Petit tour entre ami [Pv Coeur de Roc]

J'étais résolue à faire entendre à mon ami mon point de vue.. Celui de la réalité. Qu'il ne servait à rien de penser au 'si'. Cela faisait que plus mal en pensant au possible avenir qu'on aurait pu mener.. C'était juste un moyen optimiste de se torturer. Je voulais lui éviter tout ses tourments sans savoir comment faire cela.. Pour revenir sur le guerrier, ce dernier baissait les oreilles et le regard vers le soleil. Mais après un moment dans le silence, il tentait de faire un sourire avant de me lancer une réplique qui se voulait joyeuse et entraînante :

"-Et bien n’étions-nous pas venus ici pour chasser ? Il doit bien y avoir quelques lapins dodus à chasser ici."

Je souriais, lui offrant un petit sourire. Je m'approchais de lui pour poser ma queue sur son épaule avant de lui dire :

"-Il est vrai.. Si tu te sens d'attaque, allons y dans ce cas."

Je me redressais ensuite, m'étirant longuement avant de me décaler du guerrier. Il fallait qu'on se bouge un peu pour nourrir le clan et cela pourra peut être changer les idées de Coeur de Roc.. Bien que cela n'est pas marché tout à l'heure. On peut tout de même retenter.. Après tout, le guerrier avait vidé son sac. Nous n'avions plus vraiment de raison de rester à rien faire. Je ne pouvais rien lui apporter d'autres, hormis ma compagnie.

La meneuse acquiesça offrant au guerrier un sourire et se desserrant de son pelage. Ils se levèrent ensemble et Cœur de Roc s’ébroua vivement comme pour chasser ses sales pensées. Si la première fois, chasser ne l’avait pas aidé, il espérait qu’avec le cœur un peu moins gros, il arriverait à se concentrer sur autre chose que sur ces cauchemars qui le hantaient. Il commença à marcher, cherchant l’effluve d’une proie. Chasser pour son clan lui plaisait, c’était comme une façon de se purger. Cela lui permettait de clarifier sa conscience. Il repéra l’odeur d’un lapin. Pas vraiment étonnant, le coin en était plein. Il se baissa sur ses pattes, rangea soigneusement sa queue pour que son épaisseur ne le trahisse pas et s’avança doucement vers le gibier, rampant à terre. Il se cacha derrière des herbes hautes. Il devait se trouver à deux longueurs de queue du lapin. Il leva une patte et se prépara à sauter en piétinant de l’arrière-train, et, quand l’animal reprit le grignotage d’une tige, lui sauta dessus et lui donna le coup de grâce. Il ramassa la proie et la ramena là où il avait quitté Etoile Arctique. Il gratta le sol et y déposa le lapin pour le préserver du soleil. Et d’une proie de plus pour le Clan.

Il était un bon chasseur, un brave guerrier, sa mère n’avait pas le droit de le traiter ainsi. Il aimait son clan et faisait tout pour lui. C’était injuste. Il se trahit à avoir envie de briser la glace, sensation assez étrange pour lui. Il rejoignit la cheffe à quelques pas de lui et lança, faisant guère attention si elle était sur le point d’attraper une proie :

- C’est à cause de ma mère, elle ne m’a jamais pardonné de n’avoir rien fait.

Il savait que d’une façon il était injuste de la blâmer, la vieille chatte n’avait plus toute sa tête. Mais c’était son regard d’enfant qui le lui intimait, ce chaton qui n’avait jamais vraiment reçu l’amour maternel dont il avait besoin et, tout comme l’ancienne le portait responsable de ses maux, il la portait responsable des siens.

Le guerrier ne mettait pas longtemps à se lever pour me rejoindre. Je lui offrais un dernier regard accompagné d'un sourire avant de nous séparer. Prenant chacun un côté. Je m'élançais à la poursuivre d'un lapin sans parvenir à le coincer.. Je préférais chasser les lapins à deux que tout seul mais Coeur de Roc ne semblait pas dans le coin. Haussant donc les épaules, je tentais de trouver une autre sorte de proie, un mulot ou une grive peut être. Moins nombreux dans la zone mais présent également. La traque allait être plus longue et éreintante.

Une grive se posait au sol, je m'approchais furtivement avant de l'attraper. Je l'achevais rapidement avant d'entendre Coeur de Roc s'approchait de moi et de lâcher :

"-C’est à cause de ma mère, elle ne m’a jamais pardonné de n’avoir rien fait."

