Ce n'est pas le doute, c'est la certitude qui rend fou. - Perle de Miel [27/12]

Histoire :

Dans son enfance, Petit Miel n’aimait pas nouer des liens trop forts, car elle craignait les voir s’effriter au fil du temps ou devenir ambigus. Ce dont elle se souvient, c’est cette relation forte avec Museau Sablé, qu’elle entretient d’ailleurs toujours. Et qu’il y avait cette barrière avec ses parents, elle ne savait pas trop s’ils étaient heureux qu’elle vive, qu’elle soit leur fille. Mais bon. Cela ne comptait plus vraiment, c’étaient de braves félins avec des mœurs légères, mieux valait suivre celles du troupeau.
Au cours de son apprentissage, Nuage de Miel apprit qu’il y avait différentes sortes d’esprits : ceux qui ne se posaient pas de questions, et ceux qui réfléchissaient trop. De toute évidence, il valait mieux éviter d’être classé dans la première catégorie, quoique cela en arrangeât bien le meneur. Si ses sujets le suivaient sans coup férir, tout allait bien. L’apprentie se disputait rarement avec son mentor, ce n’était pas un bon penseur ni un parfait imbécile, il semblait avoir trouvé le juste milieu. Si bien que son cœur resta comme prisonnier des fers de ce matou pendant quelques lunes, et même peu après son baptême de guerrière. Il lui arrivait de regarder ses parents et de se demander « Comment ? Eux, ils ont trouvé l’harmonie mutuelle, ils ne semblent pas se poser de questions ; comment font-ils ? » il semble que ces questionnements demeurent en suspens, car de toute évidence la chatte ne connaissait rien de ces valeurs, trop abstraites. Avait-elle encore de la passion envers ce preux mentor ? D’ailleurs, d’où sort cet adjectif ? Elle ne sait rien de lui. Elle ne l’a pas vu combattre dans de réelles circonstances… peut-être choisirait-il au contraire la reddition, en tout penseur médiocre dont les griffes ne servaient qu’à limer l’écorce des arbres et se planter dans la chair des proies. La femelle n’était pas en capacité de juger une telle chose, sa place dans la hiérarchie ne lui permettait guère de remettre en question les qualités guerrières d’autrui. Et puis, cela retomberait forcément sur elle, comme une gerbe d’eau bouillante ou glacée. La vengeance est omniprésente, les chats sont rancuniers, elle n’est pas sans le savoir. Mais ceux qui pensent trop, alors, ont-ils le sens de la mesure ? Peut-être qu’elle-même se pose trop de questions, qu’elle devrait arrêter et suivre le troupeau, les idéaux de son Clan, les idées de sa meneuse, à qui elle donne une confiance complète et aveugle. Peut-être que, oui, c’était la meilleure solution. Mais quoi qu’il en fût au final, elle savait qu’elle ne remettrait jamais en question les valeurs du Clan de la Neige.