Sujet: Textes des Candidats - BDM N°4 Sam 26 Mar 2016 - 0:22
Thème LGDC
Nuit d'Aurore:
Depuis que je l'avais rencontrée, que je l'avais vu, que j'avais senti son odeur, je flottais sur un nuage, je vivais un rêve éveillé. Puis s'était ensuit une période de crainte, d'hésitation, où je ne savais pas s'il fallait et comment lui avouer mes sentiments. Pour elle, sans doute, nous étions que des amis. Le fait qu'elle ne soit pas de mon clan ne m'avait pas effleuré, je n'y pensais guère. Pourtant, c'était un point crucial. Je l'avais compris bien plus tard. Pendant un rendez-vous, j'eus le courage de lui avouer mon amour pour elle, en pensant aux conséquences de sa réponse que je pensais négative, qu'elle ne ressentait rien à mon égard. Je fus surpris quand elle se colla à moi, et qu'elle me dit qu'elle n'avais pas osé me dire je t'aime, quelques mots si simples quand on y pensent mais parfois si difficile à décrocher.
Les nuits entre amoureux s’enchaînèrent et je quittais toujours nos soirées à regrets, mais je ne voulais pour l'instant pas aller plus loin, je n'y pensais pas. Et puis un jour, cela arriva, lors d'un jour qui avait pourtant bien commencé. Elle était à côté de moi, puis se leva, soucieuse:
« Nuit d'Aurore, on ne peut continuer ainsi, il faut qu'on fasse un choix.»
Je la fixai, comme quelqu'un qui ne comprenait pas, mais bien sûr que je savais ce qu'elle voulait me dire. J'eus l'impression d'être foudroyer. Je n'avais pas penser à cela tant l'amour m'avait transporter sur des nuages et maintenant, je tombais du ciel, chute longue et périlleuse.
«Je ne peux pas quitter mon clan, je tiens trop à mon frère et à ma sœur et puis il y a mes parents, alors que toi...»
Je me levai brusquement et rétorquai sans lui laisser le temps de finir sa phrase:
« Tu crois peut-être que ça sera plus facile pour moi? Parce que je n'ai pas de famille dans mon clan? Mais le Clan des Flammes en est une pour moi! Je ne peux pas abandonner toutes ces personnes qui m'ont aidé plus jeune ou maintenant! Je ne peux pas abandonner ceux auxquels je tiens! - Je le sais, je ne dis pas ça! Mais, mais... moi non plus, je ne peux pas mais je t'aime! Je ne sais pas quoi faire! - Moi aussi je t'aime et tu le sais. Ce n'est pas grave, je vais y réfléchir, rendez-vous ici dans 5 jours, je te donnerais ma réponse, mais penses-y toi aussi.»
Je partis, sans demander mon reste, je lâchai un faible « Au revoir» puis repartit, dépité, en direction de mon clan. Je n'arrivai pas à dormir, je pensait à tout ceux que j'appréciais, je sortis u camp, en regardant les étoiles. Douceur des Neiges, celle que j'aimais, faisait partie du clan des Ténèbres, son clan n'accepterait pas un flammeux! Mais je ne pensais pas à ça. Nuage d'Argile, mon apprenti, je ne pouvais pas le laisser tomber au milieu de son apprentissage! Oh, je savais qu'il aurait un bon mentor, là n'est pas le problème. Pour eux, pour eux tous, je serais un traître. Pensée d'Automne, celle qui m'aidait depuis que j'étais arrivé dans le clan. Couleur de la Nuit, Harfang des Neiges, des amis..., Nuage de Fleur et Nuage du Lierre, deux apprentis d'un jour et plein d'autres, tant d'autres! Même ceux que je connais que de vue, ou avec qui je n'ai quasiment pas parlé.
Il me restait plus qu'une journée pour trancher. J'étais en train d’entraîner mon apprenti, mais je n'avais pas la cœur à cela. C'était peut-être la dernière journée où je serais son mentor! Voyant mon humeur, un guerrier se proposa de prendre ma place de formateur pour la journée. Je le remerciai mais refusai, il me restait peut-être qu'un jour, au temps le finir! A la fin de la journée d’entraînement, je dis à Nuage d'Argile un sous-entendu de ma possibilité à quitter le clan. Il ne le compris pas, normal, il était presque imperceptible, aucunement implicite.
J'avais fait mon choix, j'étais prêt a assumé les conséquences du moins je le pensais. Mais il fallait faire un choix même si celui-ci changeait ma vie. Il tirait un trait sur quelque chose, quoique ce soi. A vrai dire, je n'avais jamais vraiment fait un choix, j 'avais laissé mon instinct me guider. Mais qui le contrôler? Mon cœur ou ma raison? On disait souvent, le cœur a ses raisons que la raison ignore. Mais quand je me rappelle ses images, celle du rendez-vous, de cette nuit où je devais annoncer un mot peut-être deux qui allait tout changer. A ce moment, j'avais choisi, tant pis, ce serais peut-être bon ou peut-être mauvais, qu'importe. Mon angoisse avait était présente, bien entendu, comment ne pas avoir la boule au ventre? Et je me voyais encore avançant vers ce point clé, je m'imaginais la réaction d'un clan.
J'étais allé vers ce lieu, l'endroit d'un changement. Je m'étais avancé vers Douceur des Neiges, la mine indécise, et la sienne soucieuse. Je m'étais assis, je savais quoi faire, lui avouer d'une façon ou d'une autre, quelque ce soit l'aveu.
« J'ai choisi. Avais-je commencé - Laisse tomber, Nuit d'Aurore, retournons chacun dans nos clans, oublions tout ça et faisons comme si rien ne s'était passé. - Mais, mais... Comment veux-tu? Et pourquoi? - Car c'est mieux ainsi, tout ça est une erreur, quelque chose qui n'aurait jamais du arrivé, c'est juste une simple aventure, ce n'est pas l'histoire d'une vie. - Mais, si, jamais je n'est aimé quelqu'un autant que toi! Avais-je crié, déstabilisé. - Tu dis ça car tu n'as jamais aimé. »
Elle était partie, sans un mot de plus, sans se retourner, sans faire attention vers moi. J'avais fixé l'horizon, sans rien comprendre. Peut-être ne m'aimait-elle plus.
« Va t-en, saleté de flammeux et ne t'avise pas à t'approcher de ma sœur, t'as compris? Sinon, tu vas le regretter!»
J'avais regardé vers le buisson d'où venez cette voie haineuse, celle du frère de Douceur des Neiges, visiblement. J'avais vu le chat, il m'avait fixé, la colère dans les yeux. C'était peut-être lui qui avait forcé celle que j'aimais à renoncer à notre amour? Je ne le sais pas, je ne le saurais probablement jamais.
Je me revis la scène que je m'étais imaginé: Celle ou j'étais en face d'elle et que je disais je viens avec toi.
Si tu trouves le chemin de l'amour, emprunte-le et bonheur et prospérité tu trouveras.
Voilà, ce qu'on m'avais dit, je ne sais plus quand. Je l'avais trouvé, je l'avais emprunté, mais je m'étais retourné de force. C 'est peut-être mieux ainsi. J'aurais dû mal à tourner la page mais il le fallait et je le ferais. Quand? Comment? Je ne le sais pas, mon destin choisira comme il a choisi que je ne devais quitter le clan de Flammes et rejoindre Douceur des Neiges.
Ce n'était vraiment pas son genre, de jouer ainsi la mijaurée. Elle se sentait petite, si petite face à toutes ces pensées … Depuis quelques jours, Odeur d'Amande songeait à Esprit du Renard. Le bel éphèbe avait réussi, contre toute attente, à s'attirer ses faveurs. Etant issu du Clan des Ténèbres, Odeur d'Amande n'avait pas réellement eu l'occasion de le croiser souvent, mais il semblait toujours fréquenter le même endroit, tant et si bien que l'écaille y fut attirée comme un aimant plus d'une fois.
D'abord, elle avait sans doute espéré chasser un malentendu, se prouver qu'elle ne pouvait pas se montrer attirée par un être aussi commun que lui … Et ce faisant, elle resserra autour de sa gorge les cordes d'un piège finement ouvragé. Il se présentait invariablement, tous les trois jours, près des Quatre Chênes. Cette pensée arracha un sourire à la guerrière : pouvait-on dresser un tableau plus cliché de deux amoureux inter-claniques ?
Dans tout ce capharnaüm mental, ce n'était pas tant son sens de l'honneur qui était mis à l'épreuve, et pour cause : elle n'en avait aucun. Non, c'était plutôt son attachement, bien malgré elle, à certains membres du Clan. Une fois de plus, elle se retrouvait donc tiraillée par sa fierté et ses codes, opposés à un stupide amour qui s'éteindrait bien plus vite encore qu'une flammèche sous une pluie torrentielle.
Et pourtant … et pourtant c'était plus fort qu'elle. Aussi éphémère que pouvait être cette idylle, elle ne pouvait l'abandonner. En premier lieu parce qu'elle était obstinée, ensuite parce qu'elle ne voulait pas être retenue par un stupide Clan, elle qui le haïssait tant … Mais malgré tout ce qu'elle avait dit de ce lieu, tout ce qu'elle avait dit de ses membres, tout ce qu'elle avait critiqué de son organisation, malgré tout cela, elle s'y sentait à la maison. Elle s'y sentait bien, elle ne l'avait jamais quitté, et il fallait avouer que l'inconnu n'avait plus l'air aussi excitant que lorsqu'elle était jeune.
Alors, le jeu en valait-il vraiment la chandelle ?
Indécise, l'écaille était bien incapable de faire un choix. Sa raison lui hurlait de rester ici, qu'ainsi tout problème serait écarté … Ensuite, il y avait son esprit guerrier qui réduisait en charpie tous ces bons sentiments : allait-elle se laisser faire parce qu'elle s'était attachée à quelques crétins des Flammes ? D'abord elle se disait : « Non, je ne vais pas me laisser marcher sur les pattes ! Je vais partir, maintenant, là tout de suite ! » … Mais après tout, n'était-ce pas pour cette même raison qu'elle songeait à quitter ce Clan ? N'était-ce pas pour rejoindre quelqu'un dont elle s'était entichée comme une adolescente ?
Quelle que soit l'issue, elle se retrouvait donc en parfaite opposition avec ses propres valeurs. Était-elle donc finalement si sentimentale ? Elle secouait la tête, et levait la tête en l'air, comme pour demander à ses ancêtres ce qu'ils pensaient de la problématique, mais ceux-ci restaient désespérément silencieux. Fallait-il la kidnapper comme l'Hélène de Troie ? Fallait-il qu'elle feigne la mort comme la Juliette de Roméo ? Avec un sourire amer, elle secoua de nouveau la tête. Elle devenait vraiment tarte, hein ?
Toute à ses pensées boueuses, elle avait presque failli oublier qu'il était l'heure de son petit rendez-vous avec l'auteur de ce dilemme : Esprit du Renard l'attendait aux Quatre Chênes. Anxieuse, elle ne pouvait s'empêcher de se répéter qu'elle pourrait très bien régler ce souci plus tard, qu'elle réussirait à s'en sortir jusqu'à ce que tout soit plus clair dans sa tête … Mais elle n'y arriverait pas, et se voiler la face plus longtemps ne serait sans doute que plus douloureux encore.
« Amande ? »
Avec un soupir exaspéré, Odeur d'Amande se tourna vers l'intéressé.
