Un singe Moqueur
1
Tout sauf un rat
J’ouvre les yeux, fatigué, j’observe les alentours sans vraiment y faire attention. Les arbres s’étalent autour de moi, parés de leurs nouvelles feuilles. De vaillants petits soldats qui luttent pour tenir le plus longtemps possible et qui tombent comme des mouches au début de la mauvaise saison. Je ne peux leur en vouloir, je n’ai jamais vu de feuille éternelle, c’est un cycle, un cycle sans fin. Cependant de la poussière argentée luit doucement entre les racines.Il fait nuit et aucune étoile, aucune lune ne brille dans le ciel nocturne...Je rêve. Voilà sûrement l’explication au fait que je ne vois pas mes pattes habituelles. Au fait que ma queue n’est plus touffue, et que mon pelage ne soit plus roux éclatant. Car me voici, Geai Moqueur dans son nouveau costume. Un pelage brun-vert qui me dégoûte, une longue queue noire, des pattes avec des petits doigts et des griffes minables non rétractables. Et je n’ai pas envie devoir ma tête …Oh par le Clan des Lumières, faites que je n’ai pas une tête de rat…pitié ! Pour rien au monde , jamais je ne voudrai une tête de rongeur ! Même dans un rêve.
Un bruissement furtif derrière-moi et je me retourne, peu habitué à des pattes comme celle-ci, je perds l’équilibre et tombe lourdement au sol. J’entends un rire cristallin. Je lève la tête et croise les yeux verts d’Hirondelle Chantante.
-Maman, articulais-je.
Elle me sourit. Son pelage noir et blanc était nimbé de paillettes argentées. Conclusion, le Clan des Lumières m’envoie un rêve. Elle pose sa patte sur mon épaule et je me relève.
-Maman, c’est quoi ce bordel ? Pourquoi je suis … Elle m’arrête en faisant non de la tête, je lui lance un regard étonné.
-Je suis désolée, fils, , le Clan des Lumières a décidé de te mettre à l’épreuve : tu deviendras un autre. Si tu désires retrouver ton apparence. Tu auras trois jours, écoute-moi bien, trois jours pour te rendre à une montagne qui crache des flammes.
Puis son visage ce désintègre en feuilles de chêne minuscules. Me laissant ici, bouche bée. J’ignore vraiment ce que j’ai mangé avant d’aller dormir mais il faudra qu’à l’avenir,je me rappelle d’y aller mollo.
2
Jour 1, amour numéro 1
-Lumière des Cieux, tu me croiras jamais…Je déballe toute mon histoire et quand j’ai fini de conter mon récit, je remarque seulement que je ne parle à personne. Lumière des Cieux n’est pas là, tout comme le reste des guerriers , sans oublier la tanière, le promontoire. En faites, il n’y a pas de camp, et le Clan des Bois n’est nulle part à l’horizon. Cette dernière est invisible aussi. Cachée par d’immenses arbres, aux troncs bizarres , nimbés de grandes feuilles. De grandes fougères sortent du sol et l’air ambiant est chargé de chaleur et d’humidité. Je suffoque un peu. Je m’assis, mais la position que je prends est insolite. Je pousse un cris de surprise quand je revoie une fois de plus ces pattes, mes pattes. Je suis dans le même corps que cette nuit. Hirondelle Chantante a dit vrai. Et si il me restait bien trois jours pour atteindre cette montagne.
-Par le Clan des Etoiles ! Ma voix est aigüe, c’est un genre de son agaçant. Aussitôt, je plaque mes petits doigts sur mon museau. Waouh ! J’en ai même pas besoin pour m’asseoir. Je les mets à la hauteur de mes yeux et les tournent en bougeant les doigts et rit dans ma barbe.C’est amusant !
-Tiens,tiens…Je stoppe net, et bouge la tête frénétiquement pour apercevoir l’origine de la voix. Mon regard s’arrête sur une petite grenouille vert vif au sol. Elle a des yeux violets globuleux qui fixe quelque chose que je ne vois pas.
