Retrouvaille fraternel [Pv Venin]

Je m'étais réveillé en pleine nuit, couvert de sueur et honteux.. J'avais fait un cauchemar comme un chaton.. Je me trouvais assez nul et pathétique pour le coup. Les oreilles baissées, je me recroquevillais sur moi même avant d'entendre un guerrier passé. Ne voulant pas rester dans ma litière toute éparpillée, je me levais d'un bond. Je sautais par dessus ma sœur et rejoignais le guerrier qui venait de sortir. Je le saluais sans grande conviction. Ce même guerrier se faisait héler par le lieutenant. Je pensais être choisi à mon tour, je m'approchais donc du promontoire mais les rondes et répartition des tâches terminées. Je me retrouvais seul sous ce promontoire. Je soupirais longuement avant de marcher tout de même vers la sortie du camp.

Bien que je n'avais pas de tâche précise à faire aujourd'hui, j'allais tout de même me rendre utile. Les jours de repos c'est surfait. Je courais de toutes mes forces sur les terres de mon clan, me cassant la figure sur la pente glissante. Je me retrouvais au pied du pic neigeux avec une affreuse bosse sur les fesses. Je me relevais avec lenteur en me frottant l'arrière train. Je boitillais jusqu'au terre libre, direction le bassin des truites. Un endroit calme et loin des miens. Je pourrais me ressourcer tout en pêchant du poisson frais pour mon clan.

Venin avait passé le chemin de terre à la petite aube et s’était rendu sur ce que les claniques appelaient les terres communes, le rabatteur, lui, les appelait plutôt les terres pleines de petits solitaires perdus à ramener à la confrérie. C’était d’ailleurs ici même que Poison l’avait trouvé quand lui-même était un jeune solitaire qui avait quitté le Clan de la Neige.

Ici, Venin n’avait pas peur de se faire voir, ces terres étaient régulièrement foulées par des solitaires et les membres des clans ne tenaient pas trop rigueur à leur passage. Ainsi Venin pouvait aisément se faire passer pour un solitaire sans qu’on l’accuse de quoique ce soit et de son côté il pouvait repérer des félins un peu perdus à qui il laverait le cerveau.

Il traversa la Vallée du Miel sans trouver la trace d’un seul chat. Sa course sous cette chaleur commençait à l’assoiffer et ayant finement pensé à son trajet, Venin se félicita de savoir que le Bassin des Truites l’attendaient à quelques distances d’ici.

Il déboucha sur la petite clairière dans laquelle stagnait le lac, délicatement ridé par la brise qui longeait le sol en taquinant les herbes. C’était un lieu paisible que Venin aimait bien malgré cet air dur et abrupt qu’il laissait paraître.

Mais son œil se posa dès son arrivée sur l’unique point qui démentait le paysage si bien gravé dans sa mémoire. Un félin se trouvait là, au bord de l’eau. Venin s’approcha précautionneusement pour observer cet intrus. Soudain, le rabatteur s’arrêta net, paralysé sur place. Ce chat là, il était gris et blanc, exactement comme un chat qu’il connaissait trop bien. Et puis ce chat là il sentait l’odeur âpre de poisson que les Neigeux baladent sur eux. Venin fit un pas arrière, et entendit une brindille craquer sous son poids. Il s’arrêta net, trop tard il était détecté. Même s’il savait que ce jour devait arriver, il se trouvait tout de même tétanisé par l’instant, incapable de savoir quoi faire ou dire. Car oui, que pouvait-on bien dire à son frère quand on est parti sans un mot et qu’on a disparu près de trente lunes ?

Je claudiquais, m'approchant du bassin. Le froid allait faire du bien à mon postérieur et calmer la douleur.. Enfin, je l'espérais. Je m'approchais de l'étendu d'eau, pour dans un premier temps m'abreuver, avant d'y faire quelques pas. Je faisais une petite grimace à chacun, sentant l'eau glacé mordre mes pattes. Je me figeais à plusieurs reprises, évitant que le bassin soit trop mouvementé et couvert d'ondes à la surface. J'essayais de ne pas trop montrer ma présence à mes futurs proies. Mais quand j'étais proche de ma destination, un crac se faisait entendre. Aussitôt, je faisais volte face, oubliant ma pêche. Je revenais en boitillant sur le rivage, reniflant les environs. Je sentais l'odeur d'un solitaire. Je grognais, n'aimant pas être observer à mon insu. Je m'approchais de la source de l'odeur, le matou allait devoir sortir avant que je le fasse sortir par la peau du cou. Je faisais crisser mes griffes sur le sol, voulant calmer ma colère avant de prendre la parole pour le faire sortir de sa cachette :

"-Sors donc de ta cachette, petit.. Je n'aime pas trop être observé. Viens là qu'on parle un peu."

