Mab.
- Pardon ?
- Mab. Elle a des allures de princesses, et elle ne tardera pas à être reine si elle grandit avec un visage si adorable.
- Mais, Pelage de Printemps ce n'est pas …
- Pas dans nos traditions ? Je sais. Mais si ça ne convient à personne ici, je prendrais congé de ce Clan. Elle ne peut être exceptionnelle qu'avec un nom exceptionnel. Je veux un avenir fabuleux pour elle.
- Voyons, renonce à ce nom idiot et reviens à la raison, Pelage de Printemps, tu ne peux pas …
- Si, je peux, Fleur d'Hiver. Et je vais te le prouver. »

La reine écarta avec douceur sa sœur, et se dirigea vers l'entrée de la pouponnière.

« Tu es folle ! Ta petite n'a que deux jours, attends au moins demain le temps de …
- Le temps d'entendre encore vos jérémiades ? Il n'en est pas question.
- Sois raisonnable, pour l'amour du ciel !
- Je ne veux pas finir vieille fille et aigrie comme toi, Hiver. Adresse mes plus sincères salutations au Clan, je n'aurais pas pu arriver jusqu'ici sans lui, mais cette grande famille ne me convient plus. Ne t'inquiètes pas, je te donnerai de mes nouvelles.
- Papa et maman n'auraient pas …
- Papa et maman sont morts et n'ont plus rien à dire. Je n'ai beau avoir que quarante lunes, je sais exactement où je vais, contrairement à certaines âmes peinées qui errent ici. Ce lieu ne me convient plus, mais ne doute jamais que je l'ai aimé de tout mon cœur. »

Elle s'inclina avec déférence. Pas une reine n'esquissa de geste pour la retenir. Tout le monde savait bien qu'aussi intelligente et douce qu'elle était, cette femelle était incroyablement bornée. A l'aube, elle était partie, et tout le Clan était au courant de la nouvelle. Les murmures malveillants se répandaient sur la place du campement.

« Oui, c'est terrible, Fleur d'Hiver est atterrée ! Et elle a emmené sa pauvre fille dans sa folie, personne n'a osé s'opposer ... »

Jamais plus on ne voulut de cette traître et de sa descendance sur les terres du Clan du Tonnerre.

* * *

Pelage de Printemps s'installa à l'orée de la forêt, non loin des nids de Bipèdes. Elle ne ressentait aucune honte à cela, et prenait la possibilité de voler les Bipèdes en cas de pépin comme une opportunité à ne pas manquer. Elle éleva son unique enfant avec amour et respect.

« Ma petite fée, tu seras la plus belle et la plus charmante d'entre toutes, je te le promets. »

Elle lui dévoilait les richesses de la nature, avec la douceur de cent mères, et lui apprit qu'elle était magnifique, et que toutes voulaient lui ressembler. Bien qu'elle n'eut personne personne d'autre que sa mère pour lui affirmer de telles choses, Mab eu la bonté de la croire sur parole. Plus elle poussait, et plus elle devenait aussi jolie que sa mère l'avait prédit. Cette dernière était en extase devant la beauté de sa fille, et louait le Clan des Étoiles pour lui avoir livré un si beau cadeau.

« Tu es belle, Mab.
- Je sais, maman, tu me le dis tout le temps.
- Il ne faut jamais que tu l'oublies. Même si d'autres personnes disent le contraire.
- D'autres personnes ne pensent pas comme nous ?
- Certaines personnes disent des choses qu'ils ne pensent pas juste pour avoir le plaisir de blesser. N'écoute pas ces idiots, Mab. Tu es belle.
- D'accord.
- N'oublie jamais non plus d'être modeste, et de ne pas te vanter, cela ne t'amènera que des ennemis. »

Mab ne l'écouta pas vraiment sur ce dernier point. Puisqu'elle était jolie, pourquoi priver les autres de sa beauté ? Cela ne pouvait que leur faire du bien. Et être belle ne pouvait qu'être bénéfique à elle comme aux autres.

La petite grandissait, encore et encore. Elle fut en âge d'apprendre à se battre et à chasser, bien qu'elle n'en vit pas l'intérêt. Son but était d'être jolie en toutes circonstances. Elle valait bien la peine d'être nourrie et défendue, non ? Cependant, pour ne pas heurter les sentiments de sa mère, elle mit de la bonne volonté à l'entraînement corsé que sa mère lui fit suivre.

« Maman, pourquoi se battre ?
- Je ne sais pas.
- Alors pourquoi m'apprendre à me battre ?
- Parce que des félins malintentionnés pourraient vouloir t'attaquer.
- Pourquoi ?
- Parce qu'ils sont malintentionnés, Mab.
- Mais c'est idiot. Ils ne m'attaqueraient jamais.
- Comment peux-tu le savoir ?
- Je suis trop jolie pour ça, maman. »

Pelage de Printemps prenait cela pour de l'humour, mais Mab n'était jamais aussi sérieuse que lorsqu'elle parlait de sa beauté.