-Salut, tu pourrais m’aider ?
-Un saïmari au sol, que c’est étrange… Elle s’adresse à elle-même.
-Un samaquoi ?! Et euh…j’aurais vraiment besoin d’aide. Elle tourne la tête et sa bouche déjà longue s’étire pour ressembler à un sourire. Elle parle, je ne comprends aucun mot de ce qu’elle dit mais cette grenouille devrait aller se faire soigner, c’est pas très bon de se parler comme-ça. J’allais l’interrompre quand un projectile me cogne et sonne creux. Je regarde furax dans la direction d’où elle vient. Deux yeux marrons foncés brillent entre les fougères.
-Psst, enfouis-toi, t’en a l’occasion ! Chuchotent les yeux.
-Pas question ! J’ai parlé un peu fort et la grenouille s’arrête et m’observe. Elle ne m’observe pas comme on verrait un inconnu, mais comme on fixait une proie. Je pense comprendre ce que disent les yeux maintenant.
-En faites, je crois j’ai trouvé, merci quand-même,lui-dis je en reculant.
-Mais non ! Je peux t’aider. Et elle me saute dessus. Je ferme les yeux. Et ne ressentant rien du tout, je les ouvre, hésitant. La grenouille s’est prise en plaine face une de ces feuilles gigantesques qui couvrent les arbres. Maintenue par une bête étrange. Je trouve qu’elle me ressemble un peu,pas à mon ancien moi, mais au moi de maintenant. Même queue, mêmes pattes, même pelage, toutefois un peu plus roux et je crois que ça doit être ma tête. Au moins ce n’est pas un rat, mais l’animal qui m’a sauvé m’est inconnu. Il a une petite tête ronde avec d’énormes – gigantesques- yeux bruns. Un petit museau noir. Des grandes oreilles rondes de chaque côté. La grenouille et lui étaient tout mignon. Je crois que je ferais craquer plus d’une femelle avec cette bouille. Il laisse tomber la feuille au sol et attrape ma patte dans la sienne et se met à courir sur deux pattes. Je le suis et tente de rester à son allure mais mes pattes s’entremêle et je tombe dans la boue. Je me redresse en crachotant mais il me tire de toutes ses forces, malgré qu’il soit plus petit que moi, il arrive à m’extirper de la gadoue. Il me lâche au pied d’un grand arbre et grimpe.Il n’a presque pas besoin de ses griffes ! J’observe son ascension avec béatitude . Il me toise depuis la première branche.
-Tu fais quoi ?! Elle va peut-être revenir !
J’hausse les épaules et prends appui, puis saute. Je le rejoins sur sa branche, il m’a l’air jeune, enfin pour son espèce. Il pouffe de rire. Piqué à vif je lui demande :
-Quoi ?
-T’as de la boue sur la figure et en faites, tu sautes bizarrement!
-Je saute comme je veux, dis-je en grognant.
-Je t’ai jamais vu dans le coin, tu viens d’où ? T’as un nom ? Moi le mien Tipou, mais je trouve ça moche. Maman a dit que c’était le nom d’un des tigres les plus puissant de la forêt mais…
Je ne l’écoutais plus, il ressemblait à un ancien. Qui bavardait tout le temps. Je fixais le sol en bas, il faut que je trouve la montagne qui crache des flammes. Je devais absolument redevenir normal. Je grimpais jusqu’au haut de l’arbre avec une aisance qui me surprit, de là-haut, je pouvais voir une forêt aux arbres immenses s’étendre à perte de vue, tel un océan. Tipou, qui m’avait suivi souffla à mes côtés.
-C’est beau hein ? J’ai hâte d’être à dans trois jours ! Le solstice approche, Maman a dit qu’on se retrouverait à la Montagne pour fêter mon…
-La montagne !? Celle qui crache des flammes, je me retournais vivement et manquais de tomber.