Le Neigeux l’avait entendu, il releva la tête et s’approcha de la source du bruit en faisant crisser ses griffes avec rage. Génial, il fallait que son frère soit de mauvaise humeur le jour de leur retrouvaille… Comme si le moment n’allait pas déjà être assez tendu il fallait en plus que de base, Loup Arctique soit en colère.

Venin ronfla et regarda son frère s’approcher, reconnaissant peu à peu ses traits, ce visage qui avait bien entendu mûri mais qui était toujours le même, ses épaules qui s’étaient élargies, son dos qui s’était renforcé. Il était devenu un matou, un vrai guerrier comme on aimait les appeler dans les clans. Venin qui à une époque avait été le plus grand se trouvait bien pitoyable de son côté, lui dont les seules activités se résumaient à aller se balader dans les terres libres et le long des frontières claniques, lui qui mangeait seulement ce que les traqueurs ramenaient et qui n’avait pas besoin de se soucier de ses capacités de défense grâce aux guerriers et à la bridage d’élite. Venin se dit que la Confrérie était vraiment bien conçue, pour les chats comme lui qui n’aspiraient pas à devenir des buffles de combat ou des chasseurs sans pour autant devenir guérisseur et croire à ces balivernes de Clan des Lumières.

- Sors donc de ta cachette, petit.. Je n'aime pas trop être observé. Viens là qu'on parle un peu.

Le guerrier qui s’était approché fit sortir de ses pensées Venin, comprenant que quoiqu’il arrive il finirait démasqué, il préféra sauver son honneur plutôt que d’être trouvé ridicule, tapi dans un buisson. Il sortit donc de l’arbre touffu, faisant glisser les feuilles contre son pelage bicolore. Tout en faisant, il miaula, un air grave et roque dans la gorge et avec un regard mélangeant malice et arrogance :

- Ça faisait un moment que tu ne m’avais pas appelé comme ça… N’est-ce pas Loup Arctique

Il insista sur le nom du guerrier, celui-ci lui avait été donné la veille de son départ, il y a une petite trentaine de lunes de cela. Et ce baptême dont il avait été injustement privé avait été une des raisons de son départ du Clan.

Je plantais mes griffes dans le sol, énervé. Qui cela pouvait bien être ? Un autre clanique qui m'espionnait ? Mais dans quel but ? Un solitaire ? Un autre animal ? Non.. Impossible, j'avais senti l'odeur d'un chat.. Ce devait être un congénère qui allait bientôt regretter de m'épier. En parlant du loup.. Le félin qui s'était caché durant tout ce temps sortait, faisant bouger tout le buisson dans lequel il s'était fourré. Le matou bicolore.. Il était comme mon frère disparu, je reculais d'un pas avant d'entendre sa voix. Confirmant mes pensées par ailleurs.. Il me disait que cela faisait longtemps en soulignant mon nom. Pas de doute possible, il s'agissait de mon frère, Nuage de Laurier.

Je restais un instant stupéfait de revoir mon frère, moi qui m'attendait à voir un petit chat tout maigrichon.. Bon, mon frère n'avait pas la stature d'un guerrier mais il n'était pas un poids plume non plus. Tout comme moi, il avait bien grandi depuis mon baptême. Depuis son départ, mais là n'était pas le sujet. Ce que je me demandais c'est ce qu'il fichait là.. Et pourquoi ? Pourquoi, il m'avait abandonné ? Je passais l'impasse sur la deuxième question, lui montrant mon mécontentement par un grognement tout en marmonnant :

"-Tu m'étonnes.. Quand on quitte sa patrie, c'est pas étonnant."

Je regardais un instant ailleurs avant de fixer mon frère, crocs sortis et lui lâcher avec plus de mépris :

"-Qu'est ce que tu fous là ? Tu te promènes tranquillement ? Ca y est, t'es heureux dans ta p'tite vie ? Pff.."