La mère de Mab vieillissait. Mab, quant à elle, entrait dans la fleur de l'âge, et ses yeux faisaient sentir à tout être dont elle croisait le regard qu'il ne lui arrivait pas à la cheville. Aveuglée par tout ce qu'elle avait fait pour Mab, Pelage de Printemps ne vit pas ce qu'elle devenait. Elle était trop amoureuse de cette enfant de la nature, élevée loin des mentalités obtuses des Clans, avec pour seul guide sa mère et son libre-arbitre. Elle ne voyait pas qu'elle devenait l'opposé de ce que la reine vieillissante avait toujours souhaité pour elle.

* * *

Mab, vers ses vingt lunes, vit sa mère tomber malade.

« N'y a-t-il rien qui puisse te sauver, maman ?
- Je crains que non, Mab.
- Donc tu vas mourir ?
- C'est l'idée. »

Elles ne dirent rien. Mab attrapa quelques plantes et les glissa dans la gueule de sa mère, qui les mâcha sans vraiment y croire.

« Mais tu es grande, maintenant. Tu peux voler de tes propres ailes.
- Je n'en doute pas.
- Je t'aime, Mab.
- Moi aussi, maman. »

Pelage de Printemps s'éteignit doucement dans son sommeil quelques jours plus tard, l'âme en paix. Elle était certaine d'avoir créé un être merveilleux, qui serait aimé de tous.
Mab n'avait jamais eu le courage de briser tous les espoirs de sa mère, mais sentait un poids s'ôter de ses épaules. Elle pourrait se comporter comme bon lui semblait sans faire de peine à celle qui l'avait élevée avec tant d'amour.

* * *

Elle ne quitta pas les environs des nids de Bipèdes.
Elle se hasardait de plus en plus dans les entrailles de la ville, où elle rencontrait les pires rebuts de l'humanité. Elle flirtait avec eux, comme pour défier les limites de l'acceptable, puis, une fois qu'ils étaient tombés amoureux de la fée pleine de vie, elle s'envolait comme un mauvais rêve. Mab était de ces filles qui séduisaient pour le plaisir de voir l'espoir s'allumer dans des yeux que la flamme agitée de la vie avait quittés depuis longtemps. Ensuite, elle écrasait la flamme entre ses doigts, et se riait des illusions que s'étaient construits les félins, avec un rire tonitruant d'ogre prêt à entamer son repas.

Mab était désormais cet être désiré et craint à la fois, un brasier dansant dont on n'osait pas s'approcher de trop près, mais qu'on aimait admirer à distance. Elle passait le plus clair de son temps à hanter les bas-quartiers de la ville des Bipèdes, aussi, lorsqu'elle fut lassée de ses petites expériences sur les chats des villes, elle s'attaqua à la forêt. Peu de félins la connaissaient, et elle eut le plaisir voluptueux de faire l'effet d'une bombe chez certains.

L'aspect interdit des relations entre solitaires et chats de Clans ne fit qu'enthousiasmer plus encore la femelle, ravie de briser les règles et les cœurs. La plupart de ses prétendants n'osaient pas dévoiler leur relation à leurs proches, de peur d'être jugés, hués, et de faire la honte à leur Clan. Mab s'en réjouissait, mais rien n'égalait la joie qu'elle éprouvait lorsqu'elle apprenait qu'effectivement, certains de ses amants s'étaient retrouvés dans l'embarras à cause d'elle.

Mais elle fit un jour une rencontre spéciale, en tombant sur une patrouille qui contenait un de ses prétendants. Celui-ci la regardait dans les yeux, pour se donner contenance, mais elle voyait bien qu'elle était la dernière personne qu'il aurait souhaité croiser en compagnie de ses pairs. Elle eut un sourire délicieusement cruel, et s'adressa avec une grande courtoisie au meneur de la patrouille.

« Bien le bonjour, chats du Clan du Tonnerre.
- Que fais-tu sur nos terres, solitaire ? Ne sais-tu donc pas que tu es interdite de séjour ici ?
La politesse veut que l'on se présente avant d'agresser quelqu'un de la sorte.
Heureusement que votre amie a cité votre nom, sans quoi je me serais sentie blessée.
- Ne joue pas avec nos pieds, tu n'es pas en position de force !
- Et vous oseriez abuser de cette supériorité pour attaquer une innocente demoiselle comme moi ? J ne demandais rien de plus que des présentations en bonne et due forme …
- Je vais te … »

Le dénommé Cri du Hibou était prêt à se jeter sur la solitaire, les poils hérissés, mais une femelle de la patrouille brisa les rangs et s'interposa, calme et mesurée.

« Rien ne sert de t'énerver, Cri du Hibou. Elle ne partira pas sans ses foutues présentations. »

La guerrière fit un pas en avant, l'air digne et sûre d'elle.

« Je me présente, je m'appelle Fleur d'Hiver. »

Mab eut un sourire plus large encore. Elle savait exactement qui elle était, et ce, depuis le début.

