Personnage Âge: X lunes (mois de changement) Rang: Votre Personnage :
Sujet: Textes des candidats BDM n°2 Jeu 24 Sep 2015 - 12:48
Eh oui, je pense qu'il est enfin temps de juger les textes ! Je les poste ci-dessous et on se départage les critiques ? C'est à dire que bien sûr, chacun de nous dois lire l'intégralité des textes mais je pense qu'on ira plus vite comme ça. Et puis dans tous les cas si à la mise en commun l'une de nous n'est pas d'accord avec le commentaire de texte d'une autre, elle le dira aha.
EDIT :Bon en vrai y'a pas masse de participants, donc je propose que l'on commente chacune un texte LGDC et pour le Non-LGDC on commente chacune les deux, voilààà D'accord ? Si voui, qui fait quoi ?
LGDC :
Etoile des Vents:
Trois lunes.
Trois lunes à peine que mon nom a changé. Que je ne suis plus la douce et dure à la fois Fleur des Vents, guerrière loyale, bien que détruite intérieurement par son passé. Mon successeur a laissé sa vie au cours d’un combat, me laissant seule à la tête du Clan. Accompagnée de Griffe de Sable bien entendu, ma lieutenante.
Je me souviens encore de ma nomination de lieutenante. Je ne m’y attendais pas, pas du tout. Un autre guerrier aurait très bien pu faire l’affaire… Griffe de Sable elle-même par exemple. Mais notre noble chef m’avait choisi moi, Fleur des Vents. Et maintenant qu’il chasse avec le Clan des Lumières, je suis la responsable de son Clan, des membres dont il a prit soin pendant si longtemps… Je me sens si jeune, si faible, si petite à côté de lui. Etoile du Lion. Une grande âme, un grand cœur, une force surprenante mais un esprit doux et intelligent. Un prince, un roi. A côté de cela, je ne suis qu’un grain de poussière balayé par le vent. Au beau milieu d’un maelström d’ennuis.
Et pourtant, je suis là, perchée sur le Promontoire, face à eux. Tous les félins qui constituent mon Clan. Griffe de Sable est là aussi, sur le côté, plus bas que moi. Ils me regardent tous, me donnant leur confiance au fil des jours. Certains même me dévoue surement une passion ardente, mais je ne la mérite pas. Loin de là.
Mon cœur bat à toute allure lorsque je lance l’appel au rassemblement, sous le minuscule soleil qui se reflète dans la clairière. Ce soleil que j’aimerais voir bien plus souvent d’ailleurs. Beaucoup de félins sont déjà là, sous mes pattes, mais d’autres émergent de leurs tanières en baillant. Je suis inquiète, non seulement par ce que je vais leur annoncer, mais aussi par tout le reste. Je suis leur meneuse… Oh Clan des Lumières pourquoi moi ? Etoile du Lion n’aurait jamais dû me confier son Clan. Au bout de trois lunes déjà, trois simples lunes, un brouillard terrible s’abat sur nous, et je ne sais comment le gérer. Il menace de m’emporter de jour en jour, et tous mes amis avec moi.
-Mes chers camarades, l’heure est grave.
Les regards inquiets qui planent autour de moi me stressent davantage encore, et je déglutis difficilement. Si je n’étais pas là, postée devant eux, je ne me retiendrais pas pour gémir à la mort.
-Comme vous avez pu le constater… Les proies se font de plus en plus rares. La mauvaise saison est là, et bien là.
Je les dévisage tous. Ils sont maigres. Certaines côtes peuvent être comptées. Certains pelages pendouillent lamentablement. Leurs yeux sont ternes. Leurs mouvements démontrent bien leur angoisse, leur tristesse et leur peur. Ce qui ne fait qu’aggraver mon propre cas. Je me sens responsable de leur malheur. Si j’étais une meilleure meneuse, ils ne seraient pas tous aussi affamés.
Un coup d’œil vers la pile de gibier est comme un coup de crocs en pleine tête. J’ai mal au ventre, surement à cause de l’angoisse qui me tiraille. J’ai fait bien trop d’erreurs depuis ma nomination. J’aurais dû mieux les aider, mieux rationner les proies… Désormais c’est trop tard. La mauvaise saison nous ronge, et il ne manquerait plus que les bipèdes viennent nous piller les restes de viande encore présents sur nos terres. Ce serait le pompon.
-Il va falloir que vous soyez forts.
Ma voix résonne dans la clairière, mais arrivée au bout de la phrase, déchante déjà. La tonalité est rauque, sale. A cause de la mauvaise saison je présume. Mais quel effet cela donne… Je dois les dégoûter encore plus. Dépitée, honteuse, triste et perdue. Voilà ce qui me désigne actuellement. Je me sens tellement, tellement mal… Si le Clan de la Neige se décide pendant cette saison, ce sera de ma faute. Nous n’avons perdu personne pour le moment, mais je sais que la tanière de notre guérisseuse est pleine à craquer. Les prochains morts ne devraient pas tarder… Et je me sentirai encore plus mauvaise dans mon rôle de chef à ce moment-là.
Je ne me sens même plus capable de rester debout devant eux. Ils attendent, surement que je rajoute quelque chose, mais je reste silencieuse et d’un mouvement de queue clôt l’assemblée de clan. Je saute de mon perchoir, devant leurs regards effrayés, haineux et tristes. La tête me tourne, je m’engouffre dans ma tanière sans demander mon reste. Je me sens mal. Toutes les émotions se bousculent en moi. Les larmes me gagnent, et je les laisse s’écouler lentement. Puis je les arrête, remue la tête pour les envoyer au loin et respire. La respiration gère l’angoisse.
Il faut se rendre à l'évidence. Le rôle de meneur est bien plus difficile que l'on ne le pense. Mais il faut savoir se montrer patient, courageux, et juste. Je ne suis pas si mauvaise que ça, sinon mon Clan serait déjà décimé. Seulement un peu désordonnée. Je manque de confiance en moi comme disait ma tante, Aube Rousse. Elle est morte il y a deux lunes... Peut-être que son décès m'a ébranlé plus qu'il ne l'aurait du ? Elle m'a élevé après tout, c'était elle ma mère. Pas Lune de Saphir, qui nous a abandonné lamentablement, ma sœur et moi. Je suis sure que c'est de sa faute si je me laisse submerger par mes émotions comme cela.
Mais je vais devoir gérer. Gérer mon Clan, mes camarades. J'en suis capable, je le sais. Au fond de moi la flamme ardente des solutions brûle encore. Il faut juste que je me concentre, que je me calme. La mauvaise saison ne dur pas éternellement... Et quand elle sera terminée, après des lunes de souffrance et de malheur, alors enfin, oui enfin, je pourrais jouer mon rôle sans me soucier de tous ces problèmes....
Pétale de Rose:
Lorsqu'une inondation submerge
aussi bien le corps que l'esprit...
Le regard perdu dans le vague, une chatte noire avançait en-dessous des grands arbres de son territoire, d’une démarche gracieuse et élégante. Le tapis de neige parsemée qui s’étirait sous ses pattes, tacheté ici et là d'empreintes de guerriers et d’apprentis, faisait ressortir les ombres subtiles de son pelage, et donnait une certaine brillance à ses yeux, ces deux saphirs luisants d’une beauté à couper le souffle que tous les Clans connaissaient. Cette chatte, aimée et respectée autant pour son charme que pour sa puissance, n’était autre qu’Étoile de la Rose, la meneuse du Clan des Bois.
Passant près de la frontière séparant ses terres de celles du Clan des Flammes, la guerrière songea que la mauvaise saison n’avait décidément épargné personne : aucun chat ennemi n’était passé près d’ici depuis des jours, ce qui signifiait qu’il se passait quelque chose de très important dans leur camp. Épidémie, famine, attaque d’un autre Clan? Un court instant, Étoile de la Rose se surprit à adresser une prière au Clan des Lumières pour que rien de trop grave ne leur arrive. Secouant la tête, elle se réprimanda, sachant pourtant bien qu’un chef de Clan n’était pas censé souhaiter que ses adversaires soient mieux lotis que ses propres combattants… Malgré tout, elle n’y pouvait rien : elle n’avait reçu ses neuf vies que quelques lunes à peine plus tôt, et n’était pas encore habituée à penser en tant que dirigeante. Sa personnalité de chatte douce et aimante reprenait constamment le dessus sur la meneuse sûre d’elle et impartiale qu’elle devait à tout prix être… surtout lors de périodes de troubles comme celle-ci.
