« Une souris verte, qui courait dans l'herbe. » ▬ Mésange Bleue

Comme à chaque jour, j'entendais le Clan s'affairer dans la Clairière. Le lieutenant formait les patrouilles frontalières et de chasse, tandis que le chef supervisait le tout de l'entrée de sa tanière. Enfin, c'est ce que je supposais car je ne pouvais pas les voir; seulement les entendre.

Ma mère revenait du tas de gibier avec une souris. Son odeur aurait dû être délectable, mais au contraire, elle sentait la chair pas fraîche. Elle la déposait devant moi en miaulant doucement:

« Mange, Petite Lune. Tu dois reprendre des forces. »

« Mais maman, je refuse de manger ça, elle pue cette souris! »

J'entendis ma mère soupirer, puis elle se penchait pour humer le parfum rance de la souris à son tour avant de se redresser de toute sa hauteur. Sa queue frappait le sol derrière elle. Elle devait être en colère.

« Petite Lune, cesse tes caprices. Elle sent très bonne cette souris. Tu vas te régaler. »

« Nooon! »
criais-je en m'éloignant d'elle en courant.

Je ne pouvais pas m'enfuir bien loin, car dans ma course, je percutais quelque chose, ou du moins, quelqu'un.

« Oh tiens? » miaulais-je en reniflant. « Mésange Bleue, c'est toi? »

J'étais missionnée par Horizon Brumeux pour partir en patrouille de bon matin.. Ce n'était pas le fait de partir en patrouille qui me mettait dans tout mes états mais simplement de me retrouver en compagnie de mon compagnon. Nous avions que des relations glaciales ces temps ci et Nuage de Rossignol n'était pas là pour faire l'intermédiaire. Le pauvre petit devait en avoir marre d'être le porte parole. J'avais presque l'impression qu'il évitait ses deux parents pour cette raison. Tout cela pour vous expliquer mon manque de motivation et la raison pour laquelle je traînais la patte du promontoire jusqu'à la sortie du camp. Poil de Campagnol ne se gênait pas pour me faire comprendre que je retardais tout le monde avec mes « gamineries ». Exaspéré, il prenait les devants suivi par le deuxième guerrier. Soupirant longuement, je fermais la marche.

Après une éreintante début de matinée, je déambulais dans le camp en cherchant un moyen d'éviter Poil de Campagnol et son regard désobligeant. Et voilà qu'une petite boule de poil me percutait. J'allais sortir une réplique cinglante, n'étant pas vraiment d'humeur avant de reconnaître Petite Lune. Je lui souriais doucement quand elle était surprise de me voir. Je me baissais par la suite, lui répondant par l'évidence :

"-Et oui.. Étonnant. Qu'est-ce que tu fais en plein milieu de la clairière ? Ta mère n'est pas là ?"

Soudain, je sens un souffle chaud contre mon museau. Mésange Bleue s'est probablement pencher à ma hauteur. Je remue les moustaches, heureuse que l'on porte enfin attention à moi, lorsque la guerrière me demande: « Qu'est-ce que tu fais en plein milieu de la clairière? Ta mère n'est pas là? » Je soupire alors, outrée. Je n'ai pas besoin de ma mère pour sortir. J'ai quatre lunes. Ce que tous les chats semblent oublier en raison de ma cécité. Ce n'est pas parce que je ne vois pas, que je ne peux pas me débrouiller seule. Les autres sont ignorants! Ils ne me comprennent pas! Je sens alors une boule d'énergie négative remonter dans ma gorge et des larmes mouiller mes yeux. Je renifle un coup. Je tente d'esquisser un sourire, mais en vain. Je feule alors: « Je n'ai pas besoin de ma mère! Je vais me chercher à manger toute seule. » J'entame mes premiers pas vers le tas de gibier, lorsque je m’emmêle les pattes et trébuche. Mon museau frappe durement le sol. Des larmes coulent sur mes joues. Le chagrin m'emporte. Je crache: « Ce n'est pas juste! Pourquoi je ne peux pas voir où je met les pattes comme les autres chats?! J'en ai marre! » Je renifle de nouveau. Je couvre mon visage ruisselant de larmes avec mes pattes. Je souhaite du réconfort, et en même temps, non. Je sais que ma mère n'est pas loin, mais avec notre dispute de tantôt, je crains qu'elle ne se montre pas. Je continue de pleurer. J'ai mal partout. Surtout au museau. Je me recroqueville sur moi-même et attend... C'est tout ce que je peux faire pour le moment...

Tout en lui posant ses deux petites questions, je cherchais sa mère du regard sans réussir à poser la patte sur son pelage. La petite semblait loin d'être heureuse de ma question. Des petites larmes coulaient le long de ses joues avant qu'elle me dise qu'elle n'avait pas besoin de sa mère et qu'elle allait chercher à manger seule. Elle marche ensuite d'un pas lourd vers le tas de gibier, visiblement énervée. Je la regarde avancer avant de la voir trébucher et finir sa course au sol. Petite Lune reprenait donc, toujours sur les nerds, qu'elle trouvait cela injuste de ne pas pouvoir voir ses pattes. Ne comprenant pas pourquoi elle était différente. Montrant ensuite son énervement. La petite aveugle se recroquevillait sur elle même. Je me décidais d'approcher de la petite, m'asseyant à ses côtés tout en fixant le tas de gibier qui n'était visiblement pas si loin que cela. Je commençais par m'excuser :

"-Je sais bien que tu n'as pas forcément besoin de sa mère. Tout les chatons grandissent si vite, un peu trop vite à mon goût.."

Je e remémorais de mes propres petits en voyant Nuage de Renard passait dans la clairière. Je le suivais longuement du regard avant de reprendre et de me tourner vers Petite Lune :

"-Je pense qu'on a tous sa particularité. Peut être qu'au lieu de voir cela comme un handicap, tu pourrais voir cela comme une grande force ? Je suis sûre que tu seras quelqu'un de grand."