Loup Arctique ne cacha pas sa surprise en reconnaissant finalement le félin bicolore. Il fit un pas en arrière et Venin crut que sa mâchoire allait se décrocher. Il lui fallut un moment pour lâcher avec amertume toute sa rancœur gardée au fond du cœur. Le rabatteur ne tenu pas compte des reproches insultants et des questions caustiques, il sourit avec perversité attendant qu’il se calme. Quand le chat blanc et gris se tut, il lui lança, répondant nullement à toutes les questions posées, elles n’avaient pas d’intérêt, il ne voyait que ce qu’il l’intéressait lui. De plus il voulait éviter d’avoir à parler de sa nouvelle vie, ainsi il réduirait les risques de gaffes.

- Tu réponds toujours à ton sale nom de guerrier à ce que je vois, tu n’es donc pas chef… Est-ce parce que tu n’est pas assez bon ou parce que ton cher clan n’accepte pas que notre géniteur soit d’un autre clan ? Son regard lançait des éclairs, il savait que ce qu’il disait blessait son frère. Ou bien est-ce à cause de moi ! Dis-moi Loup Arctique, est-ce à cause de moi que tu n’es toujours pas un clanique digne de ce nom ? Est-ce à cause de moi que tu fais toujours le lèche-patte ?Avec un sourire machiavélique il ajouta : Je suis sûr que les clans ne sont pas assez tolérant pour faire chef le frère d’un chat qui a quitté son clan.

Il passa à côté du guerrier en frottant  légèrement son pelage contre le sien et rejoignit le petit lac. Il s’assit à côté et regarda son reflet.

- Je suis sûr que tu n’es même pas lieutenant, tu as toujours été un bon à rien sans moi.

Blessé par son départ, je voulais qu'une chose, lui rendre tout le mal qu'il m'avait procuré que se soit les nombreuses questions du clan mais aussi le faite qu'il m'est lâchement abandonné. Je lui en voulais de tout mon être mais en même temps, j'avais envie de fourrer ma tête dans sa pelisse comme dans le temps.

Loin d'être impressionné, vexé ou encore blessé par mes paroles, mon frère répondait par des reproches. Me demandant si je n'avais pu accéder au rang de chef simplement à cause de notre père. Ce guerrier des Flammes que nous connaîtront jamais parce qu'il est décédé. Enchaînant sur une autre potentiel raison, celle de son départ.. Le faite qu'il soit parti m'aurait empêché de m'épanouir. Un sourire machiavélique se dessinait sur son visage, signe qu'il voulait encore me faire souffrir. Je grognais à son attention, mais loin d'être déstabilisé, il s'était relevé me frôlant avant de rejoindre le lac et de s'y asseoir. Ajoutant une dernière phrase méchante et sarcastique à mon intention. Je faisais voler de la poussière en me retournant avec vitesse dans sa direction. Je me jetais sur lui sans le prévenir avant de lâcher une nouvelle réplique :

"-Fini de rigoler. On va régler nos comptes avec les griffes plutôt que la parole ? T'en penses quoi ?"

HRP:

Venin sentait que ses propos atteignaient Loup Arctique et même s’il ne faisait signe de rien, il était blessé par ses mots. Encore quelque chose que les clans n’apprenaient pas… A la Confrérie on apprenait dès tout petit à ne pas écouter les médisances, à n’écouter que soit. Venin avait une estime excessivement haute de lui-même mais cela lui était bien utile. Il n’écoutait que sa petite personne si bien que son frère aurait pu lui balancer les pires insanités, elles ne lui auraient même pas effleurer une oreille. Si le rabatteur pensait de lui une bonne opinion c’était tout ce qui lui importait. Mais Venin savait bien que c’était une toute autre histoire pour le guerrier. Il savait que quoique dise le bicolore, cela le toucherait en plein cœur. Dommage pour lui…

Ce à quoi Venin ne s’était, par contre pas vraiment attendu fut que Loup Arctique soit tant blessé qu’il voulut en découdre. Le rabatteur s’était bien dit que par ses propos il le mettrait dans une profonde rage mais il ne pensait pas qu’il en viendrait aux griffes. Pourtant devant lui, tel un taureau prêt à charger, le guerrier grattait le sol, paré à arracher les oreilles de son frère. Un voile de peur passa devant les yeux du rabatteur. Pour le coup un combat serait mal venu, Loup Arctique aurait simplement l’avantage et en considérant les propos que lui avait lancés un peu plus tôt Venin, le rabatteur ne sortirait de la confrontation pas bien en forme. Mais d’un autre côté, il avait l’avantage sur son frère pour le moment et avouer sa faiblesse serait mal venu.