Poursuivant calmement sa patrouille solitaire, essayant tant bien que mal d’effacer son inquiétude pour les chats des Flammes, elle se retrouva un peu plus tard près de la frontière qui avait été établie bien avant qu’elle-même ne soit née entre les possessions de son Clan et celles du Clan de la Neige. Alors, elle crut que son cœur se brisait : la rivière était en crue! La neige et la glace avaient complètement fondu aux alentours! Son regard resta un instant fixé sur l’eau qui débordait violemment de son lit, de plus en plus loin, de plus en plus… bas. Le liquide pourtant vital était en train d’inonder tout ce qui l’avait entouré sans histoire pendant si longtemps, étouffant de sa présence imprévue, tuant de cette rage qu’il semblait soudainement éprouver. C’était comme si la rivière, pourtant si calme habituellement, avait décidé de laver le sang qui avait coulé durant toutes ses années de tranquillité sur les terres la bordant.
Pétrifiée, Étoile de la Rose songea alors à son camp adoré, qui l’avait vue naître, combattre, pleurer ; qui l’avait vue devenir chef du Clan qu’il abritait. Elle sentit son sang bouillonner en elle, la pression s’accumuler dans ses veines, la peur lui engourdir le cerveau, ses instincts, tout. Si elle avait pu le faire, elle aurait déjà commencé à pleurer comme un petit de Bipède qui se serait fait mal en tombant dans les ronces ; son cœur battait à une telle vitesse qu’il lui semblait éprouver ce même type de souffrance en elle. Son inquiétude, son effroi, ses craintes, semblaient désormais déterminés à la noyer, exactement comme toute cette eau le faisait déjà avec son territoire.
Soudain, elle aperçut plus qu’elle n’entendit un chat se débattre dans toute cette colère, agitant les pattes à n’en plus finir, essayant de garder la tête hors de l’eau. Hurlant de désespoir, la meneuse au pelage noir s’élança aussi vite qu’elle put vers la petite forme qui peinait à conserver de l’oxygène dans ses poumons, hoquetant et crachant le surplus d’eau qui s’y logeait, miaulant des petits « Au secours! » le reste du temps. Étoile de la Rose n’hésitait plus, brusquement consciente du drame qui était en train de se produire et qui avait le pouvoir de détruire les siens… ce qu’il ferait, si jamais elle n’intervenait pas pour l’en empêcher. Elle nagea du mieux qu’elle put, tentant d’imiter les mouvements des chats de la Neige, et elle parvint à atteindre le petit chat qui commençait à couler : elle reconnut en lui un des apprentis de son Clan. Sans faire de manières – contrairement à ses habitudes – elle prit le novice par la peau du cou, puis le tira vers elle de toutes ses forces, cherchant à rejoindre une portion de terre sans l’eau terrible. Sentant la terre ferme sous ses pattes, elle laissa l’apprenti choir au sol, puis lui demanda : « Comment te sens-tu? Tu n’as pas avalé trop d’eau? » Le petit la regarda, faible, et lui fit signe que non. Rassurée, Étoile de la Rose lui donna quelques grands coups de langue pour le réchauffer, puis le força à se relever.
« Il faut retourner au camp avant que l’inondation n’atteigne les nôtres! » lui dit-elle. « Tu étais seul? Où est ton mentor? »
L’apprenti lui indiqua qu’il était seul ici, parti chasser pour les anciens de leur Clan à l’origine. La meneuse hocha la tête, puis ne perdit pas une seconde de plus : sachant pertinemment que le jeune chat serait trop affaibli pour courir aussi vite qu’elle, elle le reprit dans sa gueule avec toute la douceur dont elle était capable en cet instant, puis se remit à cavaler, cette fois vers la combe qui abritait les Tanières des êtres qu’elle aimait le plus au monde. Elle sentit poindre en elle une vivacité toute nouvelle, qui la poussa encore à accélérer, ignorant délibérément les gémissements du novice qu’elle tenait fermement entre ses puissantes mâchoires. Dévalant le terrain qui menait à son camp, elle entra comme une furie dans ce dernier, déposant son précieux fardeau au sol avant de grimper à toute vitesse sur le Promontoire qui surplombait tous les visages curieux désormais tournés vers elle.
« Que tous les chats qui sont en âge de chasser s’approchent du Promontoire pour une assemblée du Clan! » hurla-t-elle, se fichant désormais complètement de sa réputation princière.
Son appel fut inutile, tous les chats des Bois étaient déjà réunis autour de son piédestal, même les chatons et les anciens. Soulagée de constater que tous les membres de son Clan étaient ensemble, la combattante au pelage noir trempé leur expliqua tout ce qu’elle avait vu, et tout ce qu’elle avait dû faire, avant de revenir parmi eux. Les paires d'yeux posées sur elle se remplirent de peur…
« Je sais que cela vous semble impossible, mais nous n’avons pas le choix. » conclut-elle alors, la voix tremblotante. « Nous devons fuir notre camp avant de finir noyés par cette inondation. »
« Tu es sûre qu’il n’y a pas d’autre solution? » demanda timidement un jeune guerrier. « Peut-être que l’eau ne parviendra pas jusqu’à nous? »
« Cervelle de souris! » gronda une ancienne. « Notre terrain est majoritairement en pente, comment veux-tu que cette eau nous évite? »
Des cris d’effroi s’élevèrent soudain. Étoile de la Rose, s’attendant au pire, fut presque assommée par la vision qui s’offrait à elle : l’eau avait déjà pénétré le camp! Elle avait envahi le côté gauche de la pente menant à la combe, et son éclat associé à celui du ciel donnait de magnifiques reflets bleus roi… C’était comme si la Mort elle-même tenait absolument à ravir les yeux de ses victimes avant de les engloutir avec passion dans son voile destructeur.
Étoile de la Rose poussa un puissant cri d’alarme, et ordonna aux siens de quitter immédiatement le camp. Elle sauta au pied du Promontoire, épaulant les anciens, aidant les reines à porter leurs petits, encourageant les apprentis à avancer… La meneuse avait acquis la force de cent chats, et sentait que c’était le Clan des Lumières qui lui avait envoyé toute son aide. Lui adressant une prière silencieuse, elle se plaça au bout de la file de chats paniqués qui se forçaient à courir ensemble et à se soutenir, refusant de céder à la panique. Fière de ses guerriers, la dirigeante s’empressa de les suivre, osant à peine jeter un coup d’œil derrière elle. Lorsqu’elle le fit, elle ne vit rien d’autre que de l’eau, qui remplissait sa combe adorée avec un entrain presque macabre. Pour ce qui lui sembla être la millième fois de la journée, son cœur se brisa en mille morceaux.
Il lui semblait avoir couru pendant des heures lorsqu’elle parvint enfin là où elle voulait absolument emmener son Clan : un petit coin de forêt suffisamment loin de la rivière en crue pour que cette dernière ne les atteigne pas. Elle laissa les siens se reposer, alla de l’un à l’autre pour s’assurer que tout le monde allait bien… Son cœur saignait, mais elle s’efforçait de paraître aussi forte que les plus grands chefs.
Lorsqu’elle aperçut ses enfants et Pelage de Lion, son compagnon, elle ronronna plus fort qu’un monstre sur une de ces routes puantes qu’affectionnent tant les Bipèdes. Se frottant à sa famille, folle de joie de la voir saine et sauve, elle adressa une fois de plus une prière silencieuse au Clan des Lumières, convaincue que c’était lui qui avait fait en sorte de garder tous les félins des Bois au camp, leur sauvant ainsi la vie.
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Deux jours plus tard, Étoile de la Rose convoqua deux de ses meilleurs guerriers. Il était temps d’aller voir leur camp, de se rendre compte des dégâts infligés par cette immense inondation, dévastatrice mais, heureusement, pas meurtrière pour les siens.
En descendant le côté droit de la pente menant à la combe, la meneuse s’imaginait le pire : plus aucune Tanière, plus aucun abri, plus rien… Se forçant à avancer malgré ses nombreuses craintes, elle ne s’arrêta que lorsqu’elle vit enfin. Elle en resta muette.
Une immense étendue d’eau recouvrait ce qui était encore il y a deux jours son camp. La seule chose qui aurait pu l’éclairer sur la nature de cet endroit était une petite partie du Promontoire qui émergeait hors de l’eau ; le reste était noyé, impossible à examiner.
Ne sachant que faire d’autre, Étoile de la Rose s’assit non loin de la limite d’eau, malgré les protestations de ses guerriers. Le regard plongé dans cet infini, elle songea qu’elle avait vraiment eu de la chance d’avoir pu sauver les siens : s’ils étaient partis quelques secondes plus tard, ils auraient été condamnés.