-Oui, je dois retrouver ma population là-bas. Ouah, tu sors d’où pour ne pas savoir ça ? T’es un reclus ?
Je m’agrippais à lui de mes petits doigts.Il devait aussi y allait, il suffisait juste de le suivre et le tour sera joué.
-Tu pourrais m’y emmener ?
-Oh ouai ! Ca serait génial, il faut avouer que je m’ennuyais tout seul. En plus t’es trop bizarre, c’est vraiment marrant. Dis, tu marches toujours à quatre pattes ? Attends, je sais, regarde, il désigna le Sud de sa patte, on doit aller par-là, c’est le chemin le plus rapide. Il y juste le temple mais…
Dans la direction qu’il indiquait, on voyait une immense colline pointue qui se dressait à l’horizon, de la fumée s’échappait de son sommet. Comme la fumée que dégageaient des flammes. Aux yeux de Tipou cela semblait parfaitement normal.
3
Jour 2, escapade à deux.
-Hey ! Banane ! Réveille-toi, y’a une grenouille.
Je sursautai en ouvrant les yeux, sur mes gardes.
-Ou ça ? Elle est ou ?!
Tipou s’écroula de rire sur la branche large, celle qui nous avait servi de nids pour la nuit. La veille , j’ai vagabondé dans le paradis de la mousse. Il y en avait plein, mon compagnon s’était fait un petit nid douillet à côté du mien. Agacé, je le regardais se prendre les côtes et remuer des pattes en couinant.
-C’est pas marrant, et depuis quand je m’appelle Banane ?
-Bah, tu m’as pas dit ton nom, dit-il en haussant les épaules.
-Je m’appelle Geai Moqueur, je commençais à descendre, j’essayais d’imiter Tipou, il utilisait sa queue pour s’accrocher à des branches. Tout ce que je réussi à faire, c’est à m’écrasé sur le sol. Le jeune sauta à côté de mi, avec plus de grâce que je n’en aurai jamais et je soupirais bruyamment.
-Tu viens d’un endroit bizarre, pour avoir un nom comme ça . T’es sûr que tu t’es pas cogné la tête ?Ou bien tu as rencontré une grenouille au venin spécial. Je me souviens d’un ami, qui…
Je marchais d’un pas , déterminé à ne pas écouter les aventures de son ami. Si on voulait arriver à la montagne, il faut être efficace.
-Où tu vas ? C’est de l’autre côté.
Je soupirais, et fit demi-tour en fulminant. Il se lança joyeusement à mes côtés et continua à parler de son copain qui avait mangé des baies qui avaient fait changer de couleur ses poils. Il me raconta l’histoire d’un autre copain qui avait embrassé une grenouille. A contrecœur, j’écoutais toutes ces histoires, seules sources de distractions. Les arbres défilaient, je repérais de nombreux animaux qui m’étaient inconnu. Mais étonnamment, je n’avais aucune envie de les chasser.
-J’ai mal aux pattes ! Se plaignit Tipou.On pourrait pas voyager par les arbres ? C’est plus rapide…Et moins dangeureux.
-Pourquoi tu l’as pas dit plus tôt !M’exclamais-je .
-T’es sûr que tout va bien Geai ? Quand on sera arrivé, je demanderais à Tati de t’examiner, elle s’y connait pour soigner les gens.
Voilà comment, après de multiples essais, je me retrouvais à sauter de branches en branches – pas avec autant de grâce que Tipou - .Il avait raison, ça allait plus vite. Je ne pense pas que j’aurais réussi cet exploit dans mon ancien corps. Et de plus Tipou est tellement concentré sur cette activité qu’il ne parle pas. Je savourais cet instant, lorsqu’il s’arrêta. Je failli lui rentrer dedans et nous précipiter au sol, mais je réussi de justesse à éviter la collision.
