Sois sage et tu deviendras un noble guerrier ! (avec Petit Cygne)

Petit Cygne sondait la combe des yeux. Il regardait tout ce qui se passait autour de lui. Cœur de Roc se trahit à émettre un petit ronron amusé. Le matou se demandait ce qu’il se passait dans sa petite tête. Il était féru de savoir mais ne se posait pas beaucoup de questions sur la véracité des informations qu’on lui donnait. Il était prêt à croire au même niveau les aberrances de ses sœurs et les histoires racontées par les anciens.

Le chaton regardait droit devant lui, dans le vide. Cœur de Roc tourna sa tête vers ce qu’observait le chaton. On pouvait discerner dans le noir quelques feuilles qui remuaient, des félins qui traversaient rapidement le camp. Finalement le petit sortit de son silence :

- On va voir quoi, tu penses ? Les guerriers ils font quoi quand il fait nuit ?

Le matou se tourna vers son fils, toujours aussi intrigué par le sombre. Il le couva d’un regard qui se voulait gentil, aimant. Enfin il espérait que c’était satisfaisant, ce n’était pas vraiment ses habitudes.
Après avoir lui-même réfléchi quelques instants à la question, il prit la parole pour répondre à son fils :

- La nuit, c’est au tour du Clan des Lumières de prendre soin de nous, alors les guerriers vont dormir. Ils n’ont pas besoin de voir car nos ancêtres veillent sur nous. C’est aussi simple que cela. Alors, certains sont de garde donc ils restent éveillés mais la plupart vont dormir.

Il réfléchit, observant le guerrier en faction ce soir-là.

- J’aime beaucoup garder le camp la nuit, c’est agréable le silence, le frais de la nuit.

Il baissa les yeux vers le chaton, Cœur de Roc n’était pas sûr qu’il ait quelque chose à faire de ce qu’il disait mais espérait qu’il s’en inspire un peu tout de même. Surtout du silence de la nuit. Cependant, Cœur de Roc apprécia ce moment avec son fils. Peut-être le chaton était trop fatigué pour l’irradier de tous ses flots de paroles habituels mais cela n’était pas trop mal.

- Tu es content de bientôt devenir apprenti ?

Le matou n’était pas sûr de bien s’y prendre avec son fils, ce n’était pas vraiment usuel pour lui de venir le voir et de discuter avec le morveux mais il profitait du calme rare du petit pour tisser les quelques liens qu’il avait tant aimé avoir avec son propre père. Si Cœur de Roc savait bien que Petit Cygne lui vouait une admiration en tant que guerrier et qu’il voulait l’impressionner. Le matou voulait être pour autant admirable en tant que père, et pour cela c’était à lui d’impressionner son fils. Pourtant, Cœur de Roc savait qu’il faillait souvent à cela, il n’avait pas vraiment toutes les clés en pattes pour devenir ce père si précieux. Chacun a ses défauts, le maine coon savait qu’il n’était pas un très bon père pour sa progéniture. Pourtant il faisait du mieux qu’il pouvait.

- Ben je sais pas... C'est vrai que quand on est apprenti on n'a plus maman avec nous ? "

Cœur de Roc baissa les yeux sur son fils qui sembla soudain se rendre compte de ce qu’il venait de dire, ses pupilles s’élargissant de honte.

- Tu répètes pas hein ! Ce que je viens de dire !

Le mit-en garde le chaton en rugissant come un petit lion. Ses yeux lançaient des éclairs, comme si le matou venait de se moquer de lui. Cœur de Roc se rappela sans mal l’époque où lui-même essayait d’échapper à sa mère. Dès ses quatre lunes, il n’avait qu’une seule hâte : rejoindre la tanière des apprentis. Pourtant c’était lui qui dormait au plus près de sa mère la nuit. Finalement son visage se radoucit et il reprit :

- D'abord je suis sûr que je peux veiller le camp avec toi sans maman.

Cœur de Roc ria intérieurement, il le voyait déjà battre des yeux de fatigue. Il ne tiendrait pas une seconde de garde. Il donna un petit coup de patte dans l’épaule de son fils pour le taquiner en ronronnant.

- Quand tu seras un guerrier, on veillera ensemble si tu veux.

Cœur de Roc s’imaginant partageant un moment de silence, de repos avec son fils. Pour le moment cette idée semblait absurde : Petit Cygne et silence n’allaient pas ensemble mais le guerrier osait espérer qu’un jour son fils se calmerait, s’assagirait et deviendrait un noble matou. Cœur de Roc aimait s’imaginer son fils en grand guerrier, fier, valeureux, combattant pour son clan avec toute la témérité d’une mère se battant pour ses petits. Sans prétention il espérait que le petit le prendrait en exemple. Cœur de Roc savait qu’il reposait beaucoup d’espoir sur le chaton qui n’arborait que ses cinq lunes mais Petit Cygne était son fils, son unique fils. Et de ce fait, il devait être celui qui poserait ses pattes dans les empreintes du matou. Cœur de Roc voulait être fier de son fils et chaque jour, quand il voyait le petit inconscient, le naïf qu’il était, il redoutait que ce jour n’arrive jamais.

-Mais eeeeeeeuh ! Je suis assez grand pour veiller d’abord je dos JAMAIS JAMAIS et puis si tu peux le faire je peux le faire aussi d’abord !

Le chaton l’avait fait sortir de ses pensées. Il le regardait d’un air vexé.

- D’abord d’abord je suis sûr que j’te bats !

Petit Cygne cria de plus belle pour attirer de l’attention de son père. Finalement, et ne voyant aucune autre issue, Cœur de Roc se résolut à se tourner avec son fils. Celui-ci l’observait avec défi. Il continua, fier d’avoir accroché le regard de son père :

- Tu vas voir tu vas rien comprendre ! Même Patte Perlée elle ne me bat pas !