Le jour déclinait, et le soleil entama doucement sa descente derrière les plus grands arbres. Sa couleur de sang alla se refléter à la surface de l’eau, comme une métaphore indiquant à Étoile de la Rose ce qui aurait pu se passer. Ainsi, malgré toutes les conséquences que cette catastrophe allait avoir pour les lunes à venir, la meneuse sentit la chaleur du réconfort monter en elle : elle avait réussi à éviter le pire, et le Clan des Lumières la félicitait.
(c) design by @Kaishiro_
Chêne Liège:
Coucou,
Plop, thème LGDC, voici donc mon texte ♥ J'espère que tout convient et que reflétant passe à la place de refléter ... :D
Le vent s'est levé et balaye violemment les arbres, les faisant plier. La peur règne dans le camp, chacun à peur que ceux situés aux alentours des tanières se rompent et viennent s'éclater et détruire notre cher lieu de vie. Je regarde le soleil qui devrait dominer la combe, ses rayons devraient flotter dans l'air mais les bourrasques l'ont caché laissant place à un ciel grisonnant, strié par de longues et interminables averses. Je m'appelle Étoile du Chêne. J'ai 42 lunes. Je suis Chef. Les derniers événements se sont déroulés bien trop tôt, je ne voulais pas ce rôle hors, je suis désormais obligé de l'assumer. Je soupire, un miaulement paniqué d'un des guerriers du clan me sort de mes songes. Je lève le museau et ignore ses plaintes avant de m'échapper du camp en trottinant. Je renifle de temps à autre pour me diriger vers la marre. Je suis témoin d'un spectacle assourdissant. La marre sort de son lit et ravage tout sur son passage. J'ai un mouvement de recul avant de me carapater vers le camp. Je me ratatine contre une racine avant de me relever, je m'ébroue et reprends ma course effrénée en direction du camp. Je grimpe sur le promontoire et lance un puissant message d'alerte :
« Écoutez-moi guerriers du Clan de la Neige ! Je me suis rendu dans le territoire, je suis dans le regret de vous annoncer que nous devons quitter ces lieux au plus vite ! Suivez-moi. Restez en rang, Tâche du Léopard tu fermeras la marche et tu t'assureras que tous les guerriers quittent bien le territoire en notre compagnie. »
Je regarde cette ancienne apprentie que j'avais longtemps aimé avec passion, j'avais fini par lui pardonner d'avoir choisis mon frère. Je serre mes pattes et grogne intérieurement pour me donner confiance en moi : je ne perdrai aucun guerrier aujourd'hui, ni même demain. Jamais un de mes guerriers mourra ainsi pendant mon règne. Je savais que cela était impossible mais il y a toujours de l'espoir, voici la leçon que j'ai apprise. Je tourne la tête vers la guerrière brune, tous les sens en alerte. Elle hoche la tête. Je pousse un puissant grognement et donne le départ à tout le monde. Nous avons à peine traversé le camp que l'eau commence à venir nous lécher les pattes, reflétant la silhouette apeuré des compatriotes d'exil. Je ferme les yeux un instant avant de me remettre en route en intimant à tous de me suivre. L'eau arrive petit à petit mais bien trop vite. Il nous faut nous réfugier sur la colline du ciel sinon tout espoir est perdu. Nous devrons entrer en territoire ennemi. Un frisson me parcours à cette idée. Nous n'avons pas le choix. J'inspire un grand coup et continue de marcher, déterminer à sauver mes camarades.
Je m'arrête net. Je m'allonge dans l'herbe et demande à ce qu'ils en fassent de même. Nous devons rester immobile, un bipède passe avec une longe pour tenir un de ses cabots. Le chien se met à japper comme un dingue en sentant notre odeur mais nous sommes cachés derrières des arbres et des buissons, nous sommes invisibles à l'œil nu. Le vent continue de tordre les arbres, une branche craque, le molosse prend peur et s'enfuit avec son maître. Tant mieux, nous avons le champ libre. Je me sentais mal à l'aise de diriger les troupes ainsi, j'avais peur de les mener vers la mort au lieu de les sauver. Il faut que je garde le peu de confiance que j'ai en moi sinon nous sommes perdus.
Je traverse la frontière, mal à l'aise. La dernière fois que je m'étais rendu sur cette colline je l'avais regretté. Je soupire et avance, me souciant peut des ennuis pouvant nous arriver, la principale mission était de sauver mon clan, point barre. Je lève la tête pour regarder où se trouvent les autres, je distingue rapidement Tâches du Léopard. Je suis soulagé, tous les guerriers sont en un seul morceau. Chacun trouve sa place sur la colline. Nous devrions bientôt recevoir la visite du Clan des Flammes vu comment notre odeur doit s'être propagée.
« Ne vous inquiétez pas, au moins ce ne sera pas la tempête qui nous tuera, quitte à nous battre pour rester ici, tous en vie, nous le ferons. »
Des miaulements soutiennent alors mes paroles tandis que d'autres les protestent. Tant mieux, cela montre que mon gouvernement ne fait pas l'unanimité et cela montre également que je ne règne pas tel un roi. J'incline la tête et m'assois, attendant l'arrivée du soleil ou d'Étoile Diaphane.
NON-LGDC
Nuage de Lierre:
Un mois pour vivre mourir
Vendredi 27 Mars, 20h36, dans mon lit. Alors voilà. Je crois qu’il est grand temps pour moi de me lancer. Je n’ai jamais tenu de journal intime. Alors, je suppose qu’il n’y a pas vraiment de mise en page. De toute façon, le mien ne sera pas une copie conforme, à l’image de ma vie. Je suis Mathis et j’ai 16 ans. En fait, je pourrai m’appeler Robert et avoir cinquante piges que ça ne changerait pas grand-chose. D’ailleurs, Maman, quand tu trouveras ce journal -car tu le trouveras je n’en doute pas- pense à t’occuper de Jérémy et de Croquette. Je sais que tu n’aimes quand je cite mon petit frère en même temps que le chat, mais dans le fond, ils se ressemblent. Par où commencer ? Ah. Je sais. Un mois. En fait on pourrait se dire qu’un mois, dans une vie, c’est absolument rien. Bah, dans la mienne, ça sera déjà beaucoup plus. Tu sais, à partir du moment où vous m’avez dit qu’il ne me restait qu’un mois, je me suis bien foutu du pourquoi du comment. Cela pourrait être un cancer que je n’le saurai même pas. Et tu sais quoi ? Je m’en fiche. Finalement, les causes ne valent rien face à la conséquence. Je suis encore sur le Postérieur. Et dire qu’on revient du rendez-vous. Environ quatre heures passées en pensant que dans un mois, je rejoindrai papi… Étrangement, je n’ai pas peur. Je regrette, voilà tout. Bon, j’ai pas envie de chialer tout seul dans ma chambre, tu pourrais m’entendre d’en bas, alors je vais m’arrêter là.
Lundi 30 Mars, 18h17, sur le bureau. Je ne sais même pas pourquoi j’écris dans ce vieux cahier de brouillon. Après tout, n’importe quel support est apte à servir de journal intime, non ? J’ai le sentiment que tenir cette chose me donne une sorte de but et qu’en découle de la satisfaction. J’arrive, même maladroitement, à exprimer ce que je ressens. C’est fou comme on repense la vie quand on la sait aussi courte. Moi qui me suis toujours trouvé parfaitement désintéressé de la philo, j’ai soudainement envie d’écouter M.Parmene des heures entières. Je compte les jours, les heures et même les minutes. Pas encore les secondes, mais je sens que ça ne tardera plus… J’ai envie de tout faire, de tout voir. J’suis encore puceau et j’aurai voulu attendre une fille bien plutôt qu’une pétasse, mais je commence à revisiter la question. De toute évidence, la femme de ma vie ne le sera jamais plus d’un mois. Enfin, un mois, on ne sait pas. Peut-être moins, peut-être plus. Ce serait si facile de savoir le jour et l’heure exact. Je n’ai encore rien dit à Damien. Il va trop m’en vouloir si je continue à hésiter. Les autres aussi d’ailleurs. Mais franchement, comment annoncer à ses potes qu’on ne passera pas les vacances d’été ensemble parce qu’on ne sera plus là ? Que, non, de toute évidence, on n’ira pas voir ce nouveau film génial dont on avait vu la bande-annonce ? Que, dans 40 ans, on ne se retrouvera pas ? On ne prendra pas de nouvelles en riant de ce qui nous arrive aujourd’hui ? Que je ne l’aiderai pas, cet été, à combler ses lacunes en Maths ? Qu’on ne sera jamais coloc’ pour nos études ? Que ces soirées d’étudiants, il les fera seul ? Que je ne serai pas là plus tard pour garder son chien quand il ira en vacances ? Que l’an prochain, il ne sera pas à coté de moi en Histoire, ni en Anglais, ni en Français ? Hein ? Qui peut vraiment me répondre ? Comment je lui dis, moi, que tout ce qu’on avait pu prévoir pour plus tard, que tout ce qu’il avait annulé pour nos petits projets de gamins, que tout ça, ça n’arrivera pas ? Jamais. Non, on ira pas en Australie ensemble, mon pote. Non, on ne fera pas le tour du monde, gros. Non frère, parce que dans un mois je suis plus là, dans un mois c’est fini. Pourquoi ? Je sais même pas pourquoi. Peut-être que j’aurai du écouter ce putain de médecin et son charabia. Avec ces plus plates excuses. Pfff. Comme si on s’excusait de dire «salut dans un mois, vous ferez une place sur cette Terre aller salut» ? Je m’en fou, de toute façon, je m’en fou.