Je restais un instant avec la grive dans la gueule, ne sachant pas quoi faire de ma proie tout juste attraper avant de me décider à me tourner vers le guerrier. Je tentais un sourire bien que ma proie m'en empêcher. Je déposais ensuite ma grive au sol avant de lui répondre :

"-Je pense que c'est sa manière de faire son deuil.. Elle a besoin de trouver un coupable. Ne te préoccupe pas de ça. Vie comme tu l'entends."

Etoile Arctique tenait dans sa gueule une grive encore chaude. Se retrouvant au dépourvu avec ce fardeau, elle tenta un sourire puis lui répondit, essayant d’articuler malgré la proie encombrant sa bouche :

- Je pense que c'est sa manière de faire son deuil.. Elle a besoin de trouver un coupable. Ne te préoccupe pas de ça. Vie comme tu l'entends.

Peut-être… Peut-être la meneuse n’avait pas si tord. Cœur de Roc n’avait jamais vraiment émis l’hypothèse que la raison de cette amertume à l’égard de son fils était simplement le fait qu’elle ait besoin de faire son deuil. Le matou avait toujours pensé qu’elle le prenait pour un meurtrier car elle le pensait mais peut-être était-il seulement le bouc émissaire de son deuil et qu’en réalité elle n’était pas si remontée contre Cœur de Roc.

En tout cas une chose était sûre dans ce qu’avait dit la féline, il devait arrêter de se torturer l’esprit avec cette histoire. Facile à dire… Moins à faire. Le simple fait qu’il avait arrêté sa partie de chasse pour ajouter ce détail prouvait qu’il n’arrivait pas à se détacher de ces réflexions. Et par le Clan des Lumière, Cœur de Roc était vraiment du genre à ruminer des journées entières et à se prendre en victime. Mais comme tout, il fallait de l’entraînement, et s’il était très doué pour apprendre des nouvelles méthodes de chasse ou de combat, le travail spirituel était bien plus compliqué. Mais enfin son entraînement commençait aujourd’hui et si Cœur de Roc avait bien compris une leçon, la première chose à faire était de se changer les idées. Il se retourna vers Étoile Arctique, toujours encombrée de sa grive et déclara :

- Tu as raison… J’ai laissé un lapin dans un trou là-bas, si tu veux déposer ta grive. Il pointa de la patte le trou en question. Et si on allait chasser ensemble les lapins, comme lorsqu’on était apprentis ?

J'essayais de l'aider sans pour autant rejeter la faute sur sa mère.. Je ne devais surtout pas rentrer dans cette dispute.. J'en avais déjà assez eu avec mon père et ses tromperies envers ma mère. Et il ne faut pas oublier que sa mère tout comme Coeur de Roc sont deux membres de mon clan. Je ne pouvais pas faire de favoritisme, bien que je sois plus proche du fils que de la mère. Je devais rester médiateur sans pour autant oublier d'être son ami comme je l'étais depuis toujours.

Après une petite réflexion, le guerrier m'informait que j'avais raison avant de me dire qu'il avait laisser un lapin dans un trou un peu plus loin. Enchaînant ensuite sur une proposition de chasse. Une partie de chasse aux lapins ensemble. J'enterrais donc ma grive avant d'accepter avec joie. Je le laissais nous guider vers son coin de chasse regorgeant de lapin. Une fois sur place, je lui demandais ce qu'il préférait qu'on fasse. La méthode quoi.. Si je m'occupais de leur faire peur et de les rabattre sur lui ou plutôt l'inverse. Je lui laissais le choix, me sentant à l'aise dans les deux postes.

Comme s’y attendait Cœur de Roc, la meneuse accepta avec enthousiasme avant d’aller enterrer sa grive. Il attendit qu’elle revienne et s’élança dans un petit trot dégourdissant vers le coin qu’il venait de laisser. Avant de quitter les lieux, il avait flairé l’odeur de plusieurs autres lapins, plus ou moins lointaines. Arrivant sur la plaine aux herbes folles, Etoile Arctique lui demanda quel poste il préférait occuper durant la partie de chasse. Il plissa les yeux avec amusement. Il se rappelait de ses années d’apprenti, il aimait de pavaner et prétendre être le plus rapide, avec toujours ce regard de défi à quiconque lui dirait le contraire. Il se souvenait notamment avoir participé à des courses de folie avec les autres apprentis, peut-être même Etoile Arctique à l’époque en ce lieu-même. Il perdait pratiquement tout le temps mais avait toujours un bon prétexte : un trou sur son chemin, des courbatures de la veille. Toutes les raisons étaient bonnes à prendre. A vrai dire, Cœur de Roc n’avait jamais été très rapide, son lourd pelage et sa carrure imposante étaient bien utiles pour le combat mais pas tant pour la chasse aux lapins. Avec le temps, Cœur de Roc avait accepté de ne pas être le plus rapide et le souvenir de sa prétention juvénile l’amusait plus qu’elle ne l’agaçait. Il se tourna vers la féline blanche et déclara espiègle :

- Je crois que l’on serra plus productif si je les prends plutôt à revers. Il ajouta avec un regard rieur : On peut y passer beaucoup de temps sinon.