Cœur de Roc arqua un sourcil. Des rares fois où ils voyaient ses enfants jouer, il était rare que le chaton blanc gagne, surtout face à la petite lionne qu’était Patte Perlée. Mais Petit Cygne durement convaincu par ses dires, jeta un cri d’attaque et sauta sur son père. Si le matou avait d’abord voulut le tancer pour avoir hurlé aussi fort en pleine nuit, il se retrouva bientôt pris d’assaut pas le morveux qui s’était accroché à son dos et le mordillait avec peine. D’abord décontenancé, il jeta un regard à son fils et une lueur de malice se glissa devant ses yeux.

- Accroche-toi bien…

Il se leva et entreprit un rodéo fou pour faire tomber le parasite accroché à son dos. Il bondit de droite à gauche, envoyant des grands coups de dos mais toujours gardant un œil sur le petit. Il ne voulait pas lui faire du mal. A vrai dire il ne savait pas vraiment si le petit s’amusait ou s’il était en panique. Cœur de Roc s’imagina que les petits cris qu’il lançait étaient des rires. N’ayant jamais été très joueur et n’ayant jamais trouvé compagnon de jeux étant jeune, Cœur de Roc n’avait pas une très grande idée de ce qui était marrant et de ce qui était effrayant quand on avait cinq lunes. Il imagina qu’être secoué dans tous les sens par son père était amusant, il l’espéra.

Finalement ses yeux furent attirés par une tête sortant de la tanière des guerriers. Un chasseur le regardait avec réprobation et seulement Cœur de Roc comprit tout le bruit que les deux félins faisaient, et en plus en pleine nuit. Il s’arrêta soudainement, presque honteux de s’être laissé avoir par son fils. Il se tourna vers celui-ci et l’attrapa au cou pour le faire descendre de son dos.

- Il est tard Petit Cygne, tu dois aller dormir et moi aussi.

Son ton se fit autoritaire mais même le guerrier avait le cœur de lourd, finalement peut-être qu’il s’était amusé alors il n’osa imaginer celui du chaton.

HRP:

Spoiler:

- HEEEEIN ? Mais c'est pas juste t'avais dit que... qu'on...

Le chaton fit la moue. Cœur de Roc comprit à sa mine qu’il ne se souvenait plus un seul mot de la promesse de son père. Il finit par renchérir :

- J'ai pas envie de dormiiiiiiiiiiiiiir... Je sais que je vais attendre des heeeeeeeeeeeeeeures... J'suis même pas fatiguééééééééééééé...

Cœur de Roc leva un sourcil vers son fils, si le petit le regardait fermement dans les yeux, il ne fallait pas être une reine pour voir qu’il mourrait de fatigue. Le matou se demanda même où il pouvait trouver toute cette vivacité alors que ses yeux tombaient de fatigue. Le guerrier se tourna vers la tanière des chasseurs, le chat était retourné dormir. Il jeta un coup d’œil à Petit Cygne, que faire ? Sa mère devait dormir tout comme ses sœurs mais si à l’aube elle apprenait que le chaton n’avait pas dormi de la nuit, il se ferait couper les oreilles. Mais il aimait comment le chaton jouait d’une sorte d’hypnose pour amadouer son père, l’observant avec des grands yeux rouges de fatigue. Finalement le matou se dit que le chaton ne tiendrait pas si longtemps.

- D’accord… Mais tu restes calme d’accord, pas de jeux ou de bousculades, tu restes calme sinon tu retournes dans la pouponnière.

Cœur de Roc s’allongea par terre incitant son fils à faire de même. Il ferma légèrement ses yeux mais pas trop pour garder tout de même à l’œil le petit et profita du peu de calme et de repos. Sachant que Petit Cygne ne garderait pas son silence longtemps malgré ses avertissements, il entama une discussion à voix basse.

- Alors qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ?

Il savait que sans doute son fils allait tenter de l’impressionner et que sûrement une grande partie de ce qu’il allait dire serait faux ou alors il se plaindrait de ne pas sortir assez, mais au moins il ne sauterait pas en criant dans tous les coins du camp.

Le chaton se coucha près de son père et posa dans son épais pelage sa petite tête si bien qu’on voyait à peine ses oreilles en dépasser. Il se mit à ronronner bruyamment tant la place devait être confortable. Cœur de Roc ronronna à son tour, amusé de voir à quelle vitesse le petit semblait s’endormir. Finalement, d’une voix pleine de fatigue, il miaula :

- Nuage Sylvestre elle m'a... elle m'a fait sortir et elle m'a montré comment elle grimpe aux arbres et tout. Alors maintenant je suis un ÉCUREUIL et plus un Cygne !

- Nuage Sylvestre t’a fait sortir…?!

Lui lança le matou avec une voix rauque qui sonnait en reproche mais comprenant que ce qui était fait était fait, il s’arrêta dans sa remontrance et posa sa tête sur sa patte. Il entendait le petit ronronner de plus belle. Cœur de Roc se dit que bientôt Petit Cygne sombrerait dans le sommeil, ce n’était qu’une question de minutes. Il se tourna vers lui, le chaton s’était encore plus plongé dans son flanc et le guerrier ramena sa queue touffue devant lui pour le couvrir de la brise légère de la nuit. Il leva les yeux vers le ciel. Ce soir il dormirait à la belle étoile.

Cœur de Roc ronronna en repensant à sa soirée avec son fils. Le guerrier qui sera chargé de son apprentissage n’aura pas une tâche aisée avec ce petit morveux, mais par le Clan des Lumières, il était cruellement attachant ce petit.

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