Mardi 14 Avril, 14h09, lit d’hôpital. Enfin ! On me laisse enfin de quoi m’occuper dans ce trou à rat qui pue déjà la mort. La télé, ça va bien cinq minutes. Regarder des bimbos se crêper le chignon ou des faux gangsters jouer aux durs à travers les téléréalités, c’est juste désespérant. Je m’en vais, lassé de la réalité. Je viens de voir que la dernière fois que j’ai écrit remonter à deux semaines… Il y a tant à dire, enfin, à écrire. Tout est allé si vite… Le 1er j’ai fait une sorte de malaise au lycée. On était dans le couloir et Damien s’est automatiquement dit que je rigolais, que c’était juste un poisson d’avril. Puis je me suis réveillé ici, il était là, à demi-étendu sur mon lit. Et il dormait, ce con. J’ai regardé un peu partout jusqu’à comprendre. Quand il s’est réveillé, il m’a engueulé puis il s’est mis à pleurer. Il avait l’air… bouleversé, et inquiet. Moi je me contentais de l’écouter et de répondre de temps en temps par oui ou par non. Un médecin est venu clore notre conversation, avec son air sérieux. Il a poliment viré mon meilleur ami de la pièce pour m’annoncer que je ne sortirai plus d’entre ces quatre murs. Je l’ai bien engueulé, j’étais tellement énervé. De tout. Pourquoi ? J’avais rien demandé, moi. Je regardais des séries débiles comme la quasi-totalité des gens de mon âge. Je ne fumais pas, je ne buvais pas, je ne me droguais pas. Je ne mangeais pas trop dégueulassement, et puis je faisais du sport. Et puis je vivais, et je comptais continuer mon petit traintrain quotidien, ma petite vie égoïste. Je voulais juste qu’on ne touche pas à mon petit monde, tout rose, tout beau. Dont j’étais le centre d’intérêt. Et bam ! Ce vieux con débarque et me ramène à la réalité. Il était qui, pour faire ça, hein ? Qui étaient-ils, tous, pour m’interdire de sortir ? Et si j’avais envie de vivre le peu de vie qu’il me reste à fond ? Bah non, il aurait pas la conscience tranquille ce salaud, faudrait pas entacher son beau petit CV. Faudrait pas qu’un rapport se fasse comme quoi il a laissé un mec le droit de choisir le reste. Putain de cœur à la con, tout ça c’est à cause de toi, et puis grâce à toi à la fois. Je sais pas si je suis sensé regretter ou me sentir chanceux. Regretter d’avoir vécu si salement, si banalement ? D’avoir été un parmi d’autre. Ou bien se sentir chanceux de mourir dignement, sur un lit, et pas comme un chien dans la rue, ou devant des frères d’armes, ou assassiné ? Je pense que la pire chose qui soit, c’est de se faire tuer par quelqu’un qu’on connait, volontairement. Je me sens ici comme une vache à l’abattoir. J’entendrai presque les infirmières hurler "au suivant !". Hier j’ai entendu l’une d’entre elle en pleine conversation avec une mère qui venait de perdre sa fille. Elle lui proposait de garder son corps dans la chambre froide en attendant qu’elle ait informé la famille. Dégoutant. J’vous préviens hein, moi j’veux qu’on donne mes organes. Parce que je l’attends toujours, mon cœur tout beau tout neuf. Et je pense que je peux l’attendre encore longtemps. On n’est pas dans les fictions d’adolescentes où les gentils parents donnent leur vie pour celle du gamin. J’ai toujours été trop ingrat pour qu’un proche me fasse cette chance. Et puis franchement, je ne sais même pas si j’en voudrai bien… Je me sens aux petits soins. Tout le monde vient me voir, il n’y a pas un jour où je n’attends personne. Et même M.Parmene vient parler avec moi parfois, et puis des gens que je ne connais pas aussi. J’ai l’impression qu’une vague d’hypocrisie s’abat sur moi, d’un coup. Ils ne viennent pas pour moi, juste pour satisfaire leur conscience. Je suis mal à l’aise d’être un poids comme ça. Moi qui avait horreur de dépendre des autres, me voilà servi.
Samedi 18 Avril, 12h08, sur le lit d’hôpital. Les jours passent et j’ai le sentiment de descendre d’un coup en Enfer. Je n’ai jamais cru à tout ça : l’Enfer, le Paradis. Je ne pense pas qu’un mec m’attend pour me donner ou non son salut. Puis même si c’était le cas, franchement, même ces deux endroits sembleraient tellement doux face à ma vie à l’hôpital. Des fils qui sortent et entrent de partout de mes bras, et de ma poitrine. Eurk, je ne sais même plus lesquels servent à quoi. Mon état s’aggrave et je commence à être de plus en plus vite fatigué. Je perds en vivacité et gagne en lassitude, j’ai presque envie de voir la Mort arriver. J’ai l’impression qu’on s’acharne sur moi, de façon à ce que je vive un peu plus longtemps. Mais c’est pas une vie, ça. Mes amis et mes proches viennent à présent me voir chaque jour. Ce qui pouvait m’agacer quelques jours plus tôt m’épuise à présent. J’ai l’impression d’avoir couru dans tous le pays. J’en aurais presque des crampes.
Jeudi 23 Avril, 18h13, sur le lit d’hôpital. C’est inespéré ! Enfin ! Personne n’y croyait, ni même moi, si bien que je n’ai pas mentionné ça. On vient de trouver un donneur ! Je suis si content, que mon cœur bat la chamade. Il ne faudrait tout de même pas qu’il lâche avant l’opération, ce serait bien trop comique. L’infirmière a été claire : il faut encore que l’opération fonctionne et que la greffe prenne. Je me sens déjà mieux. Je ne peux pas écrire grand-chose, mais je n’hésiterai pas à écrire après l’opération ! D’ailleurs, elle ne devrait plus tarder !
FIN
Etoile Diaphane:
(ECOUTER LES MUSIQUES PENDANT LA LECTURE)
Dimanche 6 octobre 2013, 16h38.
Prénom : Shannon. Nom : Busson. Âge : 16 ans (actuellement en seconde). Aime : Natation, dessin, écriture, lecture, sorties avec des potes (assez récent d’ailleurs). N’aime pas : Collège, profs nuls, pétasses, etc… Voudrait faire : Psychologue. Ou bien artiste. Qualités : Gentille, aimable, lucide, intelligente, un bon coup de crayon, extravertie. Défauts : Jalouse, possessive, naïve, stressée de la vie… Famille : Mère & père biologiques, petite sœur (Stella, 11 ans), grande sœur (Amélie, 20 ans) et grand frère (Vincent, 24 ans).
Aucune idée du pourquoi j’ai décidé, d’un coup, d’écrire un journal… ah, si, peut-être… parce que ça doit être de famille. Ouais. En fait je sais pas trop par quoi commencer ! A l’heure où je t’écris, cher journal, je fête l’anniv’ de mon frère Vincent. Maintenant que tu sais l’essentiel sur moi avec la petite fiche d’intro, tu vas savoir ma vie. D’accord, comme premières lignes, c’est pas génial, mais le début est souvent chiant. Bon. En tous cas, j’aime beaucoup les gâteaux que ma belle-sœur, Priscille, a faits. Déjà le premier, en forme de trésor, avec même des pièces dedans ! Il semblait si réel que personne n’osait le manger. Franchement, Priscille c’est une cuisinière dans l’âme. Elle fait des trucs justes énormes. Elle n’est « que » journaliste, mais maman et moi (même Vincent, aussi) nous lui reprochons toujours de ne pas essayer le métier de cuisinière. « Ah non ! Si c’est pour subir une pression énorme dans les cuisines pour satisfaire les clients chiants, non merci. Je préfère disposer de tout mon temps pour cuisiner de bons plats », disait-elle. Demain y a école. C’est trop de la merde. Retour des contrôles à gogo et des profs chiants à souhait.
