Une fin triste, tragique, cruelle et prématurée... Bref, celle de mon chat...

Gribouille ouvrit un œil. Rien. Elle ouvrit l'autre. Toujours rien, à part des ténèbres. Profondes et noires. Elle se leva en titubant, et fut étonnée d'être aussi légère qu'une plume. Pas une lumière n'éclairait sa vue, il n'y avait que du noir. La nuit ? Et elle se souvint. Cela remontait à plusieurs heures, plusieurs jours, plusieurs mois ? Gribouille ne savait pas.
La féline se promenait sur la route, près du bas-côté, quand une voiture était arrivée. Elle avait essayé de s'enfuir. Pas assez rapide. Elle fut percutée de plein fouet par la voiture. Elle ne ressentit alors plus rien. La chatte avança un peu plus dans les ténèbres. Rien. Toujours rien. Ses pensées virevoltaient dans tout les sens au cœur de son esprit. Ses maîtres allaient s'inquiéter. Surtout sa petite maîtresse, qui adorait parler aux chats, et les aimait du plus profond de son cœur. Gribouille voulut ronronner, mais il n'y eut aucun son. Pas d'écho. Rien que du silence. Du silence mordant, c'était tout ce qu'il y avait. La féline ne s'entendait même pas respirer ! Pourtant, elle était sûre d'être vivante. Ou plutôt, elle l'était.
Les chats percutés par des voitures ne survivent pas. Un sentiment d'inquiétude l'envahit. Elle était morte. Perdue à jamais. Plus de caresses. Plus de cajoleries. Rien, plus rien. Gribouille avançait dans les ténèbres. Mais était-ce vraiment des ténèbres ? Elle ne savait pas. Elle pédalait dans le vide. Le vide noir, seule couleur qui se reflétait à l'horizon. Le néant. Où était-elle ? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Elle voulu pleurer, les larmes ne vinrent pas. Soudain elle vit une lumière vive. Je suis vivante ! Mais non. Ce n'était qu'une projection. Plus Gribouille avançait, plus la lumière reculait. Elle se résigna et finit par s'assoir. La lumière arrêta d'avancer. Gribouille entendit alors des pleures. Celles de sa chère petite maîtresse. Elle ne voulait pas qu'elle pleure ! Non, je suis encore là, ne pleure pas ! Mais non, elle n'était plus là pour sa maîtresse. Elle ne le serait plus. Plus jamais.
Elle se sentit alors transportée, comme sur une plateforme, et soudain elle tomba, tomba. Dans une peau de plastique. Qui fut posée dans une boîte. Qui l'emmena... Où ? La projection s'arrêta. Plus que des ténèbres. Noires. De nouveau plus rien. Soudain, sans prévenir, un liquide chaud lui coula dessus. Cela ressemblait fort à de la cire. Gribouille se tourna pour se débarrasser de cette chose, mais elle constata avec stupeur qu'il n'y avait rien. Rien sur elle. Pourtant, je sens bien la chaux me couler dessus ! Etait-elle devenue une copie d'elle même ? Elle ne savait pas. Un clone ? Elle ne savait pas. Elle se sentit étouffée, et comprit alors: on l'enterrait !
Mais pourquoi ?!! Pourquoi ma vie a-t-elle été si courte ! Pourquoi ?!! Gribouille entendit sa maîtresse murmurer:
_ Rien ni personne ne te remplacera Gribouille. Même un autre chat. Je suis sûre que tu auras une deuxième vie, où tu ne te souviendras peut-être pas de moi, mais où tu seras pareille qu'aujourd'hui.Non, je veux rester avec toi ! Mais les paroles de la jeune chatte n'y firent rien. Elle vit sa maîtresse partir. Nooooonnn !!! Ses lamentations eurent pour effet d'arrêter la projection. Pourquoi le sort s'acharnait sur elle ?!! Pourquoi elle ?!! Elle se mit à pleurer. Des larmes invisibles. C'est alors qu'une lumière l'aveugla. Elle entendit une voix lointaine qui disait:
_ Tu mérites une autre vie, Gribouille.
Ce fut sur cette unique parole qu'un éclair blanc aveugla Gribouille.

Fin !