« Je t'ai déjà dit que je déteste qu'on m'appelle comme ça. - Odeur ? - Mais t'es vraiment con ma parole. »
Avec un sourire satisfait, Esprit du Renard s'approcha d'elle. Cependant, sans même avoir à l'observer plus de dix secondes, il souffla doucement :
« Quelque chose ne va pas ? On dirait que tu viens de tuer des chatons. - Ouais je viens d'aller chez le guérisseur. J'ai avorté. - Allez, qu'est-ce qu'il se passe ? »
La figure de l'écaille hésitait entre les rires et les larmes, et à chaque mouvement que faisait Esprit du Renard, elle ne pouvait s'empêcher de reculer. Celui-ci ne semblait pas vexé, plutôt soucieux.
« Quelqu'un … a découvert quelque chose ? - Non, non. Personne ne sait rien. Pas encore. - Tu ne supportes plus la situation, c'est ça ? »
Dans le mille. Odeur d'Amande, gênée d'être percée à jour si facilement, baissa les yeux et admira ses pattes.
« C'est ça … - Qu'est-ce que tu comptes faire ? - Je ne sais pas … »
Un léger soupir s'échappa de la gorge du mâle. Piquée à vif, l'écaille se dressa en s'exclamant :
« Je n'ai rien demandé non plus ! - Oui, mais tu n'es pas toute seule là-dedans, je te le rappelle encore une fois. Ça arrive plutôt fréquemment qu'un couple soit formé de deux personnes. »
La gueule de la femelle s'ouvrit et se referma plusieurs fois, avant qu'elle ne reprenne un air dépité.
« Je ne peux pas choisir. - Choisir entre quoi et quoi ? - Mon Clan ou toi ! - Est-ce que c'est vraiment ton Clan ou moi ? »
Le ton d'Esprit du Renard avait été amer, presque agressif. Surprise, Odeur d'Amande leva les yeux vers le rouquin, qui avait l'air soudain plus sombre.
« Qu'est-ce que tu sous-entends ? - Qu'il y a un moment où il faut se rendre à l'évidence. - Tu veux bien arrêter de parler par énigmes ? Je comprends rien à ce que tu veux dire, alors crache le morceau ! - Tu te noies dans ta fierté, tu ne peux pas supporter de dépendre de quelqu'un. Et je le comprends. Ce que je ne comprends pas, c'est que tu continues à te voiler la face et à presque en oublier que tu n'es pas la seule à subir cette situation plus que délicate. »
La guerrière ouvrit la gueule, et resta bêtement bloquée pendant quelques instants.
« Odeur d'Amande, sérieusement … Est-ce que tu sais seulement ce que tu veux ? - Non … - Je suis bonne poire, mais pas idiot. Je ne vais pas t'attendre trente ans. De toute façon, je serais mort avant. »
La tirade arracha un maigre sourire à l'écaille, qui se rapprocha finalement de lui en murmurant :
« Odieux personnage que vous êtes, de tirailler ainsi l'âme d'une demoiselle aussi pure que moi. - Dit la vieille qui jure comme une charretière. - Ah, ne brise pas mes rêves comme ça ! »
Le mâle sourit en lui donnant un gentil coup de patte sur le crâne :
« Mets-toi au clair, Amande. Tu sais bien que ça ne peut pas durer comme ça, pour aucun de nous deux. - C'est vraiment affreux d'être aussi compréhensif. - Désolé, j'essaierais d'être un enfoiré la prochaine fois, ça devrait simplifier l'équation. »
Le rouquin lui donna un affectueux coup de tête, et la guerrière se permit de se réfugier dans son cou pour réfléchir. Que pouvait-elle faire ? Esprit du Renard était un compagnon idéal. Il savait dédramatiser, prendre le temps de comprendre, et possédait une patience à toute épreuve. Mais …
« Je n'y arriverais pas, Esprit du Renard. Ça pulse dans ma tête, et je ne pourrais pas supporter de tout quitter pour quelqu'un d'autre. Et je ne veux pas me forcer, je ne veux pas risquer de plonger dans un trou sans fond. Tu vois ce que je veux dire ? - Je suppose, oui … - Tu supposes ? - Je ne pense pas comme toi à ce niveau, Amande. Mais je respecte ton choix. »
Il frotta amoureusement sa tête contre le front de sa compagne, et la regarda longuement dans les yeux avant de compléter :
« Je ne vais pas dire que ce n'est rien, ce serait mentir. Je préférerais même ne pas te recroiser. Ni maintenant, ni plus tard. Ni lors d'une promenade, ni lors d'une guerre. Promets-moi que tu respecteras juste ça. Ne laisse personne changer ce que tu es. Tu es absolument insupportable, tu n'acceptes aucune critique, mais ça fait partie de ton charme. J'arrache mentalement la tête à tous ceux et celles qui te feront du mal. Prends soin de toi, vraiment. D'accord ? - D'accord … »
Des sanglots bloqués dans la gorge, la femelle observait les yeux humides de celui qu'elle n'avait désormais plus le droit de nommer « compagnon ».
« Je t'aime … - Moi aussi, Amande. Allez, va. On ne va pas faire durer les adieux, ça n'a l'air beau que dans les contes des anciens. »
Doucement, il poussa l'écaille du museau, qui semblait réticente à retourner chez elle. Soudain, dans un mouvement de fierté, elle galopa vers le campement des Flammes.
* * *
Une fois arrivée chez elle, elle se terra dans sa tanière quelques jours durant. Les ordres lui passaient bien au-delà de la tête, et aucune conversation ne parvenait à lui faire ouvrir la gueule, pas même pour se moquer de ses compatriotes. Elle regrettait. Elle regrettait énormément.
En regardant autour d'elle, elle ne voyait que des gueules de vipères. Elle se trouvait dans une ruche dont le bourdonnement incessant lui donnait envie de tous leur trancher la gorge. Ils étaient tous responsables de ce qu'il lui arrivait. Tous. Et dire qu'elle avait abandonné Esprit du Renard pour eux … C'était une masse d'ingratitude qu'elle avait face à elle. Ils étaient indignes du choix qu'elle avait réalisé. Mais il était trop tard pour faire marche arrière, non ?
« Odeur d'Amande ne parle plus … - Ça nous fait des vacances ! - Si tu crevais, ça, ça nous ferait des vraies vacances. »
Le ton tranchant de l'écaille avait résonné dans la tanière des guerriers, qui regardait l'inopportun avec des yeux brûlants. Celui-ci, nullement impressionné, s'approcha d'elle avec un air d'autant plus moqueur.
« [b]Tiens, t'as récupéré ta langue ? - Toi t'as jamais perdu ta connerie, ça fait du bien de voir que les sales choses ne changent pas. - Alors, que nous a valu cette petite dépression, Odeur d'Amande ? - Ton délit de sale gueule. Ça m'a vraiment donné envie de chialer. - Parce que tu sais pleurer ? Tu ressens des émotions ? - Ouais, par exemple celle qui me donne envie de te refaire le portrait. »
Un félin déboula soudain entre les deux guerriers, qui paraissaient prêts à se sauter à la gorge.
« Du calme, du calme ! Pas la peine de s'énerver ! - Oh. Tu as raison. Pourquoi, moi, la sainte Odeur d'Amande, voudrait user de violence envers le vulgaireintouchable qu'on nomme Envol des Moineaux ? Ce serait lui faire trop d'honneur. »
Sur ces quelques paroles, la femelle sortit de la tanière comme une tempête. Elle traça droit devant elle, franchissant les limites du campement sans dire un mot. Elle avait fait son choix, le vrai. Et elle s'y tiendrait, cette fois-ci.
* * *
Au sein du campement des Flammes, un murmure incessant se répandait depuis le matin. La veille, une Assemblée avait eu lieu, où les félins avaient pu s'échanger diverses nouvelles de leurs Clans respectifs. Ce matin, donc, tous s'échangeaient les rumeurs qu'ils avaient pu ouïr des membres des Clans adverses.
« Vous avez entendu les dernières nouvelles ? - Ouaip ! J'ai entendu des trucs sur Odeur d'Amande. - Vous savez ce qu'il lui est arrivé ? - Ah, sûrement bouffée par des blaireaux ! - C'est pas drôle ! - Toujours à faire son intéressante, celle-là. - Non, plus sérieusement, il s'est passé quoi, avec elle ? - D'abord on a cru qu'elle avait quitté le Clan des Flammes pour en rejoindre un autre. Mais après l'assemblée, à travers diverses sources, on a pu confirmer qu'elle n'en avait rejoint aucun. - Cette couillonne s'est auto-proclamée solitaire, du coup. - Bah, bon débarras ! »
Après un ultime ricanement, on passa à un autre sujet. Le nom d'Odeur d'Amande tomba dans l'oubli, sans que jamais personne ne s'intéresse aux réelles motivations de son départ. Et quelque part, dans le Clan des Ténèbres, un félin roux pleurait.
Etoile des Vents:
La nuit est tombée sur la forêt. La lune a pris sa place dans le ciel, aussi fine qu'une griffe de chat déposée dans la toison. Je n'arrive pas à m'endormir. Pelotonnée dans ma litière entre camarades, je ne peux pas fermer l'oeil. J'ai un rendez-vous prévu cette nuit là. Et je ne peux pas me permettre de le rater. Lorsque je suis certaine que tous les félins autour de moi sont endormis, je me lève, et me glisse silencieusement hors de la tanière. Il y a un garde à l'entrée, Tige de Mimosa il me semble. Je décide de passer par le petit coin. Il ne faut pas que quelqu'un me vois. Pas encore. Une fois dehors, je galope à travers la forêt, jusqu'au point de rendez-vous. La frontière. La frontière du Clan de la Neige et du Clan des Flammes. Je sais qu'il sera déjà là. Il est toujours en avance. Lorsque je m'approche du marquage, et que l'odeur adverse me parvient, j'aperçois sa silhouette. Il est là, son pelage noir de jais le camouflant dans la nuit sombre. Je m'avance dans sa direction, un sourire étirant mes babines, et lorsqu'il me voit à son tour, son regard s'illumine. Je n'attends pas, plaque ma truffe contre la sienne, et nos deux queues s'enroulent. Je ronronne en frottant ma joue contre lui, le coeur battant la chamade.
"Tu es venue..." Me miaule t-il en me couvant d'un regard plein d'amour. "Je ne manquerai nos rendez-vous pour rien au monde."
Éclair d'Onyx et moi vivons notre histoire d'amour depuis quatre lunes. C'est si difficile de ne pas le voir pendant plusieurs jours... Je pense souvent à lui, à son visage, à son pelage, à sa voix... Mais je sais que notre amour est impossible. Nous vivons dans deux Clans différents. Et je sais qu'il ne quittera jamais son Clan. Il a une soeur, à qui il manque une patte. Ses parents sont morts. Il est tout ce qui lui reste. Il n'acceptera jamais de l'abandonner. Lors de notre dernière entrevue, il m'a proposé de venir avec lui. Je lui ai promis d'y réfléchir, mais je pense désormais avoir fait mon choix. J'y ai pensé, pensé, pensé... J'ai retourné l'affaire dans tous les sens, mais il n'y a pas d'autre moyen. Si nous voulons vivre ensemble, fonder un jour une famille, nous devons appartenir au même Clan. Rien ne me retiens vraiment au Clan de la Neige. Ma mère ne fait pas attention à moi, je n'ai pas de frères et soeurs, et mes amis peuvent être remplacés. Mais dans le Clan des Flammes, il y a mon père. Truffe de Loup, le mâle a qui je suis reliée. Et je sais que lui, contrairement à ma mère, m'apportera l'amour dont j'ai manqué pendant mon enfance.
"Éclair d'Onyx.... Miaulai-je en levant vers lui mes yeux bleus. J'ai bien réfléchi. Si tu es toujours d'accord, je vais venir avec toi. Dans le Clan des Flammes. Devenir une guerrière Flammeuse."
Ma mère ne me le pardonnera pas, mais elle ne m'en a pas donné le choix. J'aime Éclair d'Onyx. Et mes sentiments ne changeront pas.