Mercredi 9 Octobre, 17h00.
Quand j’ai pris le bus – quand je m’apprêtais à le faire – ma mère a déboulé de nulle part et a crié mon nom en disant qu’elle me ramènerait à la maison. Du coup, on s’est foutu de ma gueule. Sympa, vraiment. Surtout Killian, le petit blond qui se prend pour King Kong ou une autre connerie. Heureusement, Mat’, mon meilleur pote, lui a fait passer l’envie de recommencer. Et puis il y a Caro’, aussi, qui a arrêté de se plaindre de ne pas avoir de copain. Sur Skype, elle me soûlait. Bien sûr, je n’ose pas le lui dire, certaines choses doivent rester dans le silence, mais tout de même… elle se traite elle-même de grosse, de nulle, et se demande pourquoi personne ne veut d’elle. Pourtant c’est une fille juste incroyable. Sans doute que les gens sont trop cons pour accepter une telle divinité ?
Mardi 19 novembre, 16h00.
C’est horrible. Je crois que j’ai flashé sur un mec. Quand je le vois, j’ai envie de m’enfoncer 6 pieds sous terre, et en plus il est tellement beau ! Le pire, c’est que c’est tout à fait mon style. Malgré les avertissements de Caro’ qui ressemblent à « Fais gaffe Shan’, il est peut-être beau, mais il est peut-être aussi con, il n’en vaut peut-être pas la peine », j’ai remarqué que ce mec me matait depuis la rentrée. Enfin je crois. Je le vois tous les lundis soirs à l’UNSS, donc juste après les cours. Je crois qu’il a mon âge. Quelle classe, quel style ! Un coup de cœur, en quelque sorte… plus qu’une attirance en tous cas. Maintenant, reste à savoir :
1. S’il a une copine. 2. S’il est vraiment con, ou s’il en vaut la peine. 3. Si je ne me fais pas des films à son sujet ; s’intéresse-t-il vraiment à moi, ou est-ce parce que j’ai un trop gros Postérieur et que ça l’intrigue ? 4. Si un de mes potes le connaît, comme ça je pourrais apprendre des trucs sur lui. 5. S’il ne me fera pas du mal en me brisant le cœur.
Souvent, nous, les filles, on tombe amoureuse et puis… on oublie. Ouais, il était beau, mais y en a des milliers comme lui, peut-être mieux que lui. Mais moi je suis pas comme ça. J’ai pas un cœur d’artichaut. Je crois que j’en ai d’ailleurs trop brisés pour me permettre de m’en accrocher à un en particulier.
Mardi 24 décembre, 02h30.
Je suis crevée, mais j’ai l’impression d’avoir délaissé mon journal. Le mec dont je parlais… eh ben, c’est un pote d’un pote à Mat’. Ce gars-là, il a plein d’amis, donc limite ça ne m’étonnait pas trop. Le beau gosse s’appellerait Ryan. Un nom typiquement anglophone. Mais apparemment, on le surnommerait « Kyle ». Ce que je ne prenais pas pour un sobriquet, personnellement, mais il paraît qu’il préférait celui-là. Pourtant, il fallait l’avouer, Ryan était stylé. Du coup, la semaine dernière, j’ai demandé à Mat’ si c’était possible de parler à Ryan-Kyle. Il m’a répondu quelque chose de ce style : « Ne l’appelle jamais Ryan, surtout ! Bref. » (un tic de langage) « Écoute Shanon, je ne sais vraiment pas si Kyle va accepter de te parler, surtout par SMS. Il préfère rencontrer les gens face à face, tu vois le genre. – Ouais, mais… tu pourrais me passer son Skype ? » Il avait eu une espèce de regard désespéré, qui m’avait fait glousser comme une débile. « Têtue comme une mule, hein ? » vu que j’acquiesçais bêtement, il avait fini par céder : « Bon, d’accord. Je lui en parlerai. – Ah mais nan, c’est pas ce que je voulais dire… » il a froncé les sourcils, je me souviens de son regard chelou. « Euh… enfin… j’aimerais juste que tu me donnes son Skype. Sans lui parler de moi. – Pourquoi ? T’es conne ou quoi ? Tu crois qu’il va te répondre si tu le demandes en ami ? – Certains le font. – Eh bien, il n’en fait pas partie. – Alors, pour que ce soit plus rapide, t’as qu’à lui demander sur Skype si je peux parler avec lui. – Putain, je comprends rien à ce que tu veux là. » je n’avais parlé de mes sentiments envers Ryan qu’à Caro’, ce n’était donc pas étonnant que Mat’ ne comprenne rien. « Meuf, pourquoi tu veux parler à Kyle ? C’est seulement un pote à Joseph, et ça fait un bail que je ne lui ai plus parlé. – Bah, c’est l’occasion de renouer les liens, tu ne crois pas ? – Arrête. T’as bien une raison pour vouloir parler à un mec comme lui. – Joseph le connaît bien ? – D’enfer. C’est son meilleur pote. Ils sont presque comme des frères. – Alors, je veux parler à Joseph. » Là, je crois que j’avais poussé le bouchon un peu trop loin. Mat’ m’a littéralement fusillée du regard, j’ai cru qu’il allait me frapper. Il n’aimait pas quand je le faisais chier comme ça. « C’est possible ? l’ai-je alors relancé. – Explique-moi ton jeu de merde par SMS ou Skype ce soir, et tu pourras parler avec Joseph. » Et il s’est barré en me laissant plantée là, devant l’entrée du collège. Et puis j’ai vu Killian, totalement à l’opposé de l’endroit où je me trouvais. Le sale con avait observé toute la scène et me matait comme un gros pervers. Il gloussait avec ses potes, il m’insultait sûrement. Mais je n’en avais rien à faire, parce que tant que ce n’était pas Ryan qui se tenait là, et qui se foutait de ma poire, alors ça n’avait aucune importance. Donc, le soir, j’ai pris mon portable (flemme d’allumer mon ordi) et j’ai envoyé un SMS en panique à Caro’ : « Putain Caro’, je suis grillée. » Comme elle n’avait pas répondu avant une bonne heure, je n’avais pas arrêté de stresser pour rien. Oui, elle répondait toujours aux SMS, mais je n’avais pas envie de vérifier si elle était connectée sur Skype ; et à ce moment je me suis rendue compte que j’osais penser qu’elle en avait rien à foutre de cette histoire. Parce qu’elle n’ignorait jamais mes SMS, et elle avait toujours son Skype et son téléphone d’allumés en même temps. Caroline, c’était comme une sœur. L’autre partie de mon âme. « Shan’ ? Qu’est-ce qu’il y a ? Ton mec mystère sait tout ? » « Non, mais Mat’ veut tout savoir. Et puis, Kyle, enfin Ryan, je l’ai pas vu de la journée, son regard me manque. Et je sais pas quoi dire à Mat’. Si je dis rien, il parlera pas de moi à Joseph. Je suis trop en stress. » « Quoi ? Attends, j’ai pas compris la moitié de ce que t’as dit. C’est qui, Ryan/Kyle ? Et Joseph ? » « Kyle, c’est le mec dont je suis en kiff et Joseph, c’est son meilleur pote, que Mat’ connaît. » Ce coup-ci, elle a mis du temps à répondre. Si bien que je me demandais si le réseau avait merdé. Mais non, 20 min après, j’ai reçu : « Donc, tu es bien en kiff sur Kyle. C’est pas qu’une attirance. » Puis, 1 min plus tard : « Tu connais Mat’, non ? C’est pas un gros bâtard. De toute façon, si tu ne lui dis rien, ben il ne parlera jamais à Joseph, et encore moins à Kyle. Je pense que tu peux lui faire part de tes sentiments envers Ryan. » « D’accord, merci Caro’. Je suis décidément trop nulle. » « Mais non, Shan’. » Ensuite, j’ai tout raconté à Mat’ sur Skype. Le con, je suis sûre qu’il ricanait derrière son écran, vu sa réponse : « Ah, Shan’, c’est vraiment dur de t’arracher les vers du nez, tu sais ? » « J’osais pas te le dire. Je suis dans la merde, avec cette histoire, du coup j’en avais parlé qu’à Caro’. Et si ça se trouve, Kyle n’est qu’un con… c’est pour ça, je veux vérifier. » « Et s’il n’est pas assez bien pour toi, tu feras quoi, tu le repousseras comme une grosse salope ? » « Non, ce serait mal. Je suis pas une salope Mat’ ! » « Je sais, Shan’. Je comprends. Écoute, je vais parler à Joseph, il parlera de toi à Kyle. Ça te va ? » « Pour lui dire quoi sur moi ? Genre « y a une meuf qui est en kiff sur toi mon gars » ? » « Non, pour lui dire la vérité : que tu veux lui parler. » « Mais c’est chelou, c’est pas un argument ça. Il saura forcément qu’il me plaît. » « C’est vrai. Et alors ? Tant que tu ne lui auras pas avoué en face, il ne sera sûr de rien, tu ne crois pas ? » J’ai fermé mon ordi portable en réfléchissant à sa dernière réponse. Ça ne me convenait toujours pas, mais je ne voyais pas ce que je pouvais y faire de plus.