Il lança un regard entendu à son amie avant de partir au petit galop vers un coin reclus. Caché à l’abri de tous regards derrière un buisson sauvage isolé, il guetta la femelle, prêt à bondir dès qu’il l’a verrait se rapprocher.

Je le fixais, immobile et tranquille, en attendant sa réponse. Coeur de Roc se tournait ensuite vers moi pour me dire qu'il serait plus productif et ingénieux qu'il les prenne à revers. Il ajoutait, amusé, que si c'était l'inverse, on y passerait bien plus de temps.. Trop de temps selon lui. Je lui répondais en hochant la tête, lui souriant. Quand il était jeune, j'avais comme souvenir qu'il n'était pas le plus rapide.. Cela m'avait échappé.. Mais ça n'avait pas l'air de l'avoir gêné, ce qui me rassurait.

Après un regard, nous nous séparons. Coeur de Roc partait dans un coin, bien caché et reclus, pendant que ma petite personne allait à la chasse aux lapins. Je jetais des regards à gauche et à droite avant de m'arrêter sur une paire d'oreilles qui dépasser des fourrés. Plaquant un sourire carnassier sur mon visage, je m'avançais avec prudence vers l'animal en prenant soin de le contourner pour l'orienter vers mon partenaire. Une fois placé dans la bonne direction, je faisais savoir ma présence à la proie qui se mettait aussitôt à détaller dans un faible couinement de peur.

Nous courrons donc tout les deux droit dans les pattes du guerrier tapis dans l'ombre. Un sourire aux lèvres, je me remémorais mon apprentissage et ces courses entre apprentis que nous faisions. Je ne gagnais pas forcément, mais j'étais souvent dans les meilleures. C'était surtout grâce à ma silhouette, taillée pour la course et l'esquive. J'étais moins forte physiquement que Coeur de Roc, c'était certain, mais pour la course, j'étais assez douée.

HRP:

De sa cachette dans les fourrées, Cœur de Roc observait la meneuse blanche se mouvoir au loin, à la recherche d’un lapin un peu trop téméraire ou trop peu attentif. Sans voir la cible choisie par Etoile Arctique, le matou la vit soudain se lancer au grand galop dans sa direction et bien assez tôt, le guerrier aperçut une petite boule brune qui courrait aussi vite que possible, poursuivie par la cheffe.

Le guerrier se terra derrière ses herbes alors que le martellement des pattes de la guerrière se rapprochait. Il mit ses muscles à l’épreuve et se plaça en positon pour sauter sur la proie quand elle serrait suffisamment proche. Encore un peu… Quand Cœur de Roc jugea le lapin à bonne distance, il sortit de sa cachette en exécutant un bond de chasseur et vint écraser ses deux pattes avant, toutes griffes dehors, dans la bête qui s’écroula sous son poids. D’un rapide coup de patte il l’acheva et remercia en murmurant tout bas ses ancêtres.

Puis il se retourna vers sa camarade, un sourire sincère éclairant sa figure. Lançant un rapide coup d’œil au lapin qui était réellement bien portant et bien en muscles il s’exclama rieur :

- Et bien c’est une sacrée bête celui-là !

Il posa un regard bienveillant sur Etoile Arctique, et la remercia intimement d’être là et d’être toujours à l’écoute. Il la remercia de lui avoir permis de se changer un peu les idées.

HRP:

Une fois assez proche du guerrier, le lapin sentait l'embrouille et tentait de faire demi tour. Je l'en empêchais juste avant de voir Coeur de Roc fondre sur sa proie. Deux secondes plus tard, l'animal était achevé et son esprit partait retrouvé les siens mort au combat. Le guerrier tournait son regard vers moi, tout sourire, il me disait que c'était une sacrée bête. Une bonne prise pour le clan en somme. Il n'avait pas tord. Je m'approchais de lui pour le tapoter sur l'épaule et l'encourager. Nous continuons notre petit manège sur deux autres lapins avant de rentrer au camp les pattes pleines de proie. Trop chargé, nous n'avions pas le loisir de parler sur le retour. Nous nous contentions de marcher côte à côte. Une fois arrivée, je déposais mes proies avant de remercier mon partenaire pour cette partie de chasse sympathique. Je retrouvais par la suite Flamme Rousse flanqué d'un guerrier qui venait me faire leur rapport. La journée était loin d'être terminée.

HRP: