Les grands de demain (avec Petite Tempête)

Sa mère avait tenu à le récurer pendant une demi-heure, afin qu'il soit propre, et déjà, il ne rêvait plus que de se rouler par terre, rien que pour qu'elle comprenne que non, il n'aimait pas qu'on le force à être propre et que d'abord, c'était trop injuste. Sitôt qu'il fut sur ses quatre pattes, il eut un regard presque fourbe qu'elle comprit immédiatement.

" Petit Cygne, je t'ai à l’œil. " l'avertit la reine blanche. C'était presque une menace, ça. " Mais j'ai rien fait, pour le moment ! "

Faisant semblant d'être indigné qu'on ne lui accorde toujours aucune confiance, il s'éloigna d'elle sans la regarder, à la recherche d'une de ses sœurs, de quelque chose, de quelqu'un, pour passer le temps. Un chaton comme lui ne passait jamais plus d'une demi-seconde avant de trouver quelque chose à faire. Ce laps de temps lui permit en fait de remarquer que Petite Tempête se réveillait. Et d'un seul coup, ses petits yeux gris étaient illuminés par une idée de génie.

Il s'avança, faussement innocent, vers l'endroit où se pelotonnait encore la petite.

" Dis dis dis Petite Tempête ! T'es bien calme ! C'est louche ! " s'exclama-t-il assez fort pour que sa mère entende. Mais derrière lui, il n'entendit rien d'autre qu'un éclat de rire. Sa mère avait probablement compris qu'il essayait simplement de détourner les soupçons vers une autre petite, qui, à peine née, s'annonçait déjà presque aussi remuante que lui.

Spoiler:

Les lapins volaient. Ébahie, Petite Tempête les regardait passer devant ses yeux, la bouche grande ouverte et les yeux ronds, comprenant que quelque chose ne tournait pas rond. D'un coup de patte brusque, la petite femelle blanche tenta d'attraper l'animal, mais celui-ci disparu à son contact ; offensée à l'idée que l'animal eut fuit si lâchement, la petite grogna et se tortilla, son museau rencontrant soudainement le sol de la pouponnière. Les paupières de la chatonne s'ouvrirent d'un coup et elle se redressa tant bien que mal, hors du nid dans lequel elle s'était pourtant couchée la veille, un filet de bave aux lèvres. Oups, l'odeur du lapin était carrément trop tentante …

S'essuyant la bouche avec l'aide de sa patte avant, Petite Tempête bailla un grand coup et s'étira, pour bien se réveiller. Inspectant la pouponnière de l'œil, elle remarqua la fourrure noire et blanche de Petit Panda, roulée en boule dans le nid, seule. Visiblement, Étoile Arctique les avait déjà quittées pour répondre à ses tâches de meneuse. Petite Tempête soupira, prête à escalader le nid pour réveiller sa sœur : hors de question qu'elle reste seule, elle s'ennuyerait bien trop ! Et puis la bicolore pourrait bien faire la mécontente, il lui suffirait de faire sa tête désolée quelques instants avant de la chahuter puisque "de toute façon elle était debout maintenant".
Alors qu'elle s'apprêtait à escalader la paroi de faible niveau que représentait le nid, la jeunette fût interrompue par un chaton bien plus imposant qu'elle ; Petit Cygne. Presque en âge de passer apprenti, il la dominait d'une bonne tête par la taille, ce qui n'intimidait pourtant pas du tout la petite boule d'énergie blanche.

— Dis dis dis Petite Tempête ! T'es bien calme ! C'est louche !

— Bah toi t'es bruyant par contre !, elle baissa la voix pour que la maman de Petit Cygne ne l'entende pas, J'allais réveiller Panda mais en fait c'est bon du coup, toi t'es debout … On peut faire quoi de drôle ?

" Bah toi t'es bruyant par contre
- QUOI ?! C'est pas vrai ! " protesta-t-il, un peu fort. Mais la petite reprit :

" J'allais réveiller Panda mais en fait c'est bon du coup, toi t'es debout … On peut faire quoi de drôle ? "

Elle voulait jouer et ça le faisait un peu oublier son indignation, parce qu'il ADORAIT jouer. Mais en même temps, jouer dans la pouponnière sans réveiller ni énerver les autres... c'était tout un art. Petit Cygne n'avait jamais peur de faire du bruit, mais il n'avait pas envie que sa mère, après l'avoir ENFIN lâché, le reprenne de nouveau. Ça, non, non, non !