Combat ou non ?

Se détachant de son reflet dans l’eau, il contourna son frère d’une démarche féline et dangereuse, portant très peu d’attention au guerrier qui pourtant était prêt à exploser.

- Vous ne savez faire que ça vous autres guerriers, vous battre, n’est-ce pas.. ? il s’était retrouvé dos à Loup Arctique Quel dommage...

A ces mots, il se jeta sur lui avec le plus de force qu’il pouvait et lui planta ses griffes dans le dos avec pour ambition de le jeter dans le lac. Il se rendit compte bien trop tard de la terrible erreur qu’il venait de faire… Il venait de s’en prendre à un guerrier de clan, il n’avait aucune chance… Il s’était engagé dans son premier combat depuis très longtemps et face à un adversaire bien plus puissant que lui… Mais bon, peut-être que sans vraiment vouloir se l’avouer, ses retrouvailles avec son frère lui pesait plus qu’il ne le pensait…

HRP:

Je lui faisais un large sourire carnassier, m'imaginant déjà planté mes crocs dans sa gorge, sa patte ou son flanc. J'avais qu'une envie, effacé ce sourire mesquin de son visage. Je voulais qu'il me respecte enfin et qu'il reconnaisse ses erreurs. Qu'il arrête de penser à lui et qu'il pense un peu à Fleur de Givre et moi. A qui il a laissait pour sa petite vie de solitaire.

Loin de bouger la moindre griffe, le solitaire fixait toujours son reflet avec avarice et narcissisme. Cela me faisait grogner de nouveau avant d'entendre sa réplique débile sur les guerriers et leur gueguerre. Qu'il ne savait faire rien d'autres que taper sur leur voisin, que c'était dommage.. Ce qui était dommage c'était bien ce sourire sur sa tronche, celui même que j'allais effacé avec trois coups de patte dans sa gueule de mijaurée. Tournant autour de moi, j'allais me retourner pour lui en flanquer une et retiré une bonne fois pour toute son stupide sourire mais avant de pouvoir faire quoique se soit, cet abruti m'avait sauté sur le dos et planté ses griffes. Avec son élan, il nous avait tout les deux précipité dans le lac. Je revenais rapidement à la surface, ayant patte tout comme mon frère. Les poils gorgeaient d'eau, je le fixais avec un regard rempli de colère. Je passais les quelques pas qui nous séparé pour me jeter sur lui et le plonger sous l'eau. Une fois qu'il s'est libéré de ma prise, je m'empressais de lui fournir quelques coups au visage et sur chaque partie de son corps que je pouvais atteindre.

La haine de Venin était telle que le félin en plus de jeter son frère dans le bassin, y plongea le nez le premier. La sensation de l’eau froide le dégoûta et il ressortit rapidement la tête de l’eau. Il détestait l’eau. Il détestait son frère. Il serra les dents, un regard meurtrier en direction du chat gris. C’est alors que Loup Arctique se jeta sur Venin et lui plongea la tête sous l’eau. Le confrérien ferma promptement les yeux et retint sa respiration, se débâtant pour remonter à la surface. Quand l’air commença sérieusement à lui manquer, il lança une patte à l’aveugle lacérer le ventre de son frère. Sortant la tête de l’eau, il prit une longue inspiration mais il n’eut pas le temps de rassembler ses idées que Loup Arctique se jeta sur lui et lui griffa chaque espace de son corps. Essayant de se défendre tant bien que mal, Venin sentait toujours les griffes du matou s’écraser sur son corps avec haine et rapidement l’odeur du sang vint lui pourrir les narines. Il recula et peu à peu atteint le bord de bassin. Aussitôt il sentit sa patte toucher la terre ferme, il s’élança hors de l’eau, peu importe le manque de crédibilité que cela lui influerait.

Se retournant, il cracha méchamment vers son frère constatant les entailles pratiquées dans son pelage.

– Arg ! Saleté ! Ça y est, tu t’es bien défoulé ?!

Venin s’ébroua pour faire partir toute l’eau qui lui transissait les os puis entreprit de nettoyer une plaie sur sa patte.

– Sale brute… Maugréa-t-il, ne peux-tu pas comprendre mon choix ?! Comment as-tu pu accepter aussi simplement le mensonge de notre mère et de Griffe de Sable ?! Nous sommes des clan-mêlés ! Nous n’avons pas de patrie !