Jeudi 2 janvier 2014, 20h00.
Quelque chose d’étrange m’arrive en ce moment, mais je ne saurais pas dire quoi. Ce n’est pas Kyle (qui pourtant me préoccupe vraiment), ni les conneries de Killian qui me soûlent. Stella m’énerve aussi, des fois, et je me suis montrée parfois violente, mais rien de superflu. J’ai craqué mes poignets dans un tic, aujourd’hui, et une de mes mains est retombée molle comme un chiffon, formant un angle plutôt… bizarre. Je crois que je devrais prévenir mes parents, parce que mes muscles réagissent rapidement, trop rapidement. Comme s’ils étaient tendus comme le fil d’un arc. Peut-être est-ce parce que je suis trop stressée à cause de Kyle. J’ai quand même le sentiment qu’il y a autre chose derrière tout ça… mais quoi ? Je n’ose pas en parler à Mat’, il se foutrait de ma gueule, et même Caro’, malgré son tempérament doux et compréhensif, me dirait que je suis trop stressée et me rappellerait ma tendance à m’inquiéter pour rien. D’ailleurs, Kyle. Il n’est pas si mal. Sauf que, pour rester dans la bizarrerie, je me suis mise à avoir des crampes musculaires subites et inexplicables, et du coup, pour une première discussion avec lui, j’ai presque tout fait foirer. Il a été indulgent. Il a sans doute placé ça sur le compte de l’appréhension ; avec l’aide de Mat’, Joseph lui a grossièrement raconté ma personnalité. Et puis apparemment y aurait aussi Clemy, jaillie de nulle part, qui lui aurait dit que j’étais une meuf géniale. Clemy, c’est la sœur à Caro’. Son vrai nom, c’est Clémence. Je l’aime beaucoup, d’ailleurs, mais juste le nom. D’habitude, elle a un humour trop noir à mon goût et se moque souvent de ses amis sarcastiquement. Je ne sais pas comment Caro’ fait pour la supporter.
Dimanche 20 avril, 17h00.
Je suis allée chez Kyle pour la première fois. Tout est allé très vite, en fait. Il porte beaucoup d’intérêt pour moi, mais j’ai dû le forcer pour qu’il bouge son Postérieur. Quel est son problème ? On dirait que, d’un côté, il me fuit, et de l’autre, il s’intéresse à moi. Il me sourit, est très sensible à mes compliments, tout indique que je l’attire. Pourtant… quand je lui parle de copine, il se renfrogne, et il devient repoussant. Du coup, j’évite le sujet. Mes crampes n’ont pas cessé, et je commence sérieusement à me ronger les sangs. J’ai des réflexes vraiment bizarres, inhumains. J’ai peur. Si peur. On dirait clairement les symptômes d’une maladie. Parkinson ? Ebola… ? Je n’ai plus autant de force qu’avant, mes muscles se fatiguent plus vite… je ne comprends pas… qu’est-ce qu’il se passe ? Est-ce passager ? Un truc bénin à l’adolescence ? Comment savoir ? J’ai l’impression de ne plus contrôler aussi bien qu’avant mes bras… je n’ose même plus faire craquer mes poignets. J’ai eu la malchance de le faire une deuxième fois, et ma main a repris cet angle bizarre. Elle était si molle, ah… j’en frissonne. Horrible. Affolant. Et pourquoi ça, pourquoi maintenant ? Si c’est une maladie, pourquoi apparaît-elle de cette façon ? Est-ce grave ? Putain, mais c’est Pâques, et il m’arrive que des merdes.
Mercredi 30 avril, 15h00.
Je me souviens. Ça m’est déjà arrivé, mais c’était moins puissant. Cancer ? Tumeur ? Que faire ? Des recherches ? Mais des recherches sur QUOI ? Je ne sais pas ce que je cherche… je ne sais même pas si on peut parler de « symptômes ». Ce sont peut-être des anomalies qui vont disparaître ? Je n’en ai parlé à personne, mais j’y pense maintenant presque tous les jours. Cette… chose me hante, et pour me consoler, je pense à Kyle. Je ne l’ai plus revu depuis 1 semaine, et en plus, il se connecte rarement sur Skype et boude son téléphone. Les seuls endroits où je peux le croiser sont aléatoires (plage, ciné, arrêt de bus…). J’ai peut-être besoin d’un psy. Ce truc, ça me hante, surtout parce que ces bizarreries sont déjà survenues il y a quelques mois, voire presque un an en fait. J’avais parfois du mal à avaler, des problèmes d’élocution, et même des crampes musculaires. Et voilà que ces conneries reviennent. Ah, et j’avais aussi une sensation bizarre au niveau du nez. Mais c’était si subtil que j’avais passé outre, tout passé outre. Maintenant ce n’est plus pareil. Quand je cours, je trébuche stupidement, alors que ça ne me serait jamais arrivé avant. Mais même quand je marche ! Et pas à cause d’un caillou, non ; mes jambes deviennent plus faibles, je les contrôle moins bien.
Vendredi 16 mai, 18h00.
J’en peux plus. J’ai tout dit à Caro’ sur Skype, hier. Ça s’est passé comme ça : « Putain Caro’, y a des trucs trop bizarres qui m’arrivent. Genre, j’ai des crampes pour rien, des douleurs musculaires, des difficultés à bien marcher (je trébuche comme une conne) et maintenant quand je veux, par exemple, boutonner un gilet… je bug complet. Limite j’arrive plus à contrôler mon bras. Et je me sens plus faible qu’avant. » Sa réponse m’a laissée coi. « Shan’… tu vas trop loin. » « Hein ? Je comprends pas ce que tu veux dire. » « Avec Kyle. S’il te fait vraiment cet effet-là, oublie-le. Putain, te détruis pas la vie avec ça. C’est qu’un mec. » « Je suis très sérieuse Caro’. Kyle n’a rien à voir là-dedans. Ne me parle pas de stress. Parce que là je flippe sérieux. Je voulais pas t’en parler, mais c’est pire qu’avant… ces trucs-là m’étaient arrivés bien avant, sauf qu’ils étaient trop bénins pour que je m’en soucie. » « Shan’, tu exagères ! Arrête de dramatiser, tu veux ? Prends du recul, interroge-toi sur ça… Normal qu’ils ne t’aient pas affectés avant, tu veux être aimée (ce qui est normal) et t’es tombée sur « LE » mec… autrement dit Ryan, ou Kyle, comme tu veux. Alors forcément, ces sensations s’accentuent. » Je suis restée avec les yeux écarquillés devant mon écran. Caro’, ma sœur de cœur, me rabrouait en disant que ce n’étaient qu’illusions dues à l’angoisse. Sauf que Kyle n’avait rien à voir avec tout ça. Ne pas être crue… c’était un sentiment cruel. J’avais le cœur qui palpitait et un profond sentiment d’injustice. « Pourquoi tu ne me crois pas ? Je te jure, sur ma tête, sur ce que tu veux, que ça n’a rien à voir avec Kyle. » « Grand bien t’en fasse. Mais moi, je suis persuadée que tu es parfaitement saine et que tu te tracasses pour rien. » Dans un accès de rage, j’ai clos la discussion sur : « Ouais, eh ben, quand je serai morte, tu méditeras peut-être un peu plus sur tes paroles. » Bien sûr, je ne pensais pas à une telle extrémité.
Lundi 19 mai, 19h00.