Il parcourut donc des yeux la pouponnière en quête de quelque chose de moins... puni... que la bagarre. Mais il ne trouva pas.

" AAAAA L'ASSAAAAAUT ! " lança-t-il en se précipitant, par petits bonds qui se voulaient intimidants, vers la petite. " Le premier qui pique la queue de l'autre a gagnéééééé ! "

Il inventait les règles à une vitesse folle, mais les oubliait à une vitesse presque aussi folle. Parce que quand il se précipitait sur Petite Tempête, il ne cherchait pas sa queue, il essayait plutôt de... lui chatouiller le ventre.

Elle regardait son camarade d'un air vraiment vraiment mécontent tandis qu'il lui hurlait dans les oreilles. Ah, il allait le lui payer !
Avec un temps de retard, parce qu'il n'était pas une lumière, il s'arrêta de beugler pour chercher une idée de jeu. Petite Tempête recula de quelques pas, par précaution, songeant avec sérieux à l'hypothèse ou son jeu serait justement de continuer à hurler. Heureusement qu'elle s'était décalée, d'ailleurs, car si le jeu de Petit Cygne n'était pas ce qu'elle avait craint, il l'annonça en hurlant encore plus fort qu'avant, sous le regard fatigué de sa mère. Petite Tempête jeta un regard faussement désolé à la femelle ; après tout, il lui arrivait bien souvent de se trouver dans la position du petit mâle gris-blanc. Son regard dura à peine plus d'une demi-seconde, puisque son camarade ne tarda pas à se jeter sur elle.

— AAAAA L'ASSAAAAAUT ! Le premier qui pique la queue de l'autre a gagnéééééé !

Il parlait avec assurance, comme si il était sûr de pouvoir emporter la partie ; le sang de Petite Tempête ne fit qu'un tour et elle se jura que coûte que coûte, elle devait gagner. Il était là, juste à coté, la dominant par la taille d'une bonne demi-tête. Si la vivace femelle blanche était désavantagée, elle ne renonçait pas, montrant résolument sa tête et éloignant sa queue du danger.
Il la renversa sans grande difficulté, se ruant alors sur son ventre ; Manœuvre traître de l'ennemi ! Petit Cygne la chatouillait tandis qu'elle donnait de grands coups de pattes à l'aveuglette pour le faire reculer. Ça ne réussissait pas réellement et Petite Tempête s'infligeant autant de coups qu'elle n'en donnait à l'autre petit ; pourtant, alors qu'il aurait pu le faire facilement, il ne se saisissait toujours pas sa queue. Le félin gris semblait avoir totalement oublié l'objectif qu'il avait lui-même fixé.

— La … lâche-moi ! *hihi* Arrête !

À force de de tortiller, elle fini par échapper au poids de son adversaire et se redressa, lui faisant face. Petite Tempête le jaugea du regard, tentant de déterminer la meilleure approche stratégique possible. Finalement, elle laissa tomber la stratégie, bondissant sur le museau de Petit Cygne. La femelle blanche laissait tomber à son tour l'objectif de la queue ; elle voyait plus grand, songeant maintenant à envoyer Petit Cygne au tapis.

Petite Tempête s'agitait comme une anguille, c'était difficile de l'empêcher de fuir tandis qu'il lui faisait des guilis-guilis, surtout qu'il riait lui aussi presque aussi fort que si on le chatouillait également. Bref, il s'y prenait comme un petit fou, s'attirant quelques regards désapprobateurs. " La … lâche-moi ! *hihi* Arrête ! " fit Petite Tempête. Goguenard, et lui aussi assez essouflé, il poursuivit avec un peu moins de fermeté, et finalement, son amie parvint à s'échapper et à se mettre debout face à lui.

Ils se regardèrent, silencieux, chacun se demandant sans doute lequel d'entre eux allait agir en premier. Petit Cygne reprenait son souffle, hilare comme un chaton qui jouait, et pas du tout méfiant. Il ne contint pas un petit cri de joie lorsque son amie se précipitait sur son museau, un cri un peu étouffé car on lui avait attrapé la tête. Mais il avait toujours ses pattes pour se débattre, sans violence mais avec énergie, et à l'aveuglette, il mordillait la petite femelle pour mieux la repousser.