« Fleur d'Hiver ? Je connais ce nom …
- Ah, vraiment ? Comment t'appelles-tu, jeune fille ? »

Surexcitée, la solitaire laissa pourtant planer un silence de quelques secondes, savourant d'avance l'effet explosif de son annonce. Elle lâcha enfin une phrase calculée à la virgule près.

« Je m'appelle Mab. Je suis la fille de Pelage de Printemps. »

* * *

Elle s'asseyait avec un calme expert. Elle savait ce qu'elle faisait. Chacun de ses gestes était calculé. Mais une surprise amère l'attendait, et, dans son orgueil suffisant, elle ne se rendait pas compte qu'elle courait à sa perte.

« Suis-moi.
- Où m'emmènes-tu ?
- Tu le sauras bien assez tôt.
- Je dois t'avouer ne pas être avare de surprises, donc si tu consentais à me dire où nous allons ... »

Tout en parlant, Mab détaillait les félins qui la dévisageaient, avec des murmures mécontents.

« On va voir ton frère. »

Son sourire délicatement composé se fractura. Un tout petit peu, presque imperceptiblement, mais il ne lui était jamais arrivé de tomber des nues de la sorte.

« Mon frère ?
- Tu n'étais pas au courant ?
- N … Non, ma mère ne m'en a jamais parlé ... »

Mille pensées passaient à travers sa tête. Un frère ? Pourquoi n'en avait-elle jamais entendu parler ? Qui était-il ? Elle recomposait son sourire, et arriva avec une mine réjouie au seuil de la tanière des guerriers.

« Fou de Bassan ? Tu es ici ?
- Fleur d'Hiver ? Qu'y a-t-il ?
- J'ai quelqu'un à te présenter.
- Bonjour, Fou de Bassan. »

Avec une courbette élégante, Mab s'inclina légèrement devant lui.

« Qui est-ce ? Elle a l'odeur d'une solitaire. Nous n'avons pas le droit de ramener d'inconnus au sein du campement sans l'accord du chef, Fleur d'Hiver. Tu devrais mieux le savoir que moi, non ?
- Mais c'est un cas un peu … spécial aujourd'hui. Viens avec moi.
- Peux-tu me dire ce qu'il se passe ? Je n'aime pas que tu me caches des choses ainsi.
- Viens, ne discute pas …
- Je ne viens pas tant que tu ne m'expliques pas.
- Fou de Bassan ... »

Fleur d'Hiver prit une grande respiration. D'anxieuse, Mab était passée à surexcitée.

« Voici Mab. Ta sœur. »

Cette dernière s'attendait à quelque chose de grandiose qui flatterait son ego. De grands yeux illuminés qui s'agrandiraient, une expression extasiée qui se peindrait sur son visage. Rien de tout cela. Le guerrier parut uniquement encore plus froid, distant. Elle crut même déceler un air mécontent sur ses traits qu'il tentait de garder impassibles.

Fleur d'Hiver, décelant l'ambiance qui devenait lentement électrique, décida d'intervenir avant que l'orage n'éclate.

« Je pense que nous avons besoin de parler, mais pas ici. Suivez-moi.
- Après toi ... Mab.
- Tu es trop aimable, Fou de Bassan. »

Aussi hypocrites l'un que l'autre, leur façon de prononcer leurs noms respectifs ressemblaient plus à des insultes qu'à des appellations.

* * *

« Alors, tu es ma sœur.
- Il paraîtrait, oui. »

Ils se jaugeaient, se détaillant de la tête aux pieds en tentant de voir jusqu'où l'autre pouvait encaisser des piques acerbes. Quand on les voyait l'un face à l'autre, on ne pouvait pas douter d'un lien de parenté. Leurs yeux vert feuille se croisaient avec un air mauvais.

« Tu as bien connu ma mère ?
- Notre mère.
- Qu'importe !
- Tu es bien susceptible, dis-moi !
- Tu te comporterais de la même manière si une erreur comme toi voyait le jour et te dérobais ta mère du jour au lendemain !
- Oh, parce que ma naissance t'a volé notre chère maman, Fou de Bassan ?
- Tu n'as pas idée de ce que j'ai vécu. Tu es vraiment aussi stupidement suffisante que tu en as l'air. »

Ils se toisèrent un instant, puis Fou de Bassan reprit la parole, crachant ses mots sur la solitaire.

« Tes mots sont comme des sifflements de serpent entre tes dents. Tout ce qui sort de ta bouche est calculé, tout est prémédité. Tu es une horloge dont chaque aller et chaque retour correspond à une machinerie mesurée au millième de seconde près. »

Elle haussa les épaules, peu touchée par les remarques de son frère.

« Comment peux-tu si bien me connaître alors que tu n'avais jamais vu mon visage avant aujourd'hui ?
- Je lis dans tes gestes comme un livre ouvert parce qu'on est pareils, Mab.
- Grand bien m'en fasse ! »

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A continuer !

Oh, merci beaucoup ! c:
Je continuerai ça pendant les grandes vacances ! J'ai déjà une idée de chute mais je sais pas trop comment y arriver :I.