-Qu’est qu’il y a ?
-J’ai…un besoin naturel, avoua-t-il.
Comprenant de quoi il voulait parler, je soupirais et l’accompagnais au sol. Il alla dans les buissons tandis que je fouiller les alentours, à la recherche de nourriture. Un petit bruit sec me figea sur place. Je repérais immédiatement son origine, un oiseau coloré recherchait des insectes entre les racines d’un arbre . Je m’en approchais furtivement , les yeux rivés sur le volatile .
-Qu’est-ce que tu fais ? une voix retentit derrière-moi.
Je n’eus même pas besoin de vérifier si mon ex-future-proie était toujours là. Tipou m’observait ,perplexe.
-Je nous trouve à manger. On t’as jamais dit qu’il ne fallait faire aucun bruit ?
Il se mit soudain à rire. Pour ce qui étais du silence, on pouvait abandonner.Il essaya de se reprendre plusieurs fois, mais aussitôt qu’il avait ouvert la bouche, qu’il se remettait à rire. Vexé, je partis à la recherche d’autres proies, mais mon ventre commençait à gargouiller. Je ne trouvais rien, et puis comment aurais-je fais ? Mes crocs et mes griffes n’étaient pas très développés. J’entendis le bruissement des fougères derrière-moi, Tipou s’avançait avec des fruits dans les bras. Il les laissa tomber devant-moi. Voyant que je ne réagissais pas, il en prit un d’une teinte de coucher de soleil et me le tendit. Je le pris sans rien dire.
-Tiens, mais tu sais, les fruits n’ont pas d’oreilles. Et puis les meilleurs ont le strouves dans les arbres,pas au sol…Il sourit en se remémorant ce moment.
- Tu ne manges pas d’oiseau ? Il me regarda ,horrifié.Ses yeux ronds s’agrandirent encore plus.
-Pourquoi voudrais-tu manger un oiseau ! Je sais que ces piafs sont embêtants des fois, surtout la nuit mais je crois que c’est pas très bon. Vous mangez quoi d’habitude dans votre population ?
-Je ne vis pas dans une population, mais dans un clan. On chasse des oiseaux, des souris, et plein d’autres animaux. Ecoute, tu voudras jamais me croire, mais je ne suis pas un saïmachin. En vrai, je suis un chat . Mais le Clan des Lumières m’a mis à l’épreuve et je me suis réveillé dans cette peau. Le seul moyen de redevenir normal, c’est de rejoindre la Montagne.
J’attendais sa réaction.
-Geai, je crois que cette grenouille t’as comme même touché.
-Tu ne me crois pas ?
-C’est pas ça, c’est juste que…
Je me retournais, et partit. Jetant le fruit derrière-moi. A sa place, j’aurais réagi comme ça, moi aussi mais je lui en voulais comme-même. Il courrait derrière-moi, l’ignorant, je grimpais au sommet d’un arbre m’arrêtais sur une branche.
- S’il te plaît ne m’abandonne pas ! Je suis désolé de ne pas t’avoir cru mais pars pas ! (Il m’attrapa la queue)Je…j’ai été capturé par des chasseurs, je me sis enfouit, ma population m’attend à la montagne. Geai ! Je voulais être ton ami, j’suis désolé.
Je soupirais. Compatissant, il avait l’air de se sentir très seul. J’entourais ses épaules de ma patte. Il ne dit rien.
- T’inquiètes pas, je ne vais pas t’abandonner. On va retrouver ta population et puis…et moi ma tête. Tu es mon ami.
Il me sourit et je sautais sur la branche la plus proche.
-Alors t’attends qu’il neige ou quoi ?
-C’est quoi la neige ?
4
Jour 3, ce n’est qu’un détroit.