Sa tête finit par ressortir tout à fait, et c'était l'oreille gauche de Petite Tempête qu'il léchouillait, essoufflé mais toujours infatigable, lorsque sa mère gronda, derrière lui, assez fort pour qu'il s'immobilise et comprenne qu'il ferait mieux de se calmer... " Petit Cygne, je te préviens, si tu continues d'embêter tout le monde, tu vas te prendre une telle raclée que personne ne voudra t'entraîner !
- ... mais ! " se retourna-t-il, pour jouer aux innocents. Mais lorsqu'il réalisa qu'il avait marché sur la patte d'une reine qui dormait peu de temps auparavant, il comprit qu'il faudrait abandonner cette idée. Aussi baissa-t-il les oreilles et lança-t-il, tout penaud : " Désolé. ". Ce faisant, il agitait sa queue sans faire attention, et sentit qu'elle touchait quelque chose. Du coup, il se retourna une seconde fois, reportant son attention sur Petite Tempête. Il fallait lui dire pardon, à elle aussi ?

Non ! Il y avait toujours quelque chose dans l'air qui rendait le petit espiègle. Il eut un petit sourire complice que sa mère ne pouvait pas voir, et chuchota, persuadé à tort d'être discret lorsqu'il chuchotait : " J'suis sûr qu'en fait, elle a hâte que je devienne un Nuage ! Elle dit ça juste pour me faire peur. "

Avait-il peur de devenir un nuage ? Peut-être que oui... Il ne savait pas tellement à quoi ça ressemblerait, le monde, sans les reines et les autres chatons. Mais ses sœurs lui avaient dit qu'elles deviendrait des nuages en même temps, alors bon... Il ne serait pas tout seul. Et puis il y avait toujours Nuage Sylvestre et les autres !

Spoiler:

Il se débattait comme un diable et elle eut toute les peines du monde à maintenir sa prise. Attachée à son coup, Petite Tempête se maintenait en contrant les attaques du félin grâce à ses épaules. Certains coups lui arrachaient des cris plaintifs, mais Petite Tempête n'en demordait pas pour autant, mordant les oreilles de son "adversaire" à plusieurs reprises tandis qu'il faisait de même.
Elle lâcha finalement prise, les pattes fatiguées ; sa détermination était forte mais son petit corps chétif ne suivait pas le mouvement. Plus tard , se promettait t-elle, je serais vraiment la meilleure.

Petite Tempête forçait Petit Cygne à arrêter de lui lécher l'oreille quand la mère de celui-ci recommença à s'énerver. Elle menaçait maintenant son fils de rester chaton pour le reste de ses jours, ne tenant pas compte du regard horrifié que lui jetait Petite Tempête, absolument pas au courant qu'un tel moyen de torture puisse exister.
Était-ce du bluff ou la vérité ? Jamais Étoile Arctique ne lui avait dit une telle chose et jamais non plus elle n'avait entendue l'histoire d'un chaton de vingt lunes chez anciens. Pourtant, si personne ne voulait d'eux, ils leurs faudraient bien demeurer chatons …

— J'suis sûr qu'en fait, elle a hâte que je devienne un Nuage ! Elle dit ça juste pour me faire peur.

Sans vouloir l'offenser, Petite Tempête doutait des paroles du félin gris. Après tout, il était le seul de sa portée à ne pas pouvoir sortir de la pouponnière sans surveillance et elle-même avait déjà réussie à s'y extraire seule et de nuit. Bon, la partie où elle tombait entre les pattes de Machine Couceuvre était moins glorieuse.

— EH ! J'espère qu'on peux pas être chaton tout le temps de toute la vie ! J'veux pas moi.

Puis, comme elle avait vraiment bien retenue les paroles de la féline, elle se rejeta au cou du chat gris et blanc, les poils en batailles comme jamais. Peut-être fallait-il en fait prouver sa bonne volonté pour passer au stade supérieur ? Dans ce cas, elle allait le faire en terrassant son camarade de jeux. Elle emporta le félin dans son élan et les deux roulèrent vers la sortie.

— AIEUUUHHHH ! Fit la petite féline lorsque son dos butta contre un gros caillou. Mais avouer sa douleur, c'était pas cool du tout. J'AI MÊME PAS MAL !