"Tu en es vraiment sure ?" Me questionne Éclair d'Onyx après un court silence. "Oui. Mais je dois d'abord l'annoncer à ma mère, je ne veux pas partir comme une voleuse. Je vais aller la chercher. Reste ici, je veux qu'elle te rencontre. Elle comprendra peut-être mieux mon choix en te voyant. "
Il hoche la tête après un court moment d'hésitation, et je m'enfuis aussitôt vers le camp. Lorsque je reviens à la frontière, suivie de ma mère qui ne comprend toujours pas pourquoi je l'ai tirée dehors en pleine nuit, je sens la pression monter d'un cran. Comment va t-elle le prendre lorsque je vais lui annoncer mon choix ? Va t-elle me traiter de traître ? Après tout, c'est peut-être bien ce que je suis vraiment... Je n'ai pas hésité longtemps avant d'accepter de rejoindre le Clan des Flammes. Ma loyauté a été mise en jeu, et est passée rapidement à la trappe. Lorsqu'Étoile des Vents aperçoit Éclair d'Onyx, son pelage se hérisse, et elle crache dans sa direction en se plaçant devant moi. Je repasse devant elle, en lui faisant signe de se calmer, puis me colle contre le flanc du Flammeux, et enroule ma queue à la sienne, avant d'entamer mon petit discours.
"Maman, voici Éclair d'Onyx, guerrier du Clan des Flammes. Mon compagnon."
Je vois bien le désarroi de ma mère, surtout lorsque le mâle noir la salue d'un hochement de tête respectueux. Nous sommes en Guerre, nos deux Clans s'affrontent dans des combats sanglants, et j'abandonne mon Clan pour rejoindre notre ennemi ? Non, Étoile des Vents ne me le pardonnera pas.
"Je suis désolée maman. Éclair d'Onyx et moi nous aimons, je veux avoir une chance de vivre une aventure, une vraie, de fonder ma propre famille. Je sais que tu n'as pas eu cette chance, mais ce n'est pas une raison pour en priver les autres. Tu m'as bridé trop longtemps au sein de notre Clan, rien qu'en retardant mon baptême de guerrière. En rejoignant le Clan des Flammes, je vais retrouver ma liberté." "Tu comptes t'en aller vivre avec lui ? Crache t-elle soudain, le pelage ébouriffé. Tu comptes rejoindre un Clan ennemi au notre ?" "C'est mon choix, et tu ne me feras pas changer d'avis. J'espère qu'un jour tu comprendras ma décision."
Cela me brise le coeur de lui dire des mots si durs, mais je dois tenir le coup. Je dois rester calme, et fidèle à la décision que j'ai pris. Je ne peux plus retourner en arrière désormais. Lentement, je me détache d'Éclair d'Onyx, et me frotte à ma mère, en signe d'adieu. Elle n'esquisse pas un geste, ne me regarde même pas dans les yeux. Elle fixe le vide. Peinée, je m'écarte de nouveau, et lui murmure un au revoir, avant de me détourner lentement, et de franchir la frontière, en compagnie de mon compagnon. Je marche vers une nouvelle vie, un nouveau départ. J'abandonne ma mère à une vie solitaire. Elle n'a plus de compagnon, plus de fille. Je m'en veux de la laisser, mais l'amour que je porte à Éclair d'Onyx est plus fort que celui que je porte à ma mère. Elle ne m'a pas élevé correctement, elle m'a toujours éloignée de tout. Elle n'a pas eu le courage de me dire la vérité sur mon père, j'ai du le trouver toute seule. Ma décision est prise. Et même si ma mère est contre mes choix, désormais je décide pour moi. Je trace un nouveau chemin. Mon nouveau chemin.
Shiranui:
Pourquoi ? Pourquoi cela était il tombé sur lui ? Ce choix si compliqué qu'il devait faire. Il avait d'abord songé qu'il avait été ensorcelé par la grâce de cette si belle chatte. Que son image resterait dans son esprit durant trois jours, quatre tout au plus. Mais à présent, cela faisait bien deux saisons entières que son cœur ne battait que pour elle. Cette guerrière des Ténèbres. Cette guerrière qu'il avait dut connaître par le passé mais qui ne semblait pas l'avoir reconnut. Une combattante de son ancien clan. Une chatte proche de sa traîtresse de sœur. Dès qu'il fermait les yeux, il ne pouvait s'empêcher de redessiner ses courbes, il ne pouvait l'oublier. Il revoyait encore et encore ce petit épis qu'elle avait sur l'oreille gauche. Ses yeux bleus malicieux. Son image l'obsédait. Ses rêves étaient sans cesse visités par cette silhouette blanche.
Cet ange tout droit venu du clan des Lumières avait pour nom Mélodie Hivernale. Shiranui était le total inverse de cette charmante femelle. Elle n'était que bonté, il n'était que fourberie. Elle était honnête et douce, il était menteur et violent. Mais pourtant, son cœur essayait de bondir de sa poitrine à chaque fois qu'il voyait apparaître au loin sa pelisse blanche. Cela faisait maintenant trois lunes que les deux félins qui devraient être ennemis se voyaient presque toutes les nuits au bord de la rivière ou bien sur le pont. Le pont, cet endroit rappelait de bon souvenir au félin blanc tâché de roux. De doux souvenirs avec Tempétueuse Insomnie. La naissance de ses petits c'était faite ici même.
Il donnerait tout pour pouvoir rejoindre sa douce au sein de son clan, la confrérie refuserait que sa douce Mélodie le rejoigne seulement pour que le membre de la brigade d'élite soit heureux. Mais il ne pouvait pas quitter les siens. Ils étaient sa famille à présent. Ceux qui l'avait recueillit après sa fuite de son ancien clan. Après sa fuite du clan de son âme sœur. Danse Crépusculaire comptait sur lui, il devait s'occuper de son neveu également. Il y avait aussi tous les autres. Même ceux avec qui il ne s'entendait pas vraiment. Ils étaient tous dans la même troupe. Ils luttaient tous pour les même choses. Ils étaient des frères d'armes, des frères sanguinaires.
Il poussa un énième soupir. La tête penché au dessus du petit rebord du pont, les étoiles étaient déjà hautes dans le ciel, quelques lucioles virevoltaient autour de lui. Il observait son reflet. Il y voyait son visage déformé par de nombreuse cicatrice. Il se trouvait plus hideux que jamais. C'était toujours la sensation qu'il avait lorsqu'il attendait l'arrivée de sa belle. Il avait toujours cette peur qui apparaissait sous la forme d'un frisson glacé qui parcourait son échine. Il avait peur qu'elle ne le trouva trop laid, trop balafré pour rester auprès de lui. Il leva une patte pour se la passer sur sa plus grosse blessure. Celle qui se trouvait sur son œil, qui le lui barrait, le rendant presque borgne. Il finit par laisser retomber son antérieur mollement. Il se décida enfin à détourner son regard émeraude du miroir naturel, tournant les talons pour s’asseoir dos au courant d'eau. Il se donna un nouveau coup de langue sur le poitrail, essayant d'aplatir un épi rebelle. Elle ne tarderait pas à arriver.
Il ne savait pas quoi faire. Il était perdu. Qui choisir ? L'amour, la loyauté ? Pourquoi devait il choisir ? Ne pouvait il pas avoir les deux ? S'il retournait au sein du clan des Ténèbres, il devrait affronter le regard du nouveau meneur, qui devait être Smaug, il se demanda durant un instant quel nom avait bien pu lui offrir le clan des Lumières une fois qu'il avait accéder au rang de chef. Il secoua doucement la tête, chassant l'image de son ancien lieutenant de son esprit pour se re-concentrer sur l'image de sa belle au pelage de neige. Que faire ? Il y aurait également Chant du Canari, Petit Soleil et Petit Coquelicot. Nuage Solaire lui avait dit que ses enfants devaient faire face à des insultes. Ne serait-ce pas pire encore s'il revenait. En plus d'être des enfants d'un lâche qui abandonne ses enfants, ils seraient les petits d'un lâche et d'un traître qui était revenu en trahissant un autre clan encore. Il retint un cri de frustration.
Il pourrait bien sûr rester auprès de la Confrérie. Mais Mélodie Hivernale finirait par se lasser de leurs rendez-vous secrets. Ou bien un membre d'un des deux clans s'en rendraient compte et soit l'un, soit l'autre serait puni. Sa belle femelle ne risquait pas grand-chose. Mais si c'était Danse Crépusculaire qui le découvrait, elle serait bien capable de traîner la guerrière ténébreuse dans le clairière de la tribu pour la tuer sous les yeux impuissant du mâle squelettique. Il serra les crocs, et fit crisser ses griffes sur la roche du pont. Une larme coula le long de sa joue, une larme d'impuissance. Il se sentait tout simplement incapable de faire ce choix.
C'est à ce moment là que sa douce mélodie arriva, de son pas élégant. Elle le rejoignit en quelques pas et vint coller sa truffe contre celle du mâle blanc. Son cœur se serra à ce geste. Il ne parvenait pas à choisir. Sentant son compagnon se tendre, Mélodie Hivernale se recula d'un pas et le regarda d'un air interrogateur. Shiranui souris doucement avant de venir donner un petit coup de langue entre les oreilles de sa bien aimé. Il lui fallait faire son choix, ce soir. Il ferma les yeux, il se retourna, tournant ainsi le dos à la belle chatte blanche. Il regarda une nouvelle fois son reflet. S'il faisait ce choix, il ne pourrait plus jamais revenir dessus. Une larme coula le long de sa joue. Il le fallait pourtant. Il ne pouvait rien faire d'autre. La perle scintillante glissa le longs des poils clairs du visage du garde du corps avant de perdre tous contact avec le mâle. Elle chuta, puis vint finalement s'écraser sur le reflet du dernier. Il n'en n'y aurait qu'une seule. Une seule goutte salée. Il prit une grande inspiration avant de se retourner vers la Ténébreuse. Qui le regardait toujours avec cet air d'incompréhension. Il recula lorsqu'elle s'approcha de lui. Il miaula, d'une voix qu'il voulait neutre et calme. Mais qui malgré tout tremblait légèrement :
« Il ne faut plus qu'on ce voit. » Le regard océan de la jeune guerrière cligna des yeux de surprise alors qu'ils se remplissaient peu à peu d'eau. Il poursuivit donc : « Il m'a fallut faire un choix, c'était toi ou mon clan. Je suis loyal envers les miens et nous risquerions gros si je restais avec toi en demeurant au sein de la Confrérie. »
A présent, les larmes coulaient tel la rivière sous eux sur les joues de la chatte blanche. Elle secoua la tête, essayant de se convaincre qu'il ne s'agissait que d'un rêve. Elle dut cependant se rendre à l'évidence que cette scène était bien réelle. Elle tenta de répondre, la voix tremblante, peinant à prononcer deux mots sans être secouer par un nouveau sanglot :
« Mais… Pourquoi t … tu ne viens pas … av … avec moi ? Dans le … Clan des Ténèbres ? - Parce que je n'y serais plus à ma place. N'as tu donc pas fait le rapprochement ? Je suis Étoile du Requiem, tu crois que je serais bien accueilli dans ton clan ? Réfléchi une seconde, comment veux tu que je vive avec Chant du Canari ? Avec cette traîtresse ? Il fit une pause avant de reprendre, d'une voix plus douce : Écoute, mon cœur ne bat que pour toi, mais je ne peux pas. Je suis loyal envers ma Confrérie et tu dois l'être envers mon ancien clan. Notre amour est interdit. Oublie moi. »
Sur ces mots, il fit demi-tour, laissant Mélodie Hivernale derrière lui, secoué par de nouvelles larmes. Elle avait du mal à y croire. Lui, celui qu'elle avait aimé était son ancien chef. Ce chat qui était censé être mort. Ce chat que tout le monde appelait lâche. Shiranui aurait dut la tuée. Elle répéterait sûrement la révélation qu'il venait de lui faire. Mais il ne pouvait pas lui faire du mal. Peut être penserait elle comme lui. De nouvelles larmes apparurent aux coins des yeux du mâle. Il sentit de nouveau ce frisson qui le parcourait si souvent. Mais à présent, tout était fini. Il ne se retourna pas. Mais il pouvait deviner que sa belle était en train de le regarder s'éloigner. Personne ne saurait. Jamais.
Il s'enfuit tel le lâche qu'il était. Il rejoindrait le camp de la Confrérie à l'arrivée du soleil sur la Terre. Il n'avait pas eu le cran d'affronter son ancien clan pour sa Mélodie Hivernale. Il avait préféré fuir. Fuir, encore et toujours. Comme il l'a toujours fait et comme il le fera toujours. Une fois qu'il fut assez loin. Une fois qu'il eu rejoint le territoire de sa tribu. Une fois qu'il fut sur la falaise venteuse, une fois qu'il fut sûr que personne ne l'entendrait ou ne le verrait. Il hurla. Sa rage envers lui même et sa tristesse. Il s'effondra et laissa les larmes couler, encore et encore. Au petit matin, il devrait faire son entrée dans le camp de sa nouvelle famille, les yeux rougis d'avoir trop pleuré.
Ink:
« Nuage Givré ! Arrête tes conneries, ça pue le traquenard. -Tsss, n’importe nawak, c’est ultra safe. -Te fous pas de moi… -T’es une trouillarde. -Non, mais ta dernière idée avec la chasse aux poules, on sait où ça a mené »
Nuage Givré leva les yeux au ciel. Sa sœur était souvent prête à suivre ses magouilles, mais depuis le coup foireux de l’attaque des poules d’eau, elle était plus prudente. Surtout après le savon que leur avait passé la cheffe… L’apprentie blanche se tourna vers sa jumelle, l’œil pétillant.
« Ben écoute t’as qu’à rester là et… Et faire le guet. -Ou ça le gay ? C’est moi qu’tu traites de gay ? -… -… C’était une blague, Gigi. Détends-toi. »
Nuage Givré eut un sourire mais n’avoua pas qu’elle avait trouvé la blague surfaite. Et Nuage d’Albatros lui faisait perdre son temps. Cela faisait quelques temps qu’elle préparait son escapade sur les terres du Clan des Flammes. Depuis la fameuse guerre, elle avait entendu dire de la part des anciens que les morts de la bataille hantaient les lieux. C’était tellement excitant, de rencontrer des fantômes ! Mais Nuage d’Albatros semblait ennuyée de faire le chemin. Autant la laisser sur la frontière et lui demander d’attendre.
« Bon, je reviens pour le coucher du soleil, dit Nuage Givré en se dirigeant vers les terres. -Quoi ? Attends t’y vas vraiment ?! -Ssssh, parle moins fort pauvre débile. -Ouais ben, compte pas sur moi pour venir te chercher… Et si maman demande, c’était ton idée. -Ben oui, c’était mon idée. -Va mourir. »
Nuage Givré esquissa un sourire et vint coller sa truffe contre celle de sa sœur. Elles ne restaient pas longtemps en froid mais autant réchauffer l’atmosphère avant la dispute. Pourtant, aucun instant de lucidité ne traversa son cerveau brumeux. Elle quitta sa jumelle et s’engagea sur le sentier, à pas feutré. Elle entendit un murmure derrière elle, dernier souffle de réprobation de Nuage d’Albatros.
Le territoire du Clan des Flammes était du genre austère et très pierreux. Nuage Givré se sentait trop exposé avec son pelage blanc comme neige. Elle était visible et sans parler de son odeur… Mais le voyage en valait la chandelle. Arrivée sur le lieu des batailles, elle se figea. Le sol était retourné, l’odeur de la mort était omniprésente et quelques taches de sang recouvraient encore le sol.
« Trop cool… » chuchota l’apprentie, enchantée.
Nuage Givrée s’avança, les oreilles droites, le pas léger. Elle était transcendée par ces lieux, humant la mort et la douleur. Si seulement il y avait plus de guerres ! Alors qu’elle admirait les lieux, Nuage Givré fut frappée latéralement par un éclair brun qui la renversa sur le dos. Là, l’étrange créature plaça une patte près de sa tête et une autre sur son torse pour l’empêcher de bouger et de pivoter. Là, l’albinos découvrit un jeune chat, sûrement de son âge, mais déjà très musclé et l’œil vif. Brun tigré, comme le commun des chats des bois.
« T’as intérêt à avoir une excellente raison d’être ici, sinon je t’ouvre en deux. »
Nuage Givré cligna plusieurs fois des yeux, pas encore remise du choc. Puis elle balbutia :
« Euh… Ben non… »
Silence. Pas un mouvement.
« C’est quand que tu m’ouvres le ventre ? demanda Nuage Givré le plus naturellement qui soit. -Tu penses que je vais le faire ? -Tu l’as dit. »
Contre toute attente, le mâle la libéra.
« Je devrais te botter les fesses pour être venue ici. »
L’albinos se mit sur le flanc et le regarda, narquoise.
« Ben quoi, tu flanches ? -Non, c’est juste que tu m’inspires pas de colère. -De la haine ? -Non je te dis, rien, j’ai pas envie de te foutre une raclée. »
Nuage Givré éclata de rire, toutes dents sorties.
« Tu t’bats pas contre les filles, geeeenre ! -Boarf, tu serais un grand père arthritique je ferais pareil. »
Le mâle se figea d’un coup et se retourna, comme s’il avait entendu un bruit. Nuage Givré tendit le cou et regarda elle aussi vers les bois, mais elle ne vit rien. Ne sentit rien. N’entendit rien. Le mâle brun pourtant siffla avec impatience.
« Si les autres te voient, ça va barder. Bon passe pour cette fois mais j’veux pas te revoir ici. Va-t’en. -Par où ? -Passe par les broussailles, tu seras moins visible. »
Sceptique, la jeune fixa les buissons brûlés par le soleil. Elle voulait rester…
« Allez, file ! la pressa le matou. -Ok, ok, j’y vais ! »
Alors que la novice se préparait à partir, elle se figea et regarda son assaillant, les paumettes arrondies par un sourire de petite fille.
« Quoi encore ? souffla l’étranger. -Moi c’est Nuage Givré. -Ah… Et moi Nuage de Chêne. Bon allez, sauve-toi ! »
A cet instant, l’apprentie vit une silhouette blanche serpenter entre les arbres, suivit d’autres chats. Nuage Givré fila sans attendre. Elle bondit dans la futaie, le cœur tout léger d’avoir rencontré un chat d’un Clan ennemi. Amical en plus. Nuage de Chêne. Tiens donc.
« Mange ! -Mmmh… -Malheur du Temps te confonds déjà avec un flocon de neige, ton cou fait le diamètre de ma queue ! Mange, Gigi. -Pas faim. »
Nuage Givré avait sa tête posée sur ses pattes, le regard plongé dans le vide. Sa sœur lui tendait un poisson, que l’autre ne voulait pas manger.
« T’as mal au bide ? T’es malade ? T’as la chiasse ? -T’es vulgaire, Alba… -Pardon, je pensais te faire rire… Mais sérieusement, tu m’inquiètes. Si tu veux je vais cherchere la guérisseuse. -Non… »
Sachant que sa sœur ne la lâcherait pas, et que les deux apprenties étaient seules dans la tanière, Nuage Givrée se demandait s’il n’était pas idiot de lui parler de sa rencontre. Elle regarda sa jumelle dans les yeux, silencieuse pendant plusieurs secodne,s puis se lança.
« J’ai vu un ennemi sur le territoire du Clan des Flammes l’autre jour. -Nooooon ? -Siiiiii, je l’ai vu et… Par toutes les litières du Clan des Lumières, je me suis sentie tellement en vie et toute excitée ! Et en plus, je pense que j’ai- -Attends… T’as flashée sur un de ces cul-brûlés ?! -Les appelle pas comme ça, ils ont juste la tête cramée par le soleil. -T’as pas répondu à ma question. -Je sais pas… J’ai envie de le revoir, mais c’est mal... -Ah oui c’est mal ! »
Si Nuage d’Albatros réagissait aussi brutalement, ce n’était pas à cause de la déloyauté de sa sœur. Elle s’en fichait. Mais c’était par amour pour elle, de peur de la perdre ou de la voir en danger. Et Nuage Givré le savait. Cette dernière regarda sa sœur avec tendresse, touchée par cette attention cachée.
« Flippe pas, frangine. Personne n’est au courant. -Mouais personne… -On s’en fout de ça. -Bon mais tu vas faire quoi ? »
La question faisait tiquer Nuage Givré. Elle n’était pas amoureuse, non ? Ce n’était qu’un coup de cœur ? L’apprentie se mit à paniquer, les yeux ronds. Nuage d’Albatros grimaça.
« Calme toi… Ecoute je suis là ? Nuage du Scarabée est là… D’ailleurs lui, il t’intéresserait pas ? -S’il te plait… -Et Nuage Hivernal ? -Beurk… -T’es compliquée comme fille, en plus ils sont beaux gosses. »
Nuage Givré fit mine de vomir.
« Ouais ben t’es pas facile… »
Nuage d’Albatros soupira, ennuyée et se détourna. Un silence régna dans la tanière avant que Nuage Givré se leva sur ses quatre pattes, les yeux écarquillée, l’iar ravie.
« Je sais ! Demain soir c’est l’assemblée ! Si je peux y aller, je le verrais et je saurais si je l’aimes ! -Quoi ? -Mais si c’est super malin ! Je le vois, je lui parle… Et tu vas le voir et tu me dis si tu le trouves bien. -T’es barge. -Alleeeeeez, pitié, j’t’en prie ! Sinon je demande à Onde du Lac… -T’es pas malade toi ?! Elle va te dénoncer ! Pire, elle va te buter ! -Aloooooors ? -… Bon ok, mais je lui parle pas. -T’inquiètes, je gère ! »
Le lendemain, les deux apprenties furent choisies pour se rendre aux quatre Chênes. Pourtant, elles étaient tendues, surtout Nuage Givré. Elle espérait que la réaction de son coup de cœur ne serait pas excessive… En tout cas, le Clan de la Neige arrivait en bon dernier, pour une fois. Etoile des Vents bondit sur le rocher, pour discuter avec ses homologues, tandis que son Clan se fondit dans la masse de chats. Nuage Givré était restée assise là, trop stressée. Ce fut sa jumelle qui vint la secouer.
« Il ets où Roméo ? -Là… -Où ? -Juste là… »
Nuage Givré fixait quelqu’un dans l’assemblée, mais Nuage d’Albatros ne discernait pas la cible. Elle s’assit près de sa sœur, agacée.
« Tu vas le voir ? -Je vais lui dire. »
Soudain, les deux albinos furent coupées par un jeune mâle brun qui s’approcha d’un pas gracieux.
« Bonsoir ! Laquelle des deux est Nuage Givré ? »
Nuage d’Albatros eut un hoquet de surprise et Nuage Givré tourna les yeux vers lui, pour murmurer un :
« Moi. »
Le mâle s’assit en face d’elle, souriant.
« Tu te souviens de moi ? Nuage de Chêne. -Oui, oui. »
Nuage Glacé déglutit difficilement. Nuage d’Albatros avait la bouche grande ouverte et regardait, horrifiée, le Nuage de Chêne.
« Et vous êtes ? demanda Nuage de Chêne à la jumelle. »
Nuage d’Albatros ne répondit pas à sa question.
« C’est lui Gigi ? »
Nuage Givré ne put répondre, les chefs de Clans appelèrent l’Assemblée.
« La lune est au plus haut dans le ciel, commença Etoile du Dragon. Nous allons commencer… »
S’en suivit un discours politique ennuyeux comme la pluie. Nuage Glacé fixait les chefs se relayer, le poil hérissé. Nuage d’Albatros était plus qu’en colère. Sa sœur avait choisi un chat semblable à tant d’autres dans le Clan. Elle n’était pas compliquée, ; elle était totalement inconsciente et provocatrice ! S’il n’y avait pas autant de chats rassemblés, elle l’aurait déjà étranglé et jeté dans une fosse avec des serpents. Soudain, Etoile Diaphane du Clan des Flammes s’avança pour prendre parole. Nuage d’Albatros ne voulait pas l’écouter, trop énervée. Pourtant, elle sursauta. Non pas à cause des propos tenus par ce chef. Il n’avait même pas commencé à parler. Mais par le hurlement strident de sa jumelle près d’elle.
« JE T’AIME ETOILE DIAPHAAAAAAANE ! »
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La longueur est atteinte, je passe le reste à la suite x)
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Sujet: Textes des Candidats - BDM N°4 (Partie 2) Sam 26 Mar 2016 - 0:27
Thème NON LGDC
Esclave ♥ (Illu):
Il est temps de tout effacer
Texte de Laurelin (Reflet des Illusions)
Un paysage de cauchemar entourait les trois jeunes filles, au centre de l’enfer. Un paysage de désolation, de rocs brisés et d’obscurité éternelle. Un paysage de combat, où le sang avait bien trop coulé. Elles avaient triomphé, oui, mais à quel prix ? L’une, murée dans sa tristesse et dans son silence, sanglotait, serrant dans ses bras son jumeau, qui s’était sacrifié pour lui sauver la vie, faisant voler en une myriade d’éclats scintillants le monde d’illusions dans lequel ils étaient plongés. L’autre, agenouillée à ses côtés, laissait couler d’amères larmes en pensant que ses pouvoirs n’avaient pas su le protéger. La troisième, en contraste, s’était éloignée, le visage impassible, cachant comme autrefois sa tristesse derrière un masque de calme parfait qui la protégeait. Seules ses prunelles, qu’elle cachait au regard de ses amies, trahissaient sa douleur et sa peine, qui comme mille vagues la frappaient, toujours plus violemment, pour lui faire perdre l’équilibre et se noyer… Elle ne supportait plus de perdre ceux à qui elle tenait. C’en était assez !!! Elle frappa le mur d’obsidienne avec rage, se meurtrissant la main, de laquelle un filet de sang coula, pourpre, arraché par une aspérité tranchante, sa douleur émotionnelle se transformant peu à peu en douleur physique. La jeune elfe noire ailée ne supportait plus cette impuissance, à cause des Règles du Temps. Elle ne supportait plus les larmes de ses amies… Deux perles nacrées roulèrent de ses yeux grenat, se mêlant délicatement aux gouttes de sang, en une œuvre d’art d’arabesques aux contours brumeux, et elle entendit le pas léger puis la voix douce mais brisée de River, son amie Atlante et la seule mortelle du groupe…
« Que fait-on maintenant, Tinuviel ? »
La Fille du Crépuscule, comme le disait son nom, se retourna et observa le visage pâle et les yeux améthyste de sa cadette, ainsi que ses mèches bleutées, ainsi, qu’à l’arrière-plan, les chevelures d’or des jumeaux, un mort, l’autre vivante, qui se fondaient l’une dans l’autre, tandis que l’elfe de lune serrait son frère dans ses bras. Alors elle leva les yeux vers le plafond de pierre, percé d’une lucarne permettant de voir le ciel étoilé. Elle savait qu’elle briserait toutes les règles. Elle savait aussi qu’elle en payerait le prix. Elle pouvait encore voir le regard impassible, sage et froid, couleur d’argent, du Maître du Temps, cette divinité mystérieuse qui lui avait donné son pouvoir à sa naissance et lui avait finalement parlé, quatorze années après, pour la mettre en garde sur ces règles. Elle savait que cela ne lui plairait pas. Et elle n’y accordait aucune importance. Elle vivait selon ses propres règles. Elle reporta son attention sur River et finalement, répondit avec détermination :
« On remonte le temps, pour tout effacer. »
L’Atlante aux prunelles violines la regarda en silence un instant, et l’Ange des Ténèbres put lire de l’inquiétude dans ses yeux. Bien sûr… Une Kin-Shannay, une Porte entre les Mondes, ne pouvait que comprendre le prix à payer… Mais Tinuviel souffla simplement :
« J’ai fait mon choix. »
River hocha la tête et s’approcha pour prendre les mains de son amie, qui se concentra pour plonger au plus profond d’elle-même, à la recherche de son pouvoir. Ariane était restée immobile près de son frère, Antarès, en pleurs, ne réalisant même pas quelle route dangereuse ses amies avaient décidé de prendre, équilibristes jouant sur un fil, qui seul les rattachait à la vie.
Les souvenirs se mirent à défiler, kaléidoscope de couleurs et d’émotions : les rires partagés, les combats côte à côte, les confidences et les sauvetages. Les larmes, les cris, les étreintes. Les aventures, les dragons, la citadelle de glace, les bois enchantés. Leur amitié… Si puissante, si forte.
Tinuviel inspira profondément, et ouvrit le passage du Temps, la réalité se délitant, les couleurs s’évaporant peu à peu, les sons disparaissant, la pression des doigts de River se faisant plus forte cependant qu’elle lui prêtait pouvoir et énergie. Toutes deux étaient affaiblies après le combat qu’elles avaient mené et qui avait coûté la vie à Antarès, et ce fut avec peine qu’elles rejoignirent leur Temps originel. Le jour de la fuite de Tinuviel et des jumeaux du Royaume des Drows.
Ils se connaissaient si peu alors…
Les deux filles réapparurent au cœur de la Citadelle des Drows, dans un royaume de ténèbres éternelles, et Tinuviel se leva lentement, bientôt imitée par River, vacillantes. River demanda :
« Que fait-on ici ? »
L’autre eut un sourire énigmatique, et se dirigea tout d’abord vers sa bibliothèque, pour en sortir quelques livres précieux à ses yeux, les glissant dans un sac avant d’y ajouter deux autres ouvrages : un recueil de contes elfiques, et un cahier relié. Puis elle le tendit à l’adolescente aux mèches bleutées et expliqua :
« Je suis venue effacer certains torts. Je vais tuer la Grande Prêtresse des drows, et t’emmener ensuite à la surface, au Royaume d’Ariane et Antarès. J’éviterai une guerre. Celui-ci ne sera pas détruit. Mais Ariane m’a un jour parlé de sa volonté de créer une bibliothèque. Les contes et les ouvrages que je viens de récupérer lui seront utiles… »
River, pensive, ne bougea pas, contemplant le petit cahier, qui n’était pas un de ces livres… Elle demanda :
« Qu’est-ce que c’est ? »
L’elfe noire lui fit simplement signe de l’ouvrir, et bientôt, le regard violet parcourait les premières lignes. Alors il s’emplit de larmes tandis qu’elle murmurait :
« Tinuviel, c’est… »
L’interpelée acquiesça avec un triste sourire, puis compléta :
« Le récit de nos aventures. Ils auront tout oublié, River. Toi seule sauras. Je ne resterai pas avec vous. La version de moi qui arpente ces terres est celle qui ne t’a pas rencontrée, et celle qui se tient devant toi a un prix à payer. Un jour, il faudra leur raconter. »
Puis les deux jeunes filles se dirigèrent, ombres silencieuses dans la nuit, vers les appartements de la Grande Prêtresse. River se cacha, Tinuviel entra, ses ailes soigneusement repliées dans son dos. Une lame d’argent scintillante s’abattit, sans un bruit, se tâchant de pourpre tandis que l’elfe ailée ressortait, un dernier soupir s’échappant derrière elle. Ce ne fut qu’au moment de partir que Tinuviel sut ce qu’elle oubliait : elle avait une dernière amie à sauver. Reyna… Elle courut vers la bibliothèque des drows, son regard grenat croisant celui, bleuté comme des saphirs, profond comme l’océan, de sa meilleure amie, avant que ses doigts se referment sur le poignet fin pour la tirer hors de la pièce, vers la vie, vers la chambre de Tinuviel qui abritait le passage secret. Elles reprirent toutes trois le couloir souterrain qui menait à la surface, secret bien gardé de l’avarielle, et s’enfuirent vers la lumière, et vers un monde où River serait enfin en sécurité… Ce ne fut qu’à la lisière du Royaume des Elfes de Lune, le Royaume d’Ariane et d’Antarès, deux jours plus tard, que River leva les yeux et reprit la parole. Elle n’avait rien dit depuis les salutations à Reyna, qui s’était également tenue dans un mutisme prudent, mais le moment était venu de se séparer… Elle demanda simplement à Tinuviel, les larmes aux yeux :
« Comment saurai-je que le jour est venu ? »
Celle-ci l’enlaça doucement comme elle le ferait avec une sœur, étendit ses ailes neigeuses en contraste avec sa peau de cannelle en un cocon protecteur qui les entoura, et murmura à son oreille deux simples mots, avant de la relâcher pour la dernière fois.
« Tu sauras. »
Reyna avait observé ceci sans comprendre. Qui était exactement River ? Un jour, il faudrait lui expliquer… Un jour. Mais pas aujourd’hui. Tinuviel la prit également dans ses bras, et la serra contre son cœur, s’interdisant les larmes, avant de murmurer, la regardant dans les yeux :
« Je t’aime, grande sœur. Peut-être pas par le sang, mais pour toujours par le cœur. » « Moi aussi. » fut la réponse de Reyna qui pleurait doucement, comprenant qu'il s'agissait d'un adieu.
Puis Tinuviel s’éloigna, attendant d’être à l’abri sous le couvert des arbres, pour un dernier voyage. Elle fit défiler cette nouvelle ligne temporelle qu’elle venait de créer, dans le futur, jusqu’à ce jour où elle avait rencontré la fille de River et Antarès. Elle se cacha, observant ses amis qui l’avaient oubliée, et la petite fille demander à sa mère :
« Maman, tu connais quelqu’un qui s’appelle Tinuviel ? Elle dit que c’est le Jour… »
Et tandis que River, des années, des décennies plus tard, commençait à raconter, Reyna, Antarès et Ariane l’écoutant patiemment, Tinuviel leur tourna le dos et fit face au Maître du Temps. Il la regarda en face, et elle soutint ce regard avant de déclarer posément :
« J’accepte le châtiment. » « Pour des amis qui t’ont oubliée ? Tu t’es sacrifiée pour rien, Tinuviel. » « Peut-être, mais j’ai fait ce que je pensais juste, et j’ai été loyale. Mais vous ne pouvez pas comprendre. J’ai arpenté le royaume des dieux. Vous ignorez l’amitié, l’amour. »
Un éclair de douleur la traversa, tandis que la divinité prenait le prix de sa vie pour tout ce qu’elle avait fait, puis le monde commença à s’effacer. Et tandis que les couleurs s’estompaient pour la dernière fois, Tinuviel revit les visages de ses amis. Les larmes aux yeux, la mort dans l’âme, elle devait admettre que ses amis l’avaient oubliée, mais elle murmura :
A ce soir mon chéri ! Sa maman lui déposa un bisous bien sonore sur le sommet du crâne, avant de lui tendre son nounours tout neuf. La bête faisait au moins sa taille, si bien que le petit Cancrèse dû le prendre à deux mains. Il enfouit son visage dans la fourrure synthétique de la peluche qui lui gratta légèrement la peau. Il se retourna ensuite et trottina, plus qu'il marcha vers la table de jeux que lui montrait la maîtresse. Le nouveau nounours traînait maintenant sur le sol, à la suite de Cancrèse, qui fermait sa main aussi fort qu'il le pouvait sur sa patte arrière. Arrivé à l'endroit, le petit garçon s'assit sur la chaise et posa sa peluche sur la table. Il fit courir ses petites mains sur le doux pelage de son ours lorsqu'il rencontra une autre petite main, sur ce même ours. C'était la petite Tressia qui lui souriait, ses lunettes de travers et un filet de mucus dégoulinant de son nez. - Il s'appelle comment ton ours ? - 'Rez. lâcha Cancrèse l'attira soudainement à lui. - Non, ça c'est ton nom. rétorqua la petite blonde. Ton ours il s'appelle comment ? Cancrèse voulut cacher son doudou dans son dos, mais Tressia serrait la fourrure de l'ours en peluche à pleines mains, aussi collante qu'une crotte de nez. Le garçonnet se mit debout sur des jambes vacillantes et Tressia tira vivement l'ours vers elle, le faisait tomber à la renverse. Choqué, Cancrèse se retrouva soudainement sur le derrière, regardant avec incompréhension la foule d'enfants se refermer sur son ours. Il était trop surpris pour même songer à pleurer sur la douleur que lui procurait son postérieur. Après quelques instants, il se releva, et les larmes commencèrent à rouler sur ses joues sans les sanglots bruyants qui auraient dû les accompagner. Il se précipita vers la table, écartant les autres. Son cher nounours était tout bariolé de couleurs, l'encre des feutres avait imprégné sa fourrure. Il passa ses mains sur qui restait de l'ours. Sa fourrure était devenue rugueuse et attaquée au ciseau - il en manquait par endroits- quand l'ours n'était pas carrément pourfendu de trous. Un de ses yeux était presque détaché, retenu seulement par un fil noir. Le petit Cancrèse ferma sa main sur cette petite bille brillante et serra très fort le poing. Il lui semblait que la bille était entrée dans sa paume, alors il ferma très fort les yeux, souhaitant que cette sale crotte de nez de Tressia n'ait jamais touché à son nounours.
Lorsqu'il rouvrit les paupières, il était allongé sur le dos, la couverture de son lit remontée jusque sous son menton. Ses cinq étoiles phosphorescentes étaient toujours accrochées au plafond. Il se tourna sur le côté. La lumière du matin filtrait sous son rideau, rendant la veilleuse qui dissipait les peurs de la nuit inutile désormais. Toute cette histoire d'ours n'était qu'un cauchemar et Cancrèse se sentit soulagé. Sa maman ouvrit bientôt la porte de sa chambre et alla tout droit aux rideaux faisant entrer la lumière qui piqua les yeux du garçon. Bonjour Cancrèse ! Tu as bien dormi ? Elle se pencha vers lui, lui chatouillant le visage de ses cheveux et les narines avec son odeur de parfum. Elle le couvrit de bisous pour le réveiller, le faisant rire aux éclats. Il leva les mains pour stopper cette attaque et ses doigts se desserrèrent libérant une petite bille noire qui tomba et sol et roula sur le parquet. Cancrèse la suivit du regard, cessant de rire. Sa maman se redressa, contournant le lit pour la ramasser. Elle dit quelque chose comme " Cancrèse qu'est-ce-que tu fais avec ça ? Tu auras pu t'étouffer ect ". Le garçon s'assit sur son lit, pendant que sa maman sortait avec la bille. Elle revint bien vite pour l’habiller et Cancrèse constata que c'était les mêmes vêtements qu'hier. Sa maman sourit, lui assurant le contraire.
Habillé et propre, l'enfant descendit les escaliers, prenant bien soin d'avoir les deux pieds sur la même marche avant d'aborder la suivante, sa petite main courant sur la rampe. Arrivé en bas, il se précipita vers la table du déjeuner et monta laborieusement sur l'immense chaise. Seuls ses yeux et son nez dépassaient de la table, mais d'ici il voyait ses parents qui discutaient, ayant déjà finis de manger. Ils ne prêtaient pas attention à la radio qui crachotaient les informations et Cancrèse prit sa culière et la plongea avec délice dans son bol de céréales. Comme à son habitude, il regarda le dos de la boite, qui proposait toujours de jeux. Aujourd'hui, c'était un rébus avec trois dessins. Le premier représentait un dé, le deuxième un plateau de jeux et le dernier un bonhomme souriant au nez tout rouge. C'était le même jeu qu'hier. Et si hier il n'avait pas réussit à le résoudre, aujourd'hui il connaissait la réponse. Dé - jeu - nez. déclara t-il un peu fort, attirant l'attention de ses parents. - Tu as finis fiston ? Son père s'approcha de lui pour lui enlever le bol à moitié vide et sa mère le prit par la main, pressée d'y aller pour ne pas être en retard. Une fois son manteau et ses chaussures mises, Cancrèse s'engagea dehors, une main tenant chaque parents. Pendant qu'ils traversaient tous les trois l'allée qui menait jusqu'à la voiture, Cancrèse replia ses jambes sous lui, retenu uniquement par la poigne de sa maman et de son papa. Un, deux, trois, ouiiiii ! hurla t-il de joie, pendant qu'il se balançait dans le vide, avec l'impression de voler. Ils arrivèrent à la voiture, ses parents s'embrassant avec de se quitter. Le garçon n'y fit pas attention, se jetant à plat ventre sur la banquette arrière de la voiture pendant que sa maman s'installait au volant.
Ils arrivèrent à l'école, et comme hier sa maman tira un énorme ours en peluche du coffre de sa voiture, que le petite Cancrèse s'empressa de serrer contre son cœur. Doucement Cancrèse ! Je vais te le porter. Il prit la main de sa maman et se dirigea vers la classe, où il dit bonjour à la maîtresse. Sa maman lui donna enfin son ours, lui faisait un bisous et lui disant au revoir. Cette fois Cancrèse resta sur le pas de la porte, la maîtresse s'éloignant en direction de la table de jeux. Tressia le rejoignit. - Il s'appelle comment ton ours ? - A moi. répondit Cancrèse reculant dans le couloir. Mais cette peste de Tressia lui emboîta le pas, se faisait plus insistante. Cancrèse arriva aux escaliers qui marquaient la fin du couloir. Il ne pouvait pas aller plus loin et déjà la blondinette approchait ses mains pleines de morve de son nounours. Cancrèse recula brusquement, et la poussa des deux mains dans les marches. Il entendit le bruit sourd de son corps, heurtant les escaliers, puis un bruit mat lorsqu'elle atteignit le sol. Il s'attendait à ce qu'elle pleure, mais Tressia ne pleura pas. Elle ne bougea même pas. Cancrèse ! cria la maîtresse, arrivant dans sa direction. Elle se désintéressa bien vite de lui lorsqu'elle vit le corps disloqué de Tressia et porta les mains à sa bouche, étouffant un cri. Les autres élèves, curieux, formaient maintenant une foule compacte au dessus des escaliers, observant la maîtresse penchée sur le corps de la petite fille, brayant des ordres au téléphone.. Cancrèse porta le nounours à sa bouche et lui mordilla distraitement l'oreille.
Nova:
PARTIE I : trou à fées
« Calliope ! Calliope, viens voir ce que j'ai trouvé ! - J'arrive ! »
Au bord d'un trou sans fond, deux enfants se penchaient d'un air intrigué. Leurs yeux luisaient alors qu'elles pensaient avoir trouvé la gorge du monde, celle qui menait directement au cœur de la terre. La dénommée Calliope gloussait en annonçant :
« Je suis sûre que c'est un trou à fées ! Elles doivent vivre dans la lave, parce que rien peut les détruire ! - Je suis sûre qu'elles peuvent exaucer les vœux … - Si on trouvait des fées, tu leur demanderais quoi ? - Je leur demanderais de devenir une princesse vétérinaire, maintenant ! - Pff, c'est nul ! - C'est toi qu'es nulle ! »
Calliope eut l'air boudeur, et l’Égyptienne éclata de rire avant de s'exclamer :
« Nan , je rigole, t'es pas nulle ! Allez, qui commence ? »
De nouveau, Calliope regarda le trou sans fond avec intensité. Elle hésita quelques instants, avant de répondre :
« Moi, j'vais te prouver que j'suis pas nulle ! »
La blondinette s'avança prudemment, aventurant un pied dans le noir. L’Égyptienne, tout sourire disparu, observait son amie avec attention. De plus en plus sceptique au fur et à mesure que Calliope semblait décidée à descendre voir ce qu'il se trouvait plus bas, la petite dit timidement :
« C'est pas grave si tu le fais pas … T'es pas nulle, tu sais … - Thétis, tu m'as demandé de le faire, je le fais, j'suis pas une pleurnicharde, moi ! »
Une fois appuyée sur une racine, elle sautilla, et s'exclama :
« Regarde ! Tout va b … »
La racine céda sous le poids de Calliope, qui eut tout juste le temps de voir l'air terrifié de son amie, avant de sombrer dans le noir total.
PARTIE II : back to the future
« Petite ?! Petite, ça va ?! Eh, lève-toi ! C'est pas le moment de rester là ! Lève-toi ! »
Sonnée, Calliope ouvrit les yeux et vit une femme la prendre dans ses bras, à défaut de réussir à la mettre debout. Les yeux bleus de la petite fille dévisageaient l'environnement bruyant et chaotique qui l'entouraient. Où suis-je ? était la seule question qui tournait en boucle dans sa tête. La blondinette cligna doucement des yeux, comme pour s'imprégner de la douce anarchie du moment. Reprenant quelque peu ses esprits, elle dévisagea la jeune femme avant de dire doucement :
« Où on est ? - Ne parle pas. »
L'adulte lui mit une main devant les yeux. Désormais aveugle, elle n'entendait que des cris terrifiés, des cris de douleur aussi, et des voix qui appelaient des noms qu'elle ne comprenait pas. Si elle était arrivée au centre de la Terre, c'était à ça qu'il ressemblait ? A l'Enfer ?
« Où on est ? - Ne bouge pas, mon cœur. »
Les bruits retentissaient toujours à ses oreilles, indiscernables, et elle écarta une main pour voir une scène tout à fait extraordinaire : une rame de métro, éventrée, laissait sortir de ses entrailles fumantes un épais lambeau noir, et des inconnus à l'air désespéré se pressaient devant et derrière elles. Tous semblaient avoir le même but : s'éloigner de la bête infernale et rejoindre la sortie, au plus vite.
Une fois une volée d'escaliers grimpés, la lumière du soleil lui agressa les yeux avec autant de violence que le théâtre gorgé de cris et de fumée qu'elle venait de quitter. Elle fut alors posée au sol, le regard incrédule fixé sur les gens qui sortaient en cavalant des sous-sols hurlants de la capitale.
« Tu t'appelles comment ? - Calliope. - Où sont tes parents ? - Nulle part. - Ok, tu dois être un peu perdue. Ça va aller, t'inquiètes pas, suis-moi. »
En la tirant par la main, la jeune femme l'obligea à la suivre dans un dédale de rues étrangement familières à l'enfant.
« Tu connais le numéro de téléphone de tes parents ? - Oui … »
La petite lui dicta les chiffres sans la moindre hésitation, comme on récitait une comptine.
« Le numéro n'est pas attribué … Tu es sûre de ne pas t'être trompée ? - Non. »
Très sûre d'elle, Calliope ne se laissa pas démonter alors que la jeune femme lui reposait plusieurs fois la question. Soudain, un homme habillé dans un habit informe et jaune la bouscula.
« Faites attention ! - Excusez-moi mesdemoiselles … Tout va bien ? - Oui, nous on va bien. Allez aider ceux qui sont toujours en bas ! »
La jeune femme observa le flux continu d'inconnus, avant de reporter son attention sur Calliope.
« Calliope … Tu as quel âge, dis-moi ? - Neuf ans. - Neuf … »
Elle s'abaissa au niveau de l'enfant, et dégagea quelques mèches blondes de son visage.
« Tu t'appelles comment, toi ? - Thétis. Et je connaissais une Calliope … qui te ressemblait … beaucoup. - Pourquoi tout a changé ici ? - Ce sont … des méchants, il n'y a que ce mot pour les décrire. De bêtes méchants. - Il se passe quoi ? - Beaucoup de choses, Calliope, beaucoup … »
Un soupir s'échappa d'entre les lèvres de la jeune femme. Elle enveloppa de nouveau doucement l'enfant de son regard, avant d'ajouter :
« Tu lui ressembles vraiment beaucoup … - Toi, tu as grandi depuis le trou aux fées. »
L’Égyptienne, à cette annonce, sembla stupéfaite.
« Mais je ne t'en ai pas parlé du … Et puis, Calliope est … Calliope ? - T'es bête ou quoi ? Je t'ai dit que c'était moi … »
Thétis attrapa la petite fille pour la serrer dans ses bras.
« Je … Je ne comprends rien, mais je te crois. On ne t'a jamais retrouvée après ta chute dans le trou aux fées … Je ne sais même plus moi-même ce qu'il s'est réellement passé, on ne t'a jamais retrouvée et … Mon Dieu, tu es là. C'est vraiment toi … Mais tu es si petite … »
Pendant un instant, l'horreur qui flottait autour d'elle semblait disparue. Thétis tâtait le visage poupin de la blondinette, qui la regardait comme si tout ce qu'il était en train de se passer était parfaitement normal.
« On est … On est en guerre, Calliope. Ca veut dire que des gens nous veulent du mal. Ils ont posé des bombes dans Bruxelles, je suis désolée de te montrer un monde pareil, Calliope, vraiment désolée. Je n'aurais pas cru que c'était toi il y a quelques heures de cela mais … Mais ce monde est devenu tellement dingue, je peux que douter maintenant. V … Viens, on va un peu bouger. »
Elle lui prit doucement la main et la mena de nouveau dans un dédale de rues, peuplées de bâtiments éventrés aux côtés de buildings de verre instables, prêts à s'écrouler sur elles. Perdues au milieu de ces hybrides horrifiques, quelques vieilles maisons aux rambardes en fer forgé évoquaient de vagues souvenirs à Calliope, qui parcourrait la ville la bouche grande ouverte. Soudain, elle fut projetée au sol.
« Calliope ! A terre ! »
Le hurlement surprit la petite, qui se recroquevilla sur le sol, et sentit soudain un poids peser sur elle.
« Thétis ? »
Se dégageant du poids de son amie, elle vit la tâche rougeâtre se développer sur son chemisier immaculé.
« Thé … Thétis ? »
De ses petites mains, elle tentait de relever la jeune femme, qui ne disait plus un mot et grimaçait atrocement. Un hurlement sourd sortit de sa gorge, réalisant seulement l'horreur qu'il était en train de se produire.
PARTIE III : apocalypse now
Galopant sous les rafales de balles, la petite haletait en observant quelques rares fois les regards fous des gens autour d'elle. Calliope était partie sans Thétis, après avoir vainement tenté de la faire parler. Tout ce qu'elle avait pu tirer d'elle étaient de vagues gestes vers l'extérieur, comme pour lui indiquer de fuir. Terrifiée, incapable d'appréhender la situation, la petite fille ne s'était laissée arrêter par rien ni personne.
Personne, vraiment ?
Brutalement, la blondinette s'écrasa à terre. Une douleur sourde pulsait dans sa jambe droite. Elle levait les yeux pour voir ce qu'il lui était arrivé, pourquoi elle n'arrivait pas à se lever … En détaillant les écrans gigantesques, qui arboraient des logos de multinationales, elle vit des chiffres alignés, comme des dates. 22/03/16 … le 22 mars 2016 … ? Pourtant, on était bien en 2002, non … ?
Ses yeux se posèrent ensuite sur cet homme, là-bas, qui dirigeait une arme vers elle. Était-ce vraiment un homme ? La petite venait à en douter. Une rafale cisailla l'air à nouveau.
Juste à côté du cœur.
On ne pouvait pas mourir à neuf ans. Un enfant, c'était immortel. Le trou à fées ne menait-il donc au paradis … ?
Encore des sifflements.
Sa vue se brouillait tandis qu'elle voyait le monde devenir fou.
Elle crut entendre un tintement d'étoiles lorsque ses yeux se fermèrent enfin. Les fées venaient la chercher, voilà tout.
* * *
Avec un petit sourire, une enfant de neuf ans s'éteignit à l'hôpital, comme une étoile qui meurt. Sans un bruit, discrètement. Elle venait, par ce sourire figé, d'envoyer un dernier éclat de lumière à l'univers, comme pour poignarder, une dernière fois, l'humanité d'un espoir éternel.
Spoiler:
J'ai été incapable de rester neutre par rapport à tout ce qui s'est passé, donc excusez le texte fort engagé, mais voilà. Bonne lecture malgré tout ♥
Etoile des Vents
Messages : 6661 Date d'Inscription : 10/02/2014
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Sujet: Re: Textes des Candidats - BDM N°4 Jeu 31 Mar 2016 - 10:00
Bon, faudrait s'y mettre non xD ?
Alors, je propose que Illu ne participe pas au 'notage' du thème non-lgdc vu qu'elle y a participé,et de même pour moi : Je ne participe pas au "notage" du thème lgdc.
Du coup forcément Duke, tu vas être obligé de noter les deux thèmes avec l'autre juge dans chaque thème x)
Donc, je propose que l'on répartisse les taches. Je rappelle que chaque texte doit avoir une critique assez détaillée, et ensuite on déterminera le classement. Duky > Dans la partie non-lgdc, je peux me charger de deux textes, et donc toi d'un ? Vu que tu vas aussi gérer le thème lgdc. Je te laisse choisir le texte que tu veux juger :p
Etoile des Vents
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Sujet: Re: Textes des Candidats - BDM N°4 Mar 5 Avr 2016 - 21:11
UP ?
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Sujet: Re: Textes des Candidats - BDM N°4 Mar 5 Avr 2016 - 21:28
J'aimerais juger celui de Jade aller x)
Etoile des Vents
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Sujet: Re: Textes des Candidats - BDM N°4 Mer 6 Avr 2016 - 7:05
Ok je m-occupe de illu et Crêpe! On a pris du retard faut se bouger, je fais mes critiques dans l'aprem'
EDIT :
Texte de Illu : Concernant la narration, je n'ai strictement rien à dire. Le texte est bien structuré, il n'y a pas de fautes ou très peu, et l'histoire se déroule bien. Les descriptions sont détaillées, dignes d'un roman de science-fiction, et le récit est intéressant. La mise en place de la scène et des personnages se fait facilement... C'est un vrai plaisir de lire ce texte ! Vraiment, je me répète mais on dirait vraiment que cet écrit est tout droit sorti d'un roman que l'on pourrait acheter dans une librairie. La précision des relations entre les personnages, de l'histoire... C'était impressionnant. Concernant le respect de la consigne, je ne pensais pas que le sujet pourrait être tourné de cette manière-ci. Cependant, les différents points sont respectés. Le récit est fantastique, le texte est rédigé à la troisième personne, la manière de voyager dans le temps est originale, le dénouement est tragique... Donc la consigne dans son ensemble est belle et bien respectée. Conclusion : J'ai vraiment aimé ton texte. J'avais l'impression de lire un roman fantastique, (bien écrit !), tout en y retrouvant le thème de Duky. Je ne peux que te féliciter, et j'ai très peu de conseils à te donner. Peut-être de raccourcir certaines descriptions, qui sont un peu trop longues et peuvent être lassantes ? Mais sincèrement, bravo à toi, et continue comme ça !
Texte de Crêpe : Un texte intéressant à lire, un style d'écriture fluide et simple, de l'originalité... Ce récit regroupe de nombreuses qualités, que je félicite tout d'abord. Je n'ai pas grand chose à dire... La consigne est respectée. J'ai trouvé l'idée du trou à fées très originale et amusante. C'était une idée particulière, mais bien maîtrisée. Effectivement, cela change grandement de la machine traditionnelle à voyager dans le temps. Concernant le récit lui-même, j'ai trouvé qu'il se déroulait bien. Il était assez simple, mais très bien rédigé. La fin avait une touche poétique que j'ai grandement apprécié. Dommage cependant, il n'y a pas d'effet papillon... Cela aurait apporté un petit "quelque chose" en plus. Conclusion : Un très bon texte. Il y a peu de détails négatifs notables... Le découpage en trois parties rend le récit organisé. Peut-être aurait-il fallu développer un peu plus la première partie ? En montrant vraiment la relation qu'entretiennent les deux petites filles ? (Même si l'on comprend bien qu'elles sont amies). Je n'ai donc pas grand chose à dire... C'était un texte simple, qui respectait le sujet (malgré l'absence de l'effet papillon). J'ai pris du plaisir à le lire.
Etoile des Vents
Messages : 6661 Date d'Inscription : 10/02/2014
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Sujet: Re: Textes des Candidats - BDM N°4 Mar 12 Avr 2016 - 20:37
UP les enfants ! J'ai quasiment terminé la critique de Crêpe, vous en êtes où vous ?
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Sujet: Re: Textes des Candidats - BDM N°4 Mar 12 Avr 2016 - 21:29
Texte de Jade :
Clairement j'ai kiffé son texte, le fait que ce soit un univers non fantastique en y incluant subtilement un voyage dans le temps m'a plu, même si du coup, la consigne du style a été mis à la trappe. En fait, je suis restée en haleine jusqu'à la fin en cherchant ce qui allait se passer. L'écrit est simple, répétitif, mais sympathique ce qui rend, la compréhension facile. Il y a du rebondissement, ce qui fait que l'histoire ne reste pas plate et on ressent facilement la rage de l'enfant. Ce qui m'a refroidit toutefois, est le fait qu'il n'y ai pas effet papillon. Le dénouement est tragique mais, l'idée de faire mourir un personnage me paraît trop simple pour ce genre de récit où j'espérais davantage de névrose vis-à-vis du protagoniste. Pourquoi pas une séance de psychodrame avec un intervenant extérieur par la suite pour renforcer des connexions ambigus sur le lecteur ? Le texte est brutal, choix qui aurait pu devenir un atout s'il aurait été mieux exploité. En revanche, le fait qu'un gamin pousse une fillette pour un nounours est original, plutôt courant chez les enfants, mais un peu "trop" pour la tuer.
Un moment, dans le texte on nous amène l'action comme quoi tel ou tel truc c'est déjà passé, l'idée est singulière et cela évite de répéter à chaque fois que x a fait ça, puis ça puis ça et le lendemain oulala c'est la même chose. Disons qu'intervenu de la sorte, c'est plus adroit.
Pour conclure : Texte simple mais, sympa, non respect du style imposé, la mort d'un personnage reste de trop dans de telles circonstances, pas d'effet papillon ce qui est dommage, des idées originales mais, mal exploitées.
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Sujet: Re: Textes des Candidats - BDM N°4 Mer 20 Avr 2016 - 22:02
Avant d'envoyer les critiques, je tenais à te remercier, Wind, pour celle que tu as faite de mon texte (remise en bas, en tout cas la conclusion, pour illustrer mes propos).
Conclusion : J'ai vraiment aimé ton texte. J'avais l'impression de lire un roman fantastique, (bien écrit !), tout en y retrouvant le thème de Duky. Je ne peux que te féliciter, et j'ai très peu de conseils à te donner. Peut-être de raccourcir certaines descriptions, qui sont un peu trop longues et peuvent être lassantes ? Mais sincèrement, bravo à toi, et continue comme ça !
Merci, merci, merci :3 Quant au roman, aux personnages détaillés, aux précisions, aux relations, c'est que j'ai décidé d'écrire la BDM en rapport avec un projet d'écriture qui m'occupe depuis bientôt un an (une trilogie fantastique, je suis au début du troisième tome en même temps que je fais la relecture du premier) et j'avais déjà l'histoire dans ma tête dans les grandes lignes :') Pour les descriptions... X) J'y ferai plus attention, si tu les juge trop longues, je pense que j'ai un peu perdu les notions de longueur avec le fait que je relise intégralement le Seigneur des Anneaux :') (j'aime l'oeuvre de Tolkien, mais je viens de me ramasser trois pages de description en pleine figure, c'est... spécial. -.-')
Maintenant les critiques :
Shiranui : J'aime beaucoup ce texte, il est fluide, et on ressent un déchirement, dans l'hésitation puis dans le choix qu'il finit par faire... La fin dramatique me plaît beaucoup, mais ce n'est que mon avis personnel, et le récit au passé me permet de mieux m'immerger dans l'histoire, ce qui est encore une fois mon avis. Mais d'un point de vue totalement objectif, la première chose que je peux apprécier, et c'est presque un remerciement que je dois adresser, c'est le peu de fautes d'orthographe, auxquelles j'ai été très attentive d'une part car nous avons précisé dans le thème de bien se relire, et d'autres parts parce que ça pique un peu les yeux. Mais ce texte est, bien que possédant quelques fautes d'accord, lisible et agréable, le vocabulaire est bien exploité, les métaphores sont intéressantes et ajoutent aux sentiments exprimés dans le texte, ce qui fait que malgré quelques erreurs d'accord, le texte a une certaine poésie que j'aime bien, tout comme le nom de la femelle et la manière de la décrire (Mélodie d'Hiver, un ange tout droit descendu du Clan des Lumières, et d'autres mais je ne citerai pas tout le texte)... J'aime aussi l'idée particulièrement sadique (moi, l'être ? où vous avez été chercher cela?) de décrire l'amour de Shiranui comme une guerrière du Clan qu'il a "trahi", comme le croient ses anciens camarades, le Clan vers lequel il ne peut revenir sans affronter beaucoup de choses y compris sa famille. Dans l'ensemble, afin de conclure cette "critique", un texte cohérent, simple, porteur d'émotion et de poésie, comme j'aime en lire, et je souhaiterais en lire bien davantage. Seulement un conseil, il faudrait porter une plus grande attention à la relecture, pour s'assurer des terminaisons des verbes, notamment, mais cette participation à la BDM était un petit plaisir. ^w^
Wind : On ne va pas se mentir, je suis loin d'être fan des textes au présent. Et pourtant, j'ai lu ce texte avec facilité, j'ai vraiment voulu connaître la fin, savoir ce qu'il adviendrait, ce qui pointe tout de même une aisance, une fluidité qui nous entraîne. D'autre part, je n'ai relevé que deux fautes, et cela parce que j'ai relu trois fois le texte avec attention, sinon je ne les aurais même pas vues pour te les reprocher, je suis donc contente à ce niveau, et je te remercie pour ça. <3 On ressent peu de dilemme, et c'est un choix intéressant, qui est bien expliqué, tout comme la relation qu'entretiennent la mère et la fille, l'intervention d’Étoile des Vents ajoutant encore une certaine originalité, car je ne m'attendais pas du tout à ce que la guerrière réveille sa mère - et chef - pour lui annoncer son départ. Le récit à la première personne, quant à lui, ajoute à l'immersion du lecteur dans la scène, ce qui va plutôt bien avec l'idée d'exprimer les sentiments, puisqu'on se sent proche d'elle, sinon à sa place. Le choix de deux Clans opposés est tout aussi intéressant, et le fait d'expliquer le départ de la guerrière du Clan de la Neige par rapport à l'arrivée de son compagnon du Clan des Flammes, ses raisons, sont touchantes. (la sœur à qui il manque une patte m'a touchée, je l'avoue) En conclusion, ce texte est entraînant, surprenant de par les agissements du personnage, bien écrit mis à part quelques fautes, et il respecte les consignes, ce qui joue en sa faveur. On ne ressent pas réellement de dilemme, mais les raisons nous sont exposées et on comprend bien le choix. Bravo Wind, tu parviendras peut-être à me réconcilier avec les textes au présent un jour. ^w^ <3
Ink : Je ne trouve pas ce texte fondamentalement inintéressant, la chute est plutôt sympathique et drôle, et rire n'a jamais fait de mal. Le problème provient davantage du fait qu'il est hors-thème. En effet, le thème, preuve à l'appui, disait :
" Vous incarnez votre personnage, qui tombe amoureux d'un félin venant d'un autre Clan. L'amour est réciproque, ce qui pose un problème, et oblige un dilemme. Il y a certains chats à qui vous tenez beaucoup dans votre Clan (ami, famille...), vous voilà donc partagé entre les deux Clans. "
Or je ne vois pas du tout le chef du Clan être amoureux d'une apprentie, et ils ne se sont jamais parlé, ce qui pose un grave problème de cohérence, et de non-respect des consignes. Mais laissons là ces contraintes et allons examiner plus avant le texte. Je trouve le choix du vocabulaire et du niveau de langue très familier, et d'un point de vue tout simplement personnel, cela m'empêche de me plonger dans la lecture, complètement, de m'immerger pour suivre l'histoire, mais ceci n'est que mon appréciation personnelle. Attention cependant à ce genre de choses, un texte simple au vocabulaire courant est souvent plus agréable, et quelques figures de style pour ponctuer et poétiser le tout font toujours plaisir et aident à apprécier un texte, en plus d'affirmer une certaine connaissance du maniement de cette périlleuse langue française. Reste deux points à souligner, qui m'ont un peu gênée, je vais citer le texte afin d'être sûre de ne pas commettre d'erreurs :
" « Ben écoute t’as qu’à rester là et… Et faire le guet. -Ou ça le gay ? C’est moi qu’tu traites de gay ? -… -… C’était une blague, Gigi. Détends-toi. » Nuage Givré eut un sourire mais n’avoua pas qu’elle avait trouvé la blague surfaite. Et Nuage d’Albatros lui faisait perdre son temps."
En effet, la blague est un peu surfaite, mais ce qui m'a véritablement fait tiquer, c'est le sujet de la blague, qui a agité l'opinion publique, et je nage en plein euphémisme. Je comprends l'idée, mais je trouve cet emploi maladroit, tout comme cet autre passage :
" Nuage Givrée s’avança, les oreilles droites, le pas léger. Elle était transcendée par ces lieux, humant la mort et la douleur. Si seulement il y avait plus de guerres ! "
Avec les évènements qui arrivent, encore une fois, je trouve maladroit d'employer ce sujet, qui peut faire très mal si l'on y réfléchit, en un souhait qu'il y en ait davantage, et en faisant un personnage transcendé par un évènement fondamentalement déchirant, la mort et la douleur, qui peuvent renvoyer à des moments tragiques et pourtant encore récents, comme les attentats, qui sont une forme horrible et insidieuse de guerre... Pour finir, l'orthographe et les règles d'accord ne sont pas toujours respectées, comme le "Givrée" dans le passage cité plus haut. On parle du Nuage, qui est masculin et l'adjectif doit donc finir par "-é". Ne te décourage pas cependant, c'est en continuant d'écrire que l'on s'améliore.
PS à l'attention de mes collègues juges : je suis tout à fait d'accord pour le classement, et merci Maître Duke de m'avoir appelée majordome, vous êtes bon prince.
Invité
Invité
Sujet: Re: Textes des Candidats - BDM N°4 Ven 22 Avr 2016 - 23:22
Thème LGDC :
Nuit d'Aurore : Pour commencer j'ai trouvé le texte trop simple. Certes j'apprécie authenticité des écrits, surtout lorsque cela concerne LGDC, cependant, les répétitions sont nombreuses et je ne suis pas très partisan des textes à la première personne. L'univers des Clans et de leur tradition est respectée, toutefois j'ai l'impression de ne pas réellement ressentir le dilemme du personnage, l'action est imposée trop vite, les événements s'enchaînent rapidement, on n'a pas le temps de respirer. Après, c'est vrai qu'on discerne ses sentiments par rapport à sa famille, ses amis etc. Ensuite, l'histoire des cinq jours pour offrir une réponse est une idée intéressante, mais mal exploité. En revanche, elle donne une espèce de compte à rebours qui peut faire stresser le lecteur. Concernant le temps que tu as utilisé, notamment le futur à la fin. Le futur n'a pas sa place là d'autant que l'ensemble du texte est au passé, le conditionnel serait mieux adapté. L'orthographe "- Mais, si, jamais je n'est aimé quelqu'un autant que toi! " Normalement on dit "je n'ai" puisque c'est le verbe avoir et non être. Si on veut chipoter je dirais que le rouge fushia que tu as utilisé m'a littéralement brûlé les rétines, mais je n'en tiendrais pas compte pour ta place dans le classement. Je vais te donner un conseil pour l'avenir, à toi d'en faire ce que tu veux. Si tu veux rentre tes écrits plus agréable à lire, n'hésite pas à utiliser de belle métaphore qui entre dans le contexte de ce que tu veux dire. Par exemple au lieu de dire "Elle m'a brisée le cœur" tu peux écrire "D'un simple mot, ses paroles, tel le venin âcre d'une vipère, m'a affligé une pluie d'épine rongeant les tissus de leur victime, avaient scellé mon cœur d'une prison de pierre" ça veut dire la même chose, mais l'action est plus décrite et davantage poétique. Bref, si tu as besoin de mes conseils pour évoluer en rp, n'hésite pas, c'est en faisant qu'on apprend :3
Nova : Honnêtement, j'apprécie la poésie que tu as intégrée à ton texte. Il a de belles métaphores et de jolies tournures de phrases, ce qui rend tes écrits agréable à lire. Toutefois, je trouve que tu as tendance à "humaniser" tes écrits. Je vais te citer quelques maigres exemples : "Fallait-il la kidnapper comme l'Hélène de Troie ? Fallait-il qu'elle feigne la mort comme la Juliette de Roméo ? " La figure de style était élégante, mais mal employé. Je me base bien évidemment, sur ce que nous apprend la saga, qu'on a retranscrite sur ce forum. Je t'avoue que, dans un contexte comme celui là, ce genre de phrase n'a rien à faire là. Notamment, les insultes tels que "T'es con" "Cette couillonne" "Ta connerie" etc. Le livre d'origine est riche en insulte qui reste dans le contexte du vocabulaire félin, je trouve ça dommage d'en rajouter. Ensuite, concernant le respect des consignes on ressent le dilemme d'Odeur d'Amande ainsi que l'amour qu'elle porte, malgré elle, à son compagnon. On discerne une réelle évolution du personnage : questionnement, loyauté, action, colère, fierté, regret, rejet et j'en passe. Ce qui donne un dynamisme à ton texte, empêchant ton lecteur de s'ennuyer. Par contre, la fin, drama ma vie, tu as su amener ton imagination au-delà de ce que les instructions pouvaient apporter et je soutiens l'idée du choix de ton personnage, dans le sens où ça m'a agréablement surprise. Bref pour conclure rapidement tout en répétant ce que j'ai dit plus haut : Texte fluide et poétique, où le personnage évolue, le seul point négatif est la tendance à humaniser le vocabulaire et les jurons. Penses-y à l'avenir.