Non, en faites, il pleut. Et je ne parlais pas d’une fine bruine, mais d’une énorme drache. Nos fourrures étaient trempées et nous avions dut nous résoudre à nous arrêtais pour la nuit. J’aurais préféré continuer pour être certain d’arriver à temps, mais ma patience allait être mise à l’épreuve. Heureusement, le Clan des Lumières avait été bon, la pluie stoppa au petit matin. Laissant derrière-elle un paysage humide et chaud, j’avais du mal à respirer. On recommença nos petites acrobaties, faisant des arrêts pour manger des fruits – et laissait Tipou raconter une histoire. Ces derniers s’avéraient être meilleur que je ne le pensais. Le jus était sucré et frais. J’avais l’impression que mon ventre pétillaient. Peut-être que nous pourrions manger ça dans le clan, quand je serais revenu…Pas besoin de chasser et c’était délicieux ! Mais il fallait d’abord que je revienne, j’avais jusqu’à ce soir. Mais la Montagne se rapprochait, nous y serions en fin d’après-midi, et même plus tôt !
Je m’accrochais à la branche suivante grâce à ma queue et réussit à ne pas m’écraser au sol. La fierté qui grandit en moi s’estompa soudain quand Tipou le fit trois fois de suite. Soudain, un bruit sec résonna et la suite se déroula en un éclair. Une grande toile d’araignée se jeta sur Tipou, il poussa un cris aigu et pris dedans, tomba vers le sol. Je freinai et regardai en bas. Mon ami, se débattait mais en vain. Deux créatures accoururent vers lui. Je les reconnus immédiatement, des bipèdes ! Ils semblaient contrariés. Tipou ne cessait de hurler, l’un des deux le prit et l’emmena, tandis que l’autre…pointait un bâton noir et brillant sur moi. Une autre détonation sec, je bougeai rapidement et tomba sur une branche plus basse. Je ne pris pas le temps de regarder ou il était. Je me laissais aller au sol, abandonnant la sécurité de l’arbre pour m’engouffrer dans des fougères. Que le Clan des Lumières me vienne en aide. Il fallait que je trouve Tipou, il fallait que j’atteigne cette montagne.
-Geai !Geai !S’il te plait ! A l’aide !
J’entendais les plaintes du saïmari – ouai,maintenant je sais le dire- Ainsi que celle des oiseaux colorés, et des autres créatures qui se trouvaient dans des toiles d’araignées droites et brillantes, percées sur le dos d’un monstre. Les bipèdes papotaient dans un coin, mon nouveau problème était que je ne serais pas capable de libérer Tipou, et de laisser les autres, pas devant eux. La montagne était toute proche, en peu de temps j’y serais et en peu de temps je serais retourné chez moi. Mais ce petit m’avait aidé, je devais lui rendre la pareille. Je ne l’abandonnerai pas.
-Bon , toi, toi, toi et lui, vous attiraient l’attention des bipèdes. Attaquer les, faites vous poursuivre…
-On appelle ça des chasseurs, me coupa l’un d’entre eux.
-Ok, donc pendant que vous vous occupez d’eux,truc-là, et toi vous montez la garde. Enfin toi,toi,toi,lui et elle vous m’aidez à les libérer. Pigé ?
Je m’adressais à une bande de saïmari, qui n’était autre que la population de Tipou. J’ai été jusqu’à cette stupide montagne, l’image des animaux prisonniers devant les yeux. Le petit m’avait assuré que son groupe se trouvait là-bas, le solstice annonçait le rassemblement de leur peuple autour de cette montagne qui leur était sacrée – je crois que finalement, j’ai écouté Tipou au lieu de l’ignorer.-J’avais deux peur, la première : son peuple était partit, ma seule chance de sauver tout le monde était celle-là, la première et la seul qui me soit venu à l’esprit. Deuxième ; que, si tout se passait bien, à notre retour, les bipèdes soient partis, leur butin avec. Mais ma chance extraordinaire et ma foi dure comme un chêne envers mes ancêtres me récompensèrent. Mes deux peurs disparurent. Après avoir traversé le reste du cemin à une vitesse dont je ne me croyais pas capable. Après avoir convaincu une partie de la tribu à me suivre, a risqué leur vies pour un petit gars. A écouter un étranger bizarre. Après avoir refait le chemin inverse à une vitesse record, on se retrouvait dans une branche qui surplombait le mini-campement des bipèdes. La nuit tombait et nous camouflait, ce qui en soit était une bonne chose, mais cela signifiait aussi que le temps était compté.