" EH ! J'espère qu'on peux pas être chaton tout le temps de toute la vie ! J'veux pas moi. ", réagit Petite Tempête. Cette idée inquiéta bizarrement le jeune fanfaron, qui se mit à regarder autour d'eux, plus nerveusement. " Pourtant regarde, ma maman, elle est encore dans la pouponnière alors qu'elle est grande. "

Et alors qu'il réfléchissait, ce qui exigeait chez lui une concentration et une attention qu'il avait beaucoup de mal à rassembler, Petite Tempête l'interrompit par une sournoise attaque-surprise, et aussitôt il retrouvait son rire insouciant, et juste après il essayait de riposter, et finalement, ils roulèrent jusqu'à se retrouver à la sortie de la pouponnière, lui exténué mais joyeux, et elle, plus tendue, tout à coup.

" AIEUUUHHHH ! " s'exclama-t-elle sans qu'il comprenne pourquoi. C'était un signal d'alarme. Si sa mère voyait qu'il était en train de jouer avec elle au moment où elle se faisait mal, il était cuit. Et s'il était improbable qu'elle ait relâché leur surveillance au moment où leur jeu avait repris, il décida quand même de se relever brusquement et de s'éloigner encore un peu plus dehors, pour que quelqu'un qui surveille Petite Tempête ne puisse pas le voir lui.

Elle comprit rapidement le problème puisqu'elle se corrigea assez fort pour que les reines entendent : " J'AI MÊME PAS MAL ! "

Et alors seulement, Petit Cygne se détendit. Ils étaient devant la pouponnière, c'était même l'endroit où d'ordinaire, sa maman l'emmenait pour qu'il aille creuser son trou et être propre. Ça ne sentait pas très bon, mais c'était quand même dehors. Tellement mieux qu'à l'extérieur.

Une grande guerrière que le gamin n'avait jamais vue passa à côté d'eux sans les regarder. Vraiment très grande, presque aussi grande que le père de Petit Cygne.

" Wouaaaaaaaah ! " lâcha-t-il, l’œil brillant, ne pouvant contenir son enthousiasme. Il n'en fallait décidément pas grand-chose pour l'épater. " Je suis sûr que Flamme Rousse il serait très gentil avec elle. " reprit-il ensuite, ingénu.

La guerrière, si elle les avait remarqués, faisait superbement bien semblant de ne pas réagir. Elle était en fait plutôt vieille, et son pelage, qui manquait par endroits à cause des puces sans doute, n'aurait probablement pas retenu l'attention de l'ami de Petit Cygne.

" T'imagine si c'est mon mentor ? " lança-t-il ensuite à Petite Tempête, sans qu'on puisse vraiment savoir s'il parlait de la guerrière qui s'était éloignée, de Flamme Rousse dont il avait parlé auparavant ou bien de Danse du Cerf, qui s'approchait d'eux, à cette heure où le Clan était très animé.

Spoiler:

Se dressant de toute sa taille, la minette blanche remarqua que son objectif avait été remplit. Accompagnée de Petit Cygne, elle se trouvait pile poil devant l'entrée de la pouponnière. Jetant un regard en biais à son ami, lequel avait un air ébahit étalé sur la face, Petite Tempête s'amusa de sa réaction. C'était étrange, alors qu'il avait deux lunes de plus qu'elle, qu'il soit bien plus ébahit.
Pour une fois, son camarade ne remuait pas autant, bien trop occupé à décortiquer le campement du regard. Petite Tempête soupira devant l'admiration bien trop prononcée qu'il avait pour chaque guerrier du clan ; elle ne les trouvaient pas si extraordinaires et même plus banals dans leur genre. Après tout, tout chaton devenait apprenti, tout apprenti devenait guerrier. Ainsi, ceux qui passaient ici n'étaient nullement extraordinaires.
Mais il s'agissait de son clan et de chats qui, s'il le fallait, risqueraient leurs vies pour s'entraider. Pour cela, elle leur devait le respect et l'obéissance, que ça lui plaise ou non.

— … t'imagine si c'est mon mentor ?

Petite Tempête n'avait pas entendue le début de la phrase de son ami et ne prêta pas vraiment d'importance à la fin. En plus, elle ne savait absolument pas de qui parlait le cygne, le nombre de guerriers allant et venant dans la clairière étant bien trop élevé.
À la place, elle continua sa réflexion. Elle aussi voulait protéger tous les félins du clan des flammes, plus qu'en combattant simplement pour eux. Son regard se porta sur le promontoire.

— Si un jour je suis chef du clan, je me demande qui sera mon lieutenant., commença la blanche. Enfin j'espère pas que maman meurt, hein !

Il attendait impatiemment que sa copine réagisse à la vue du spectacle de tant d'incroyables guerriers qui se promenaient dans le camp sans que ni l'un ni l'autre ne soient vraiment capables d'expliquer pourquoi, et fut un peu dépité de comprendre que ça ne l'intéressait pas du tout :

" Si un jour je suis chef du clan, je me demande qui sera mon lieutenant. Enfin j'espère pas que maman meurt, hein ! "

En bon chaton vif et étourdi, il oublia en une seconde sa déception car elle laissait place à des images toutes plus fascinantes les unes que les autres ! Étoile de Tempête serait une sorte de Petite Tempête avec deux yeux pas-de-la-même-couleur comme Étoile Arctique, et elle serait un peu plus grande que la version "miniature" qui lui faisait face aujourd'hui.

Pour lui répondre, il fit semblant d'être choqué par sa question :

" Bah ! Bah quelle question ! Tu prends le plus costaud des guerriers ! Mais c'est pas sûr qu'il t'obéisse parce que bon, t'es qu'un chaton, quand même ! Alors que moi je suis PRESQUE apprenti alors il m'obéirait à coup SÛR ! "

Les yeux mi-clos, il ronronnait de plaisir pour s'être aussi bien venté. Les souvenirs de son jeu avec Étoile Arctique et Danse du Cerf lui restaient un peu dans la tête, et il était persuadé d'avoir beaucoup d'autorité et de charisme même si ça ne marchait pas avec sa maman, ses sœurs et tout le reste du Clan.

" EH ! D'ailleurs ! " coupa-t-il brusquement, alors que son propre ronronnement sans doute lui rappelait les nuits dans la pouponnière, où tous les chatons ronronnaient dans un doux concert lorsqu'il était l'heure de dormir. " Ça va être triste quand je serai plus là ! "

Il se rendait compte que sa place à lui serait vraiment vide, et ça l'effrayait un peu. Après tout, le monde au-delà de la pouponnière était encore bien mystérieux pour lui même s'il avait drôlement envie de le visiter.

" Faudra pas que tu leur laisses le temps de s'ennuyer et de regretter mon absence haha ! " rigola-t-il. Par "leur", il désignait toutes les reines qui semblaient n'avoir aucune préoccupation en tête mis à part de lui demander de se taire et de rester tranquille à chaque fois qu'il commençait à faire mine de bouger.

Spoiler:

C'est dépitée devant tant de stupidité qu'elle écouta la réponse enthousiaste de son camarade. Évidemment qu'elle ne comptait pas être chef tout de suite. Elle n'était pas encore apprentie, le temps n'était décemment pas venu de gouverner le clan des flammes ! Petite Tempête leva les yeux au ciel, l'idée qu'il serait sûrement apprenti avant elle malgré le peu de jugeote dont il était capable l'énervant étrangement. Heureusement que cet aspect de Petit Cygne était aussi amusant, comme elle en aurait marre, sinon !

- Moi je suis PRESQUE apprenti alors il m'obéirait à coup SÛR ! Elle lui décrocha un regard de travers, agacée qu'il insiste sur le point sensible. EH ! D'ailleurs ! Ça va être triste quand je serai plus là !

Petite Tempête lui tira la langue, se sauvant ensuite pour sa propre vie. Plutôt que de se prendre la tête sur des sujets aussi abstraits, qui n'arriveraient pas dans l'immédiat, pourquoi ne pas s'amuser comme ils le faisaient tout le temps ?
Pourtant, il fallait le reconnaître, un petit pincement venait de serrer le cœur de la petite enfant ; la vie sans Cygne et Perlée ne serait pas la même. Car, si Petite Tempête aimait sa sœur, Petit Panda, plus que tout, elle ne pouvait pas nier que les jeux avec ses aînés étaient bien plus palpitants et remuants.

Après avoir fait le tour de la pouponnière cinq ou six fois, Petite Tempête s'écroula finalement au sol en un rire aiguë. Son endurance était encore à améliorer, de même que sa vitesse ; les obstacles sur le chemin menant au sommet étaient bien nombreux.

- Quand même... vous passerez nous apprendre des trucs, hein ? Allez, s'te plait !

Spoiler:

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