Retrouvaille fraternel [Pv Venin]

Je n'avais jamais autant été en colère contre quelqu'un tout en étant à la foi blessé. J'étais brisé de l'intérieur. Il me manquait tant. J'avais parfois rêvé nos retrouvailles, idéalisés. Mais voici la réalité et cet être ne pouvait être mon frère. Il n'avait aucune considération pour sa famille lâchement abandonnée. Il ne pouvait être cet apprenti dominateur et aimant que j'avais connu. Il n'était qu'un étranger, rien de plus.

A chacun de mes assauts, mon frère s'éloignait vers le bord. Il tentait de se dérober. Il voulait fuir ce combat qu'il avait lui même engagé. C'était le comble de la lâcheté. Il n'avait aucun honneur. Une fois arrivée au bord de l'eau, il se mettait à détaler. Il me lançait une nouvelle réplique, une insulte ou bien une remarque cinglante. Je ne savais pas trop.. Je n'écoutais plus vraiment cette langue de vipeur, seul ma colère comptait. Et elle ne s'était pas dissipée. J'avançais mécaniquement dans sa direction avant d'entendre de nouveau l'écho de sa voix. Cette fois, j'y prêtais plus attention. Il était question de notre mère et de Griffe de Sable, du mensonge entourant notre naissance. Je grognais, lui montrant les crocs avant de m'exprimer à mon tour :

"-Et toi, comprends-tu le mien de choix ? Tu n'as même pas essayé de te mettre à notre place, à Fleur de Givre et moi. Tu n'as pensé qu'à toi. J'ai longtemps réfléchi sur ton départ et espérait ton retour en vain. Bien sûr que je comprends ! Nous sommes dans la même galère. Mais tu sembles l'oublier. Notre patrie est là où nous décidons d'être. La Neige est ma patrie."

Loup Arctique ne fut pas très réactif au monologue de Venin, s’avançant vers le bicolore avec une réelle envie de meurtre dans les yeux. Le confrérien rabattit ses oreilles sur son crâne à continua à faire marche arrière, feulant sur le guerrier. Ainsi Loup Arctique non seulement parlait au nom de Fleur de Givre mais également des trois frères et sœur. Un « nous » qui avait un goût bien trop amer aux yeux de Venin. Le guerrier se considérait ainsi neigeux, au même titre que leur demi-frère alors que le sang qui coulait dans leurs veines était tout autant flammeux. Mais surtout, Loup Arctique se prêtait à jeter la faute de leurs parents sur Venin, lui crachant que l’aîné de la fratrie avait quitté le clan sans penser à son frère et sa sœur.

Venin fit un pas en avant, prenant le gris de haut avec un air méprisant clairement affiché sur la face.

– Ne t’en fais pas, Loup Arctique, j’ai bien pensé à vous, Fleur de Givre et toi le jour où je suis parti, alors que vous fêtiez votre nomination et qu’Etoile du Lion avait préféré me laisser apprenti.

Venin lui lança un regard lourd de symbolique alors que les images de cette nuit de fuite lui revenaient en tête comme un souvenir qu’il aurait préféré oublier. Il revoyait le chef donner aux deux jeunes guerriers leurs nouveaux noms, reprit par tout le clan tandis que le jeune Nuage de Laurier restait dans son coin, tandis que le jeune sang-mêlé avait les pensées qui tourbillonnaient et qu’il faisait définitivement une croix sur le Clan des Lumières et leur hypocrisie viscérale.

– Je suis pas un neigeux, Loup Arctique, grinça-t-il entre ses dents, je ne l’ai jamais été. J’ai ma patrie à présent, j’ai de vrais frères et toi… Toi tu n’es plus rien, tu as cessé d’exister le jour où tu es devenu guerrier... Ils étaient maintenant presque truffe contre truffe, une tension palpable régnant entre eux. Et maintenant tu m’appelleras Venin.