Le premier groupe partit , le mien se mit en place. Une femelle se posta à côté de moi.
-Merci, d’avoir protégé Tipou, je devinai que s’était sa mère.
-Si je l’aurais protégé, il ne serait pas-là.
-Il est déjà bien plus loin que je ne le croyais.
-Par contre, vous, vous ne l’aviez pas protéger.Elle ne protesta pas.
-C’est vrai, tu as du courage, moi non, mais maintenant, j’essaie de retrouver mon fils.
- C’est ce qu’on fera ajourd’hui et demain qui compte, pas ce qu’on a fait hier.
Ouah, Geai Moqueur, poète, on va dire que cela ne me réussissait pas trop. Elle ne dit plus rien et un cris de bipèdes retentit. J’hésitais un moment. Que voulait-il dire ? Et puis tans-pis. Je lançai le signal en remuant la queue et nous nous glissèrent furtivement dans la nuit. Les prisonnier poussèrent des cris de soulagement quand ils nous virent. Ils allaient attirer l’attention des bipèdes…Un chuchotement, une parole plus forte leur ordonna de se taire et je reconnus la voix de Tipou, qui s’était transformé en un ordre chargé d’autorité. Ce gars m’impressionne, je croyais qu’il aurait raconté une autre de ses istoires aux autres pour passer le temps.
Je courrais presque, pour atteindre le premier les toiles, et tout naturellement, la priorité était Tipou. Je sautai au sommet de la pile, et chuchota son nom, bien plus facile à entendre maintenant que les bêtes s’étaient tues. Il me répondis, et malheureusement, son nid argenté était en-dessous d’au moins trois autres. Oh non…
Je me jetais sur le premier, contenant un oiseau bleu au bec impressionnant. Un petit crochet bloquait son ouverture. Je mis un moment à comprendre le mécanisme, je tapais dessus, le mordillais, puis… je tira et une petite porte pivota. Evident …L’oiseau s’envola à tire d’ailes.
-Dis pas merci surtout ! Et les gars, il faut tirer, faites que je sois le premier à avoir compris.
Agacé, j’ouvris le deuxième avec une facilité étonnante. Mes doigts fin étaient plus habiles que mes vrais doigts. Son occupant libéré,- celui-ci au moins me remercia- je m’appuyai sur le nid de tout mon poids pour la faire basculé et dégageai l’accès à la suivante. De plus en plus d’animaux s’envolaient ou s’enfuyaient autour de moi. J’arrivais enfin à la cage de Tipou qui poussa un cri de joie, lorsque l’on me tira en arrière.
Les autres saïmiris autour de moi s’enfuirent en criant. Un bipède me tenait par la peau du coup et hurlait quelque chose à son camarade, qui tenait une toile d’araignée dans ses grosses pattes. Je me débattis, en couinant et mon opposant se mit à rire, enfin je crois. Je me tordis le coup pour atteindre sa patte et mordis dans sa peau le plus fort possible, surpris, il me lâcha. A peine atterri au sol , je vis des saïmaris se jeter sur lui et son copain et les griffant et mordillant. Les voir réagirent ainsi pour aider leur semblables me fit chaud au cœur. En faites, ils ressemblaient un peu à un clan. Des individu d’une même espèce, s’entraidant pour survivre.
Je revins jusqu’aux toiles en courant, accompagné de quelques autres et ouvrit le nid de Tipou. Ce dernier se jeta sur moi en m’enserrant de ses petits bras.
-Merci, merci ,merci…Murmurait-il contre ma poitrine.
-Allez viens,on y va, en effet, le monstre rugit lorsque les bipèdes entrèrent dans son ventre pour s’enfuir.On sauta ors de la créature abandonnant tous les nids, vides, derrière-nous.Mon ami me tira sur la patte.
-Vite, Geai ! Le solstice va commencer ! T’as dit qu’il faillait que t’arrive à la montagne avant .
-Par le Clan des Lumières !
On sauta dans le premier arbre.
5
C’est la fin
On arriva enfin à la montagne, je n’avais pas osé regarder le ciel pendant le voyage, de peur de voir que nous avions atteint le point de non retour. Je descendis de l’arbre, éssouflé par notre course effréné,
Tipou ne pensait pas que nous devions aller jusqu’au somment , je n’avais pas non plus envie de griller. Il me parla d’une source d’eau chaude sacrée, au pied de l’inégalité du sol. Je pense que c’était un lieu évident, le genre de lieu que choisirais le Clan des Lumières pour une transformation.
-Geai…
Je ne répondis pas, l’eau semblait briller dans la chaleur de la nuit, je m’approchais, silencieux mais Tipou redis :
-Il est…
La lumière disparut soudain. Et mon esprit ne répondit plus.
-…trop tard.
Je me précipitais sur l’eau, ignrant qu’elle m’arrivait au niveau de la taille.
-Non…non …NON !
-Geai, je suis désolé, je…Tipou m’avait rejoint , il me tirais sur la queue. Des larmes coulaient de mes yeux. Je tournais la tête en répétant mes paroles.
Quand, enfin je sortis de l’eau, je me sentais vide, si vide. Quelques Saïmaris m’attendaient, dont la mère de Tipou. Ce dernier me suivait comme mon ombre.
-Tu pourrais vivre avec nous tu sais, ta vie d’avant est peut-être meilleure, mais on peut t’en offrir une belle…Je baissais la tête, cela ne me dérangerait pas de vivre avec eux. Juste que le Clan des Bois, mon clan, me manquait depuis trois jours .Je voulais revoir Nuage d’Effraie, Lumière des Cieux, Nuage de Colombe, Etoile de la Borée et tous les autres.
Une petite brise ébouriffa mon pelage, je me retrouvais au même endroit. Mais la source brillait plus fort et les étoiles ne s’y reflétaient pas. Des paillettes d’argent parsemaient le sol. Tipou était à mes côtés, craintif.
-Mon chéri, un souffle me caresse le museau. Hirondelle Chantante, maman. Elle se tient là, toujours aussi belle. Souriante.
-Tu as réussi, Geai Moqueur, tu as bon cœur, tu l’as toujours eu.
Je me sentis soudain léger, je fermais les yeux tandis qu’une sensation chaude parcourut mon corps. Quand je les rouvris, je me sentis différent. Mes pattes étaient rousses, avaient de longues griffes et je savais parfaitement que mon pelage roux angora me recouvrait. Je baissais les yeux vers Tipou, il nous observait tour à tour. J’ignorais ce qu’il ressentait, de la peur ? De l’étonnement ou de l’émerveillement ?
-Je suis toujours le même à l’intérieur.
-Tu..tu vas partir ?
-Je ne t’abandonne pas, le Clan des Lumières va veiller sur toi aussi. Sois courageux, Tipou.
-Je ne t’oublierais jamais, Geai.
Je fis oui de la tête, ému.
-Je te crois maintenant, mais…est ce que t’es bizarre aussi sous cette forme ?
Je rigolais en frottant mon museau contre le sien.
-Au revoir…Murmurais-je.
-Lumière des Cieux, tu me croiras jamais !
Je savais que là, j’étais redevenu geai Moqueur, le vrai.