Ce soir, je vais tout raconter à mes parents. Et eux au moins me prendront au sérieux. Mon père, médecin, saura certainement m’orienter. En fait, je suis partagée entre deux sentiments : la culpabilité envers Caro’, parce qu’après tout, elle avait raison de penser ça et que j’espérais que c’était le cas ; et la frustration, car elle refusait de me croire alors que je pensais dur comme fer que j’étais en proie à une maladie abominable.
Dimanche 25 mai…
Ce fameux soir de lundi 19 mai, ma mère a ri à gorge déployée, mais mon père est devenu si livide que j’ai cru qu’il allait faire une syncope. Il s’est crispé, m’a fixée comme si je n’étais plus sa fille mais un extraterrestre. L’ambiance a été si plombée que ma mère s’est tue et a ressenti une profonde inquiétude. Nous n’avions jamais vu papa dans un tel état. Il ne bougeait plus, osait à peine respirer, puis sa fourchette a glissé de sa main et est tombée au sol dans un « cling ! » sonore qui a réussi à le sortir de sa torpeur. Ensuite, il a enchaîné, toujours aussi blême : « Shanon, il faut t’emmener à l’hôpital. Tout de suite. » Pendant le trajet, personne n’a parlé. Maman semblait sincèrement regretter son hilarité face à mon exposition des faits. Papa, lui, tremblait. Du coup, il a préféré laisser le volant à sa femme, parce qu’il était trop tendu et craignait de provoquer un accident. Mon père a exigé que l’on me fasse faire une IRM en urgence. Les infirmiers l’ont pris très au sérieux, car il était un vrai professionnel et ne blaguait pas du tout. Moi, j’étais terrifiée, et maman n’a obtenu aucune réponse à ses questions (et ce n’était pas faute d’avoir essayé). Elle murmurait simplement mon nom, les mains portées à sa poitrine et même les médecins n’avaient pas de réponse à lui fournir, ne pouvait que la rassurer à coup de : « Tout va bien se passer, Mme Busson. » Que pouvaient-ils dire d’autre ? … Mon père n’avait parlé qu’au neurologue le plus expérimenté, lequel avait été sollicité en extrême urgence. Un neurologue. Putain. Je commençais à vraiment, vraiment paniquer. J’ai donc été emmenée dans la salle des urgences… sans que je n’en sache la raison. L’IRM, c’est horrible. Une grande boîte qui n’arrête pas de faire de bruit. On ne doit pas parler. De toute façon, je ne sentais plus mon bras désormais. Comme s’il était ankylosé. Mon cœur a cogné plus fort dans ma poitrine, je sentais mon sang battre à mes tempes, et je pensais à Caro’, qui regretterait sans aucun doute ce qu’elle avait dit. J’avais raison. J’étais atteinte d’une maladie. On m’a conduite dans une salle d’hôpital. Les infirmiers semblaient désolés, comme si mon sort était scellé, comme si j’étais… j’étais déjà… morte. Papa est venu à mon chevet, il m’a ébouriffé tendrement les cheveux, et j’ai lancé : « Papa, je ne sens plus mon bras. – C’est normal, chérie. Tu ne le sentiras plus jamais. » Son ton avait beau être doux au possible, il me donna l’impression d’un coup de poing au cœur. « Papa, j’ai peur. Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi est-ce que je ne le sentirais plus jamais ? C’est grave ? Pourquoi tu n’as rien dit… ? – Calme-toi, Shanon. Demain, tu n’iras pas au lycée. Ni après-demain. Ni… » sa phrase s’est perdue en plein milieu. Puis il a conclu : « En fait, tu n’iras plus jamais là-bas. » J’en suis restée coi, scotchée, suspendue à ses lèvres, les yeux exorbités. « Explique-moi. – Shanon, je… » ses yeux étaient embués de larmes, ce qui m’enfonça dans ma confusion. Je ne l’avais jamais vu pleurer, il canalisait toujours ses émotions à la perfection. « Oh, ma chérie. Tu n’as plus qu’un mois à… à… à vivre. Tu as une sclérose latérale amyotrophique. Nous n’avons pas de traitement adéquat. Je suis vraiment désolé. Nous ferons tout pour que tu ne souffres pas. » Le souffle me manquait presque. J’ai regardé mon bras gauche, qui ne répondrait donc plus jamais, et je me suis mise à trembler d’effroi. « Une sclérose latérale amy… truc ? » Vu son air, il a dû faire preuve d’un certain courage avant de répondre sincèrement : « La sclérose latérale amyotrophique, autrement dit maladie de Charcot, est mortelle et incurable. Tu en as décrit tous les symptômes, ceux-là même qui arrivent progressivement. Au début, ils sont si subtils que tu ne t’aperçois de rien. Mais tu commences à passer au stade suivant avec ton bras paralysé. Au fur et à mesure des jours, tes membres ne répondront plus tour à tour, tu auras du mal à déglutir, et cela affectera ton système respiratoire, jusqu’à ce que ce soit… la fin. Rien n’aurait changé si tu en avais parlé plus tôt. Nous aurions pu retarder le jour fatal, mais rien de plus. » sa voix brisée m’a rendue si triste que j’en ai presque pleuré. Je n’arrivais pas à réaliser que j’allais mourir sans que personne ne puisse y faire quelque chose. Puis soudain ma mère est arrivée, presque hystérique, le souffle court. Papa s’est poussé dans un mouvement de fatalité pour qu’elle puisse me toucher à souhait. « Oh, mon bébé, mon bébé… ma puce, mon trésor… » apparemment, on avait fini par tout lui expliquer. Une boule immense s’est formée dans ma jugulaire, et les larmes m’ont piqué les yeux. Sa voix était si désespérée. Si alarmée. Elle s’est tournée vers son mari et a lâché avec plein de véhémence : « C’est faux, hein ? Vous avez un traitement, vous la soignerez. N’est-ce pas ? » Sa façon de considérer papa comme un étranger m’a surprise. Lui aussi. « Chérie. » il n’a rien pu dire d’autre. Il en était incapable. Ça se comprenait. Alors maman s’est jetée dans ses bras et a lâché un torrent de larmes. Avec mon bras valide, j’ai agrippé les couvertures, les tendons de mes phalanges saillants et étirés comme jamais. Puis mes parents se sont tournés vers moi. Je ne les avais jamais vus aussi chagrinés. Une partie de leur monde serait perdue à jamais. J’avais entendu dire que perdre son enfant était la pire chose au monde qui puisse arriver. Et ils ne pouvaient rien y faire, malgré toute la force de leur volonté, malgré tout leur courage, malgré tout leur chagrin. Et Stella, la pauvre Stella. Elle serait si bouleversée. Si perdue. Une bile amère m’a donné un mauvais goût dans la bouche. J’ai dégluti, mais si mal que j’en ai toussé. A 20h30, papa et maman étaient toujours à mon chevet, nous discutions de choses banales pour nous rassurer, pour profiter au maximum du temps qu’il nous restait à vivre en famille. Juste tous les trois. Le lendemain, peut-être que Caro’, Mat’, Kyle, Clemy et les autres viendraient me voir pour la dernière fois. Ou alors ils reviendraient jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus le faire. « Madame, monsieur, les visites sont terminées pour aujourd’hui. Veuillez s’il vous plaît quitter la chambre. » L’infirmier tentait de demeurer impassible. Mais c’était impossible. Des cas comme moi, il n’en avait encore jamais vu, j’en étais sûre. Et pour cause… la maladie de Charcot était si rare, et pourtant si imprévisible. « Pouvons-nous rester jusqu’à 21h ? » s’est enquise ma mère dans un souffle. L’homme voulait rester inflexible, mais il n’y arrivait pas. « Très bien, a-t-il concédé. Passé ce délai, vous ne pourrez pas rester une minute de plus. Vous non plus, M. Busson. » Bien que mon père travaille dans l’hôpital, il était quand même considéré comme un visiteur, et il m’avait dit que ce ne serait pas lui qui me prendrait en charge. Le temps m’a paru si court. Mes parents sont partis à l’heure, me laissant seule avec moi-même et mes sanglots retenus. Je ne voulais pas partir. Non. Je voulais que tout cela ne soit qu’un cauchemar, que je me réveille, en pleine forme et prête à déconner avec Mat’ et Caro’. Peu m’importait Kyle. I’ll be waiting for love. Waiting for love… !
Jeudi 5 juin.
[i](Reprise du journal sur demande de Shannon. C’est sa mère, Amanda, qui écrit ce qu’elle lui dicte, car elle est désormais incapable de le faire d’elle-même. Certains mots seront coupés, faute de compréhension. Shannon a des problèmes maintenant graves d’élocution, a du mal à parler correctement.)
Chaque jour est une souffrance de plus. Je ne sens plus mes bras, et mes jambes me lâchent à leur tour. Quand j’avale, ça passe dans le mauvais trou, et je tousse de plus en plus. On m’a fait passer une électromyographie, pour que les médecins soient sûrs que ce soit la maladie de (incompréhensible, mais je suppose qu’elle voulait dire « Charcot »). Ça détecte l’activité électrique dans les muscles. Caro’, Mat’ et Kyle me rendent souvent visite, autant qu’ils le (incompréhensible). Selon d’autres tests, je n’ai pas d’autres maladies. Tout s’est (passé ?pas sûr.) si vite. Ce serait trop tard pour utiliser du Riluzole, conçu pour freiner la maladie. Bientôt, j’aurai (incompréhensible. Sans doute voulait-elle dire « besoin ») d’une assistance respiratoire. Malgré les (incompréhensible. « efforts », je suppose) des médecins, ils disent que je serai morte d’ici le 19. Certains remettent en question l’idée de me placer sous assistance respiratoire, que ça ne servirait à rien, que je ne ferai qu’agonir, ne pouvant plus (incompréhensible. Contrôler, sans doute) mon corps. En entier.
…
La nuit du 19 juin, notre fille est décédée. L’heure de la mort a été évaluée à 23h30. Nous avons tous été profondément chagrinés, les obsèques auront lieu incessamment sous peu, peut-être d’ici le samedi 21 juin pour que cela n’empiète pas sur les horaires de travail de certaines personnes. Ci-contre les déclarations des proches de Shannon…
« Mon bébé, que Dieu te protège et que tu sois heureuse pour toujours. Nous ne t’oublierons jamais. » Amanda B. « Ma puce, tu as été très courageuse et ces derniers moments passés avec toi, bien qu’éprouvants, ont été magnifiques. Sois heureuse là où Dieu décidera de t’emmener – au paradis, certainement. » Pierre B. « Tu as été une amie au cœur gigantesque. Je t’aime énormément Shan’. Puisses-tu reposer en paix. » Caroline S. « Une partie de moi s’est envolée, mais elle restera toujours là, gravée dans mon cœur, gravée dans mon âme. Shan’, je ne t’oublierai jamais, j’honorerai toujours ta mémoire, car tu as su nous marquer à vie par ta simple présence. » Mathieu M. « Même si tu ne seras plus jamais là, je regarderai le ciel la nuit pour tenter d’apercevoir, peut-être, ton étoile… tu me manqueras, Shany. » Stella B.
Esprit du Léopard
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Sujet: Re: Textes des candidats BDM n°2 Jeu 24 Sep 2015 - 16:58
Je ne jugerais qu'un pour l'instant, le seul que j'ai lu. Celui de Honey était juste superbe, les émotions étaient la, et la fin a faillit me faire pleurer. J'ai lu la moitié de Lierrou, il est très bien de même, bien qu'un peu lassant. Je lirais la suite de Lierrou pour plus de détails et en même temps je lirais les autres.
Scinty
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Sujet: Re: Textes des candidats BDM n°2 Jeu 24 Sep 2015 - 17:41
Très bien, tu feras une critique bien construite ? Au cas Honey voudrait qu'on la lui donne.. Rain et moi en ferons une aussi, comme ça on pourra bien juger en chacune de nous, parce que trancher entre deux personnes ça se réfléchit aha Et tu fais la critique de Wind, Rain celle de Rose et moi celle de Twist ? Ou l'inverse hein, ça m'est égal perso **
Esprit du Léopard
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Sujet: Re: Textes des candidats BDM n°2 Ven 25 Sep 2015 - 15:31
Evidemment :) Qu'importe, si tu veux je fais Wind, pas de soucis ^^
Invité
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Sujet: Re: Textes des candidats BDM n°2 Dim 27 Sep 2015 - 15:30
Je viens juste de voir le topic sorry :/ Je fais ça dans la journée oui ^^
EDIT: je les ai tous lu, je ferais les commentaires ce soir. Ptn celui d'Honey était sublime les larmes aux yeux
Etoile des Vents
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Sujet: Re: Textes des candidats BDM n°2 Mer 30 Sep 2015 - 10:22
N'oubliez pas de donner les résultats sous peu, avant la fin de la première semaine d'octobre se serait bien, pour pouvoir ensuite ouvrir le recrutement des juges de la BDM 3 :P
Scinty
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Sujet: Re: Textes des candidats BDM n°2 Sam 3 Oct 2015 - 11:56
Bien bien bien On va mettre la vitesse double triple quadruple et tout aha Je poste mes critiques ce soir **
Etoile des Vents
Messages : 6661 Date d'Inscription : 10/02/2014
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Sujet: Re: Textes des candidats BDM n°2 Mar 6 Oct 2015 - 17:34
Hop, désolé de vous stresser, mais vous avez prit beaucoup de retard pour cette BDM, avec très peu de textes, donc des nouvelles ? :B
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Sujet: Re: Textes des candidats BDM n°2 Mar 6 Oct 2015 - 19:40
Désolé mais j'ai vraiment pas pu ce week-end et j'ai pas mal de boulot pour la semaine :g jvais essayer mercredi soir dernier délai promis
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Sujet: Re: Textes des candidats BDM n°2 Mer 7 Oct 2015 - 22:56
//DP désolé
Je vais éditer au fur et à mesure que je fais les critiques ;) D'abord
Pétale de Rose du thème LGDC:
Critique : Présentation globale : Points positifs --> utilisation de ton code (bien sympathique ma foi), mise d’un titre, j’adore le fait que tu aies rajouté la signature à la fin, ce qui donne une touche personnelle, utilisation de plusieurs couleurs pour les dialogues Point négatif --> police un peu trop petite à mon goût mais bon c’est pas grand-chose En résumé rendu esthétique bien sympa et agréable à voir. Contenu du texte : Style d’écriture agréable à lire, fluide. J’ai vu une faute d’accord, mais ce n’en ait qu’une alors on va pas faire comme mon prof de français « J’aurais pas du te mettre 20 t’as fait 2 fautes d’orthographe ! » Trêve de plaisanterie x) Tu as bien mené ton texte, on ressent assez bien les émotions. Pour le sentiment d’impuissance, peut-être tu aurais pu un peu plus t’attarder dessus mais on le voit globalement donc c’est bien ^^J’ai beaucoup apprécié la lecture de ton texte ♥
Pour maintenant
Honey, thème non-LGDC:
Présentation globale : Points positifs : LES MUSIQUES !! Genre mais quelle super idée ♥ Point négatif : mmh pour en trouver un x) peut-être avoir mis les jours genre Jeudi 5 juin en gras pour mieux voir :P Contenu : J’ai pas à dire je suis amoureuse de ton style d’écriture franchement. J’ai pleuré à la fin du texte. Le choix d’avoir mis d’abord parlé de la vie quotidienne de Shannon nous a obligé à nous attacher à elle, et donc on a était bien plus touchée à la fin. Rien à redire franchement c’était dingue c’est tout. J’ai la façon dont tu as mené ton texte pour arriver à la fin, que ce soit la mère qui parle, qui il y ait des mots non compris. De super bonnes idées qui rendent ton texte bien vivant et réaliste. Chapeau ♥ (Pourquoi Kyle il a pas laissé de mot ??? XD)
Et pour finir [spoiler="Lierrou, thème non-LGDC"]Critique : Alors alors *frottements des mains xD, rire diabolique* Présentation globale : Points positifs : mise d’un titre (même si on le voit pas des masses ;D) avec la lettre changée j’ai oublié comment ça s’appelle x) Point négatif : ça fait peut-être un peu bloc mais franchement ça passe ^^ Contenu : J’aime bien la petite note à la mère au début qui donne un aspect assez tragique au texte ^^ Le passage où il parle du fait qu’il ne l’a pas dit à ses amis m’a fait une petite boule au ventre ^^ Tu as, j’imagine, intentionnellement utilisé un langage plutôt familier ce qui donne un peu de réalisme au texte, mais attention de ne pas en faire trop quand même ^^ Mais on rentre bien dans la peau du personnage. C’est bien trouvé la fin avec la greffe qui ne prend pas ] J'espère que ça va comme critique ^^
Pour moi dans le thème non-LGDC c'est largement Honey qui gagne, aussi son style d'écriture est tellement beau, et aussi le fait qu'elle ait utilisé des musiques lui donne vraiment un avantage ^^
Pour le prix du mérite on en met un ou pas ? Je sais pas trop, vu qu'il y a pas eu beaucoup de participations, est ce que c'est vraiment nécessaire vu que tout le monde aura un